Place à un « narratif » de combat

Les combats entre les FARDC et le M23 appuyé par l’armée rwandaise ont repris de plus belle dans le territoire de Rutshuru. Depuis une semaine, l’épicentre des affrontements serait la localité de Ntamugenga; ils auraient déjà occasionné 4 morts et une quarantaine de blessés, auxquels s’ajouteraient environ 500 déplacés entassés à l’hôpital, au couvent, dans des écoles, selon le communiqué officiel des forces armées confirmé par le gouvernement. Voilà pour la version officielle. Et logiquement, il n’y a pas lieu de la remettre en question.
Seulement, c’est sans compter avec la foultitude de «commu-nicateurs» déchaînés sur les réseaux sociaux et sur les innombrables chaînes de télévision où, dans une cacophonie inextricable, ils entretiennent la confusion dans les esprits. Quand les uns critiquent le fameux ’’narratif’’ du porte-parole du gouvernement, d’autres se constituent en une ’’armée numérique’’ disparate.
Le discours, dépourvu d’un manque de contenu cohérent, sans l’identification d’une cible précise finit par se démarquer de la rhétorique même du gouvernement. Tweeter, Youtube ou WhatsApp fourmillent d’’’officiers’’ numériques dont les hurlements confinent au règlement de comptes, à la diffamation et aux imputations dommageables. Rien d’étonnant donc que le gouvernement se tienne à l’écart et se garde de dilapider des ressources dans un combat sans issue.
Un authentique ’’narratif’’ de combat – ou de guerre, c’est selon, suppose des volontaires qui servent les intérêts du pays et ses combattants doivent se dissocier de mercenaires agissant selon leur paiement sans une motivation bien assise. Affaiblir Paul Kagame et son régime implique un réajustement d’un discours débarrassé de répétitions oiseuses.
Forcé à jouer à l’équilibriste entre les arcanes diplomatiques et les réalités militaires, le ministre de la Communication sait se départir du politiquement correct ; et conscient de la faiblesse des médias congolais, Patrick Muyaya semble avoir compris la nécessité pour le gouvernement de consolider les avancées engrangées au pays et à l’étranger, quitte à opérer un distinguo entre un simple lobbying et le plaidoyer permanent auprès des soutiens occidentaux du Rwanda.
Comme disait l’autre, la guerre – militaire ou médiatique sera longue. Et gagner la paix se fera uniquement avec des patriotes résolument ancrés dans un narratif responsable.

Econews