Président en exercice de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale), Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a reçu mandat de ses pairs, réunis mardi à Kinshasa, pour la facilitation d’un retour de la paix au Tchad, en proie à une crise politique aigue.
Le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a présidé, mardi à la cité de l’Union africaine, la XXe session extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC). Quelques chefs d’Etat et de gouvernement ont répondu à l’invitation du président en exercice de la CEEAC, principalement Denis Sassou Nguesso du Congo/Brazzaville, Faustin-Archange Touadera de la Républicaine centrafricaine et Mahamat Idriss Deby du Tchad.
La Première ministre du Gabon et les représentants des chefs d’État du Burundi, du Cameroun, de l’Angola, de la Guinée Équatoriale et de São-Tomé et Principé ont également fait le déplacement de Kinshasa.
La convocation de cette réunion était liée à la situation de crise qui prévaut au Tchad, dont les derniers soubresauts ont fait une cinquantaine de morts et 300 blessés.
Après les discours protocolaires, les représentants des pays membres de la CEEAC ont pris plus de deux heures de huit-clos pour se mettre d’accord sur la stratégie à mettre en œuvre pour un retour rapide de la paix au Tchad.
De ces assises de Kinshasa, l’on retiendra que la principale recommandation a été la désignation du Président Félix Tshisekedi comme facilitateur dans la crise de la tchadienne.
De l’avis de Félix Tshisekedi, « l’enjeu est de taille et le défi à relever majeur, car il s’agit à présent de remettre la transition sur de bons rails avec le peuple tchadien, en tenant compte à la fois de ses aspirations, des valeurs et idéaux de l’UA et de la CEEAC ainsi que des principes fondamentaux qui guident leurs actions en pareilles circonstances».
A ses pairs de la région, il a fait remarquer que «ce dérapage dramatique nous place devant nos responsabilités et met à rude épreuve notre capacité en tant qu’organisation sous-régionale de résoudre les problèmes de l’Afrique Centrale et de tenir notre engagement commun d’assistance mutuelle conformément à l’article 3 du Traité révisé de la CEEAC».
Dans sa déclaration finale, le Sommet de Kinshasa a également «lancé au gouvernement et au peuple tchadiens un appel à la paix» et «condamné fermement le recours à la violence à des fins politiques».
Il a aussi «exhorté les partenaires bilatéraux et multilatéraux du Tchad, particulièrement les Nations Unies et l’Union africaine, à maintenir et renforcer leur appui diplomatique, financier, matériel et technique nécessaire au processus de transition».
Mahamat Idriss Deby soupçonne une main étrangère
Au Tchad, les manifestations violemment réprimées, la semaine dernière, avec une cinquantaine de morts au moins, étaient une «insurrection minutieusement préparée » avec le «soutien de puissances étrangères», a affirmé lundi le président Mahamat Idriss Déby Itno, sans les nommer.
L’opposition avait appelé à manifester contre le régime du jeune général qui venait de prolonger de deux ans une période de transition vers des élections, sur proposition d’un forum national boycotté par une grande partie de l’opposition, de la société civile et de la rébellion armée. Et ce, 18 mois après avoir été proclamé président – alors à la tête d’une junte militaire – pour remplacer son père Idriss Déby Itno, tué au front par des rebelles.
Le gouvernement de transition avait reconnu dès jeudi qu’une «cinquantaine de personnes» avaient été tuées, dont une dizaine de membres des forces de l’ordre, selon lui, et accusé l’opposition d’avoir fomenté «une insurrection» et «un coup d’Etat». Mais ONG et sources médicales avaient parlé de dizaines de «manifestants pacifiques» tués par balles et des centaines blessés à N’Djamena et quatre villes du sud.
Il s’agissait d’«une vraie insurrection minutieusement planifiée pour créer le chaos dans le pays », a martelé lundi M. Déby dans un discours télévisé, accusant les manifestants d’avoir «froidement tué» des «civils» et «assassiné» des membres des forces de l’ordre «dans leurs casernes», avec «la volonté manifeste de déclencher une guerre civile». Sans plus de détails.
Il a accusé l’opposition et des groupes rebelles d’en être les organisateurs et d’avoir «recruté et utilisé des groupes terroristes, paramilitaires pour opérer des assassinats gratuits de masse», après avoir «sollicité le soutien des puissances étrangères» pour «accéder au pouvoir». Sans davantage de précisions.
Le président tchadien a également décrété un deuil national de sept jours et promis que la justice allait déterminer les «responsabilités» dans ces «tueries».
L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) a de son côté accusé le pouvoir de «graves violations des droits humains » dans la répression des manifestations et d’avoir tué au moins «80 personnes». L’ONG affirme avoir saisi les rapporteurs spéciaux de l’ONU de cas d’«exécutions sommaires» et de «tortures» sur «des manifestants pacifiques».
L’Union africaine (UA) et Union européenne (UE) avaient déjà «condamné fermement» la répression des manifestations et de «graves atteintes aux libertés d’expression et de manifestation ». La France, allié-clé de N’Djamena, avait «condamné» «l’utilisation d’armes létales contre les manifestants».
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