La promesse d’un « Gouvernement d’union nationale » brandie par le Président Félix Tshisekedi comme un remède aux fractures politiques congolaises ressemble désormais à un mirage. Lancées avec fanfare, ces consultations nationales, pilotées par son conseiller spécial en matière de sécurité plutôt que par des figures politiques aguerries, ont accouché d’une coquille vide. Un échec prévisible, tant le processus a péché par naïveté, improvisation et, surtout, par un déni criant des réalités du terrain.
En convoquant ces consultations, le Chef de l’État nourrissait un double espoir : redorer son image d’unificateur après un premier mandat tumultueux, et fracturer l’opposition en attirant ses éléments les moins radicaux. Las ! Les grands absents ont eu raison de ce scénario. Les figures majeures de l’opposition, de Martin Fayulu à Moïse Katumbi en passant par Kabila et Matata, ont snobé l’exercice, y voyant – à juste titre – une manœuvre de diversion plutôt qu’une réelle ouverture.
Le pouvoir, réduit à recruter des « débauchés » issus de courants marginaux, a ainsi montré ses limites. Comment croire à l’union quand on ne dialogue qu’avec des figurants ?
« Qui commence mal ne finit jamais bien », dit l’adage. Dès le départ, ces consultations ont pâti d’un manque de crédibilité. Aucune feuille de route claire, aucune garantie sur la prise en compte des propositions, aucune transparence sur les critères de sélection des participants… Dans ces conditions, comment s’étonner que les principaux concernés aient boudé les débats ? L’opposition, certes divisée, n’est pas dupe : elle sait qu’un gouvernement « d’union » sans elle ne serait qu’un alibi, une façade pour légitimer un pouvoir en quête d’oxygène.
Cette séquence aurait dû servir de révélateur. Elle sonne pourtant comme un avertissement : l’union nationale ne se décrète pas, elle se construit. Elle exige des concessions, de la transparence, et une volonté de partager réellement le pouvoir. Or, le pouvoir actuel, en refusant d’aborder des sujets sensibles – réforme électorale, libération des prisonniers politiques, équilibre des institutions -, a montré qu’il préférait l’apparence à la substance.
L’opposition, de son côté, doit aussi assumer ses responsabilités. En s’arc-boutant sur un boycott pur et simple, elle prend le risque de se marginaliser, laissant le champ libre à un exécutif affaibli mais toujours dominateur. La démocratie congolaise a besoin de contradicteurs crédibles, pas d’absentéistes permanents.
Si le Président Tshisekedi veut éviter que son quinquennat ne sombre dans l’impopularité, il doit urgemment revoir sa copie. Cela passe par un dialogue authentique, encadré par des médiateurs indépendants, avec des engagements contraignants. Les partenaires internationaux, souvent silencieux par calcul géopolitique, devraient exiger des garanties plutôt que de cautionner un simulacre.
En définitive, le vrai » Gouvernement d’union nationale » ne naîtra pas d’une table rase, mais d’une reconnaissance mutuelle des torts et d’une volonté partagée de servir l’intérêt général. Sans cela, la RDC restera engluée dans un cycle de défiance, où les consultations ne seront jamais que des conversations de sourds.
Econews