Reporters sans frontières (RSF) a rendu visite au journaliste congolais emprisonné de manière arbitraire depuis six semaines en République Démocratique du Congo (RDC). Combatif, Stanis Bujakera Tshiamala espère que le droit et la vérité finiront par triompher pour qu’il puisse recouvrer rapidement la liberté.
Quelques heures après avoir appris que la 4e demande de mise en liberté provisoire déposée par ses avocats avait été rejetée, le mardi 17 octobre 2023, Stanis Bujakera Tshiamala a reçu, en prison, une délégation de RSF composée de son directeur Afrique subsaharienne, Sadibou Marong, de son responsable du bureau investigation, Arnaud Froger, et de l’un des avocats du journaliste, Me Charles Mushizi.
«Le moral est là. Il est hors de question que je cède face à des accusations imaginaires », a déclaré le correspondant de Jeune Afrique. Il est accusé d’avoir diffusé et « fabriqué » un document des services de renseignement sur lequel s’appuie une enquête du magazine panafricain basé en France publiée le 31 août. Ce document met en cause un autre service de renseignement congolais dans la mort d’un opposant politique. Le journaliste congolais qui n’était pourtant pas signataire de l’article a été arrêté le 8 septembre.
Emprisonné à la prison centrale de Makala à Kinshasa, Stanis Bujakera Tshiamala est apparu serein et combatif alors que la justice s’entête à le maintenir en détention malgré des accusations qui n’ont jusqu’à présent été étayées par aucune preuve ou témoignage sérieux. Vêtu de la chemise jaune caractéristique des détenus de la maison d’arrêt, il s’est montré déterminé, déclarant que cette affaire est aussi «un test pour l’avenir du journalisme indépendant en RDC ».
Stanis Bujakera est un journaliste professionnel qui n’a absolument rien à faire dans cette prison, où RSF l’a rencontré, trois jours avant l’ouverture d’une nouvelle audience ce vendredi 20 octobre. Les charges retenues contre lui sont absurdes. Son maintien en détention est une aberration. Alors que s’approche l’élection présidentielle, cette stratégie du musellement d’un des plus éminents journalistes du pays jette un discrédit inquiétant sur les conditions dans lesquelles va se dérouler ce processus électoral.
La prison centrale de Makala a une sinistre réputation. Plus de 10.000 prisonniers séjournent actuellement dans cet établissement prévu pour sept fois moins de détenus. L’accès à l’eau potable est inexistant. Plusieurs dizaines de prisonniers meurent chaque année de malnutrition ou de maladies selon le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), un centre de recherche indépendant basé en Belgique.
Arnaud Froger
Responsable du bureau investigation de RSF