«Zone rouge, Communes patriotiques, Chine populaire, quartiers révolutionnaires…». Autant de surnoms pour désigner le district de la Tshangu, véritable thermomètre qui a servi de base arrière à toute l’opposition depuis l’avènement de la démocratie en 1990. Même pour stopper la rébellion de 1998, soutenue par le Rwanda, c’est le district de la Tshangu qui a payé le prix le plus fort.
Aujourd’hui, la population de ce district continue à vivre dans une extrême pauvreté avec des expressions telles que «Coup direct» (se dit de plusieurs familles qui ne mangent que péniblement le soir et une seule fois) ou encore «Litshé te lilie té» (manger au prorata de sa contribution pour de nombreux parents sans emploi. Ceux qui ne cotisent pas n’ont pas droit au repas).
Comme si cela ne suffisait pas, une bonne partie de cette population vit ces derniers mois un calvaire causé curieusement par des policiers communément appelés «Ujana», surtout ceux qui évoluent sur l’axe Terrain Lipate, Mokali et Terrain «Deux Mpuku» qui utilisent des méthodes extrêmes décriées durant la deuxième République.
A titre indicatif, ces agents de l’ordre arrêtent tout le monde sans exception. Surtout ceux qui ont le sexe masculin. Même les mineurs ne sont pas épargnés, des personnes malades, même munies de produits pharmaceutiques, les vulnérables, des domiciles sont violés sous prétexte de recherche des «kuluna », des biens emportés même en pleine journée. On vit une réalité sans précédent. Des policiers qui ne respectent personne et l’on s’interroge s’ils sont réellement formés. Ils humilient tout le monde à leur passage. Des personnes respectables, comme des pasteurs et des enseignants, sont arrêtés et ligotés parfois en plein jour.
La population en a ras le bol et veut se prendre en charge contre cette nouvelle race des policiers avec des pratiques d’un autre âge qui ne respectent même pas les règles élémentaires des droits de l’Homme.
Au moment où le Chef de l’Etat en appelle à la mobilisation générale, c’est le moment choisi par cette race des «policiers», en partenariat avec certains «Kuluna» devenus éclaireurs pour la circonstance afin de terroriser les paisibles populations déjà très pauvres.
Au finish, ce sont des amendes exorbitantes qu’ils demandent allant de 100 à 200.000 FC, l’équivalent de 100 dollars américains, pour une population extrêmement pauvre.
La question que tout le monde se pose dans ces quartiers, axe «Terrain Lipate», Bikuku, Mukumbi, Mfu-munkento, Ngapani, est celle de savoir pour qui roulent ces policiers hors normes qui ne respectent même pas les délais de détention, qui inventent des infractions pour incriminer des paisibles citoyens ?
Au moment où des vrais «Kuluna» qui sont bien identifiés se la coulent douce et continuent leur sale besogne de terroriser la population au vu et au su de tout le monde.
A voir de près, le phénomène «Kuluna» est devenu une véritable industrie lucrative qui génère des millions qui échappent au trésor public. Et pourtant, avec la volonté politique et des moyens adéquats, on peut mettre un terme à ce phénomène. Parmi les grandes décisions, il faut mettre en place des mesures draconiennes susceptibles de réduire la délinquance dans la capitale, promouvoir l’emploi des jeunes, exiger un niveau de formation acceptable pour l’enrôlement au sein de l’armée et de la police. Et surtout la bancarisation obligatoire des actes de la police au lieu de laisser aux hommes en uniformes d’exiger des amendes exorbitants à leur guise qu’ils empochent. La population à son tour pense se prendre en charge pour qu’une solution soit trouvée à leur calvaire.
G.Ng. (CP)