Présidentielle 2023 : l’opposition reste dispersée, une aubaine pour le candidat n°20

Lancée depuis le 19 novembre 2023, la campagne électorale affiche désormais des allures d’une routine qui a tendance à blaser une opinion pas forcément emballée par un discours qui tourne plus autour des individus que des programmes et projets de société bien pensés; le candidat du pouvoir en place préférant se lâcher dans des invectives contre un concurrent qualifié d’étranger, ce dernier répliquant à son tour avec le rappel de la montagne de promesses faites au cours du quinquennat écoulé et jamais réalisées. Les quelques candidats de l’opposition qui sortent du lot sont en outre englués dans des circonlocutions autour d’une candidature commune, un serpent de mer qui surgit à chaque cycle électoral et qui n’est jamais parvenu à transcender les egos surdimensionnés des uns et des autres. Les deux discours antinomiques sont de nature à faire pencher la balance en faveur du président-candidat porté par des phalanges hétéroclites d’alliés venus d’horizons aussi disparates qu’improbables. Tout comme il est de nature à desservir un Tshisekedi que d’aucuns taxent déjà de champion du séparatisme.

La campagne électorale a dorénavant pris sa vitesse de croisière. Les candidats qui le peuvent sillonnent le pays au pas de course tandis que les plus modestes se contentent de conférences dans des salles fermées ou s’adonnent à des «marches dans les rues de la capitale. La constellation de radios et télévisions privées est prise d’assaut par des «communicateurs» des uns et des autres qui s’illustrent dans des diatribes cacophoniques.

Un constat saute aux yeux : des 22 candidats en lice après des ralliements de trois d’entre eux au camp de Moïse Katumbi seuls ce dernier et Félix Tshisekedi occupent sans conteste le terrain. Le premier, donné généralement pour un richissime homme d’affaires, a mobilisé une logistique inédite qui lui permet de rallier les capitales provinciales et d’autres centres urbains ou semi-urbains aux quatre coins du pays. Le second, président de la République (sortant), jouit d’un avantage certain, ayant la latitude quoique contestable «de battre campagne avec les moyens de l’État».

Les deux protagonistes sont talonnés par le docteur et prix Nobel de la Paix Denis Mukwege. Le célèbre gynécologue s’étant cantonné jusqu’à ce jour à communiquer avec sa base du Sud-Kivu, le reste de son message étant relayé sur les réseaux sociaux et un appui certain des organismes internationaux qui reconnaissent son action en faveur des couches défavorisées.

Dans la deuxième semaine de la campagne électorale, les deux candidats qui caracolent en tête ont quasiment sillonné l’essentiel de l’Ouest du pays. Le Kongo central, le Grand Equateur et une parTie de l’ex-Bandundu ont vu défiler non seulement Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi, mais aussi Martin Fayulu et Delly Sesanga. La Tshopo, le Bas-Uélé et le Haut-Uélé, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et le Maniema ont également eu leurs lots de discours de campagne éclair.

L’ÉQUATION DU CANDIDAT COMMUN DE L’OPPOSITION

L’opposition s’est certes lancée à corps perdu dans la course avec l’ambition légitime de «déboulonner» le chef de l’Etat en fonction depuis janvier 2019, mais elle peine à se trouver un consens autour d’un candidat commun. Au fur et à mesure que la campagne électorale s’égrène, l’ambition affichée par le camp hier encore fédéré autour de Moïse Katumbi est en voie de s’étioler.

Le premier à prendre ses distances est Martin Fayulu qui, au fil des jours, est accusé à tort ou à raison d’avoir opéré un rapprochement avec le candidat du pouvoir Félix Tshisekedi. Ses détracteurs n’hésitant pas à s’interroger sur la provenance des moyens logistiques déployés.

Le docteur Mukwege non plus a ouvertement pris ses distances avec l’ancien gouverneur du Katanga. Réagissant le mercredi 29 novembre à l’appel de Moïse Katumbi l’invitant à rallier sa candidature afin d’augmenter les chances de l’opposition de gagner la présidentielle face à Félix Tshisekedi, le médecin de l’hôpital de Panzi trouve «incorrecte l’initiative de M. Katumbi car les discussions entre les candidats de l’opposition afin de désigner un ticket n’ont jamais eu lieu ».

Econews