Candidat déclaré à la présidentielle de 2023, c’est par son fief naturel du Grand Kasaï que le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, est allé se ressourcer, avant d’aborder avec assurance les deux ans restants de son mandat. Dans le Grand Kasaï, le Président de la République veut fédérer autour de lui le plus de monde possible, ses « frères de sang ». Il s’est donné deux semaines pour y arriver. Une pêche miraculeuse qui pourrait bien rapporter. Les premiers indices sont rassurants. Le tsunami enclenché par le Chef de l’Etat est tel que des personnalités, se réclamant de l’aile dure du FCC (Front commun pour le Congo), ont décidé de rejoindre les rangs de l’Union sacrée de la nation. Dans son fief de Kabinda (province de Lomami), Adolphe Lumuna Buana Nsefu, a décidé de faire allégeance à Félix Tshisekedi. Dans le Kasaï central, Evariste Boshab avance à pas feutrés, renvoyant des signes probants de son adhésion à la vision de Félix Tshisekedi. En allant à la reconquête du Grand Kasaï, Tshisekedi vient également de lancer un OPA (Offre publique d’achat) sur le FCC. Le navire FCC se vide, emporté par la vague déferlante que suscite Tshisekedi dans le Grand Kasaï.
Les derniers remparts du Front commun pour le Congo (FCC) dans le Grand Kasaï ont cédé face à la vague déferlante de Félix Tshisekedi. Selon des sources, les idéologues et stratèges kabilistes qui faisaient mine de résister à la transhumance ont finalement rejoint le navire «Union sacrée de la nation». Il s’agit des professeurs Evariste Boshab et Adolphe Lumanu.
Les deux hommes justifient leur migration par le fait qu’il est impossible de faire l’opposition à Félix Tshisekedi dans la région du Kasaï parce que c’est sa base naturelle !
La grande transhumance
Dans une vidéo, largement partagée sur la toile, le prof Lumanu défend sa position. « L’Union sacrée est une vision. Ce n’est ni une plateforme ni un parti politique. Il (Ndlr : le Président Félix Tshisekedi) a dit soutenez-moi pour que nous faisions un autre Congo, grand, prospère et respecté sur la scène internationale. Qui va refuser de soutenir son chef quand il est dans une vision dans laquelle tout le peuple se retrouve », note le prof Lumanu.
A-t-il tourné le dos au PPRD, son parti, tout comme au FCC, sa famille politique ? A cette question, le prof Lumanu botte en touche : «Je suis un élu du peuple. J’ai un mandat dans ma circonscription. Le Président, sa circonscription, c’est l’ensemble du territoire national. Nous le soutenons. Il ne nous a pas demandé de quitter nos partis. Nous avons le mandat du PPRD mais nous soutenons le Chef de l’Etat dans son action». Avant de dévoiler sa nouvelle identité politique : «Nous sommes venus mobiliser notre base pour lui réserver un accueil ».
Quant au prof Boshab, l’élu de Mweka entretient encore le suspense. Selon ses proches cités par le trihebdomadaire Africanews, le sénateur Boshab, qui confirme son appartenance au PPRD, se trouve présentement à Kinshasa. « Le sénateur Evariste Boshab se rendra à Tshikapa quand le Président de la République, Félix Tshisekedi, y sera. Occasion pour cet élu des élus du Kasaï de présenter les doléances de la province au Chef de l’État », rapporte Africanews.
Du coup, comme Delly Sesanga et Claudel Lubaya, les deux professeurs politiciens ont jugé bon de demeurer dans le FCC de Joseph Kabila et de battre campagne en s’affichant publiquement avec le Président de la République. C’est donc avoir un pied dehors, un pied dedans. Les politiciens congolais excellent dans cet exercice. Ils savent bien le faire. La preuve est que Sesanga et Lubaya l’ont superbement assumé avec toutes les conséquences sur leur image dans l’opinion publique lors des législatives de décembre 2018.
Le FCC assommé
En réalité, le FCC ne s’est jamais réveillé du coup de massue reçu en novembre 2020, après la rupture de la coalition qu’il formait avec le CACH. Dans la famille politique de Joseph Kabila, les fissures sont telles que le FCC est presqu’en phase terminale de désintégration. S’il continue, c’est juste par la volonté d’une branche d’irréductibles qui croient encore à sa relance. Dans le fond, le FCC a perdu toute son âme.
Bien plus, le PPRD, qui était jusqu’à alors son dernier rempart, a été finalement rattrapé par un vent de contestation entre l’aile, dite progressiste portée par la jeunesse du parti, et la direction politique qui se reconnaît encore en son secrétaire permanent, Emmanuel Ramazani Shadary.
Et comme s’il n’en suffisait pas, la nomination de trois frondeurs du FCC à la Céni (Commission électorale nationale indépendante) a plus élargi le fossé au sein d’une famille politique en phase de décrochage.
Dans ce nouveau décor, Joseph Kabila, autorité morale du FCC, est plus que jamais un homme seul qui, apparemment, aurait perdu le contrôle de sa barque.
Joseph Kabila de plus en plus isolé
En réalité, Boshab et Lumanu avaient rejoint l’Union sacrée en esprit dès les premiers jours. Leurs corps étaient restés au FCC pour des raisons évidentes. Kabila avait raison de déclarer haut et fort qu’il manquait 15 collaborateurs autour de lui. Tous étaient ailleurs, des vrais mercenaires qui vendent leurs services à celui qui tient le cordon de la bourse ou la signature. Il se dit aussi de Minaku Aubin, l’ex-président de l’Assemblée nationale, que son cœur battrait pour l’Union sacrée de la nation, aidé dans cet effort de reconversion par Jean-Pierre Lihau, actuel vice-Premier ministre en charge de la Fonction publique et ancien directeur de cabinet d’Aubin Minaku à l’Assemblée nationale.
Des indices évidents prouvent que tous ses protégés de Kabila ont déjà traversé la rue sans qu’il ne s’en émeuve!
Ce dernier mouvement migratoire donne la preuve éloquente que certaines victoires enregistrées sous le règne du président Joseph Kabila étaient des cadeaux. Des résultats électoraux étaient réellement fabriqués par les différents présidents de la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Les victoires de Boshab et les Minaku ont toujours été contestés dans leurs fiefs respectifs. Ils ont toujours été proclamés vainqueurs par la Cour constitutionnelle ou après contestation. Leurs victoires n’ont jamais été indiscutables.
En migrant vers l’Union sacrée de la nation, ils espèrent survivre politiquement. Ils comptent sur Denis Kadima, supposé être un pion du Chef de l’Etat, pour influencer les résultats des urnes. Erreur ! Grosse erreur parce que la proximité alléguée du nouveau président de la Céni avec le Chef de l’Etat n’aura aucune influence sur les urnes. D’ailleurs, Félix Tshisekedi n’est pas Joseph kabila pour jouer le jeu de la manipulation de la volonté populaire.
A tout prendre, rien ne se fera dans le sens de les pousser à la victoire contre la volonté du peuple. Ces efforts pour quitter le FCC et rejoindre l’Union sacrée sont vains.
Ceux qui ont incarné le régime de la répression, de la prédation, de la violation systématique des droits de l’homme, de la dégradation du tissu économique, …, doivent savoir que leur retraite politique a déjà été actée. Ce n’est pas Félix Tshisekedi qui les remettra au-devant de la scène parce qu’en le faisant, lui-même subira le même sort !
Econews