Alors que les défis politiques et sociaux captivent l’attention en RDC, une enquête « Sondage Les Points » lève le voile sur un phénomène méconnu mais massif : l’addiction des jeunes Kinois aux aphrodisiaques et stimulants traditionnels. Avec 75 % des 27-35 ans concernés, ces produits aux noms codés – « Tous réseaux », « Kita mata » ou « Boma Mama »… – envahissent le quotidien d’une génération en quête de performance. Une consommation qui chute drastiquement avec l’âge (17 % chez les 61-70 ans), révélant un fossé générationnel alarmant. Menée sur 1.000 personnes dans les 24 communes de Kinshasa, l’étude alerte sur un marché non régulé, aux risques sanitaires sous-estimés, devenu le symptôme d’une jeunesse sous pression.
Alors que la RDC traverse des défis politiques et sociaux complexes, une enquête du cabinet Les Points révèle un phénomène alarmant, longtemps resté dans l’ombre : l’addiction croissante des jeunes Kinois aux aphrodisiaques et stimulants traditionnels. Baptisés « Tous réseaux », « Kita mata » ou encore « Boma Mama », etc., ces produits aux noms codés inondent les marchés et alimentent une quête de performance sexuelle, au mépris des risques sanitaires.
Une consommation en cascade chez les 27-35 ans
Selon l’étude menée du 3 au 7 avril 2025 dans les 24 communes de Kinshasa, 75 % des Kinois âgés de 27 à 35 ans avouent consommer régulièrement ces substances. Un chiffre qui plonge avec l’âge : 53 % chez les 36-42 ans, 47 % pour les 43-50 ans, et seulement 17 % chez les 61-70 ans. La tranche des 71 ans et plus affiche le taux le plus faible, suggérant une tendance générationnelle marquée.
Réalisé sur un échantillon de 1.000 personnes (interrogées par téléphone et en face-à-face), ce sondage met en lumière une réalité taboue : ces stimulants, souvent à base de plantes traditionnelles ou de mixtures artisanales, sont devenus un « passage obligé » pour une jeunesse en proie à la pression sociale et aux injonctions de performance.
Codés, accessibles, dangereux : le marché parallèle prospère
Sur les étals des marchés ou via des réseaux informels, les appellations mystérieuses (« Mugomboro », « Kita mata ») masquent mal leur finalité. Vendus sans contrôle sanitaire, ces produits promettent endurance et virilité, mais exposent à des dangers sous-estimés : troubles cardiaques, dépendance, ou interactions médicamenteuses. « Les jeunes les consomment comme des bonbons, sans consulter ni lire des notices… qui n’existent pas », déplore un médecin kinois sous couvert d’anonymat.
Si les hommes sont majoritairement ciblés, le phénomène touche aussi indirectement les femmes, confrontées à des attentes exacerbées. « C’est une spirale : plus on en prend, plus on normalise leur usage, et plus la concurrence sociale devient rude », analyse un sociologue local.
Plusieurs facteurs expliquent cette ruée vers les stimulants. D’abord, la pression des pairs dans une société où la virilité reste un marqueur social fort. Ensuite, l’influence des réseaux sociaux, où des publicités clandestines vantent des « solutions miracles ». Enfin, l’absence de régulation étatique : ces produits échappent à tout cadre légal, profitant de lacunes dans la législation sur les compléments alimentaires.
Urgence sanitaire et appel à la vigilance
Face à ces « ravages silencieux », des voix s’élèvent pour réclamer des campagnes de sensibilisation. « Il faut briser le tabou et informer sur les risques, avant que des cas graves n’éclatent au grand jour », insiste une travailleuse sociale. Certains proposent même d’intégrer des ateliers d’éducation sexuelle et sanitaire dans les écoles et universités.
Mais le défi est immense. Entre traditions ancrées (certaines plantes sont utilisées depuis des générations) et capitalisme de rue, les acteurs de santé redoutent une « crise générationnelle ». En attendant, le cabinet Les Points alerte : « Sans action rapide, ces chiffres pourraient grimper… tout comme les conséquences. »
Econews