Présent, la semaine dernière, à la Conférence de Munich sur la sécurité, le Président de la République, Félix Tshisekedi, a lancé de graves accusations contre son prédécesseur, Joseph Kabila, qu’il désigne comme le véritable instigateur de la rébellion du M23 dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Alors que Kinshasa pointait déjà du doigt le Rwanda et son président Paul Kagame, Félix Tshisekedi ajoute désormais Kabila dans la liste des responsables du conflit. Une déclaration qui a immédiatement suscité une réaction ironique de la diplomatie rwandaise, ravivant les tensions dans la région déjà instable des Grands Lacs.
Présent à la Conférence de Munich sur la sécurité, le président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a porté de graves accusations contre son prédécesseur, Joseph Kabila. Selon lui, ce dernier serait le «véritable commanditaire» du groupe rebelle M23, qui sème le chaos dans l’Est du pays.
Depuis plusieurs années, Kinshasa pointe du doigt le Rwanda et son président, Paul Kagame, comme le principal soutien du M23. Mais cette fois, Félix Tshisekedi a ajouté un nouvel acteur à cette équation : Joseph Kabila, aujourd’hui en exil. «Je n’ai absolument pas l’impression que l’opposition qui a pris les armes, qui a fomenté avec le Rwanda ce coup contre la République est dans son bon droit», a-t-il déclaré lors de son intervention à Munich. «D’ailleurs, la preuve, c’est que les vrais commanditaires se cachent. Et le vrai commanditaire de cette opposition est mon prédécesseur Joseph Kabila. Mais il ne l’avoue pas, il n’assume pas ses actions ».
Ces propos viennent raviver les tensions politiques en RDC et ne sont pas passés inaperçus à Kigali. Sur le réseau social X, le ministre des Affaires étrangères rwandais a répondu avec ironie : « Et moi qui croyais que le M23 n’était qu’une ‘coquille vide’, inventée de toutes pièces par le Rwanda. J’y perds mon latin ! »
Une réplique qui souligne le cynisme de Kigali face à ces nouvelles accusations de Kinshasa.
Ce n’est pas la première fois que Félix Tshisekedi met en cause Joseph Kabila dans les troubles qui secouent la RDC. En août 2024, il avait déjà affirmé sur les ondes de la radio Top Congo Fm que l’ancien président de la République «prépare une insurrection» à travers l’Alliance Fleuve Congo (AFC), une plateforme politico-militaire dont le M23 fait partie. Ces accusations viennent donc confirmer les soupçons qu’il avait déjà exprimés l’année dernière.
TSHISEKEDI – KABILA : DE L’ALLIE A L’ENNEMI JURE
Avec cette sortie, Félix Tshisekedi franchit un nouveau cap dans son bras de fer avec son prédécesseur. Les réactions ne devraient pas tarder à se multiplier, tant sur la scène politique congolaise qu’au niveau diplomatique régional. Reste à savoir si ces déclarations auront des conséquences directes sur les relations entre Kinshasa, Kigali et les autres acteurs impliqués dans ce conflit qui dure depuis trop longtemps.
Alors que les rebelles du M23 et les troupes rwandaises enchaînaient vendredi des percées déterminantes dans la zone de Bukavu dans le Sud-Kivu, Felix Tshisekedi a encore dénoncé les «velléités expansionnistes» du Rwanda et appelé à le « mettre à l’index», car Kigali est «le véritable responsable de cette situation».
«Nous ne tolérons plus que nos ressources stratégiques soient pillées au profit d’intérêts étrangers sous le regard complice de ceux qui se nourrissent du chaos », a-t-il accusé, mettant en cause l’immobilisme de la communauté internationale. «Nous n’attendons plus de simples mots, nous exigeons des actions décisives. Le statu quo est une illusion», a plaidé Félix Tshisekedi.
L’on se rappelle que le Parlement européen a appelé, jeudi dernier, l’Union européenne à suspendre l’accord sur le secteur minier conclu avec Kigali. Les députés européens demandent également de ne plus soutenir financièrement l’armée rwandaise.
A l’issue d’une rencontre avec son homologue congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a estimé cependant qu’ «il n’y a pas de solution militaire dans l’Est de la RDC ».
Pour Annalena Baerbock, le sommet des dirigeants d’Afrique australe et de l’Est a montré «la voie à suivre pour sortir du conflit », c’est-à-dire le dialogue direct entre Kinshasa et le M23. Une option totalement écartée pour l’instant par le gouvernement congolais.
Econews