Alors que les combats continuent de faire rage entre les forces armées congolaises et le M23 au Nord de la ville de Goma en République démocratique du Congo (RDC), Washington maintient la pression sur Kigali accusée de soutenir les rebelles en armes et en hommes, comme le révèlent plusieurs rapports onusiens. En effet, le 6 novembre dernier, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, s’est entretenu séparément avec les présidents Paul Kagame et Félix Tshisekédi. Il a plaidé en faveur d’une solution diplomatique entre le Rwanda et la RDC, deux pays dont les relations se sont fortement dégradées depuis quelque temps.
Sera-t-il entendu par les deux dirigeants ? On attend de voir.
Pour le moins que l’on puisse dire, on sait que les Etats-Unis n’ont eu de cesse de hausser le ton sur Kigali, lui demandant d’arrêter de soutenir le M23. Et ce n’est pas tout. Washington, tout en plaçant le Rwanda sur la liste noire des pays accusés d’enrôler des enfants soldats, a décidé de revoir sa coopération militaire avec Kigali. Pis encore, elle a restreint son aide militaire ainsi que les ventes d’armes et de matériel au Rwanda.
Ces mesures de coercition produiront-elles les effets escomptés ? Rien n’est moins sûr; tant le président Kagame semble décidé à en découdre avec son voisin Tshisékédi à qui il reproche de laisser faire les rebelles des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) qui menacent la stabilité de son pays. Tout se passe, en effet, comme si Kagame et Tschisékedi se tiennent par la barbichette; chacun accusant l’autre de chercher à le déstabiliser par rebelles interposés. D’où l’impérieuse nécessité d’œuvrer à une solution politique ou diplomatique.
Car, à l’allure où vont les choses, le Rwanda et la RDC, si rien n’est fait pour aplanir les divergences, ne sont pas à l’abri d’une guerre ouverte aux conséquences dramatiques incalculables. Tout chose qui pourrait contribuer à déstabiliser davantage la région des Grand Lacs qui n’est d’ailleurs pas au mieux de sa forme, au regard des multiples groupes rebelles armés qui l’écument. En fait, en pareille situation, l’idéal voudrait que les pays voisins prennent les devants en initiant une médiation entre Kigali et Kinshasa. Mais étant donné que c’est une zone où la confiance est la chose la moins partagée, cette option, pour le moins inenvisageable, a peu de chances de se réaliser.
Alors, que faire ? Le mieux serait que Washington, en plus de la pression qu’elle exerce sur les uns et les autres, travaille à rapprocher les deux voisins ennemis en vue d’une solution devant permettre la cessation des hostilités. Pour cela, il faudra que Paul Kagame et Félix Tshisekedi acceptent de dépasser leurs ego surdimensionnés et cela, dans l’intérêt supérieur de leurs peuples respectifs. Car, la belligérance ne mènera nulle part et ne fera qu’exacerber les tensions. Ne dit-on pas que la guerre, même après ses victoires les plus éclatantes, finit toujours autour d’une table de négociations ?
Avec Le Pays (Burkina Faso)