Tombeur au Gabon d’Ali Bongo : le général Brice Oligui Nguéma ce mercredi à Kinshasa

Tombeur, fin août au Gabon, d’Ali Bongo Ondimba, le général Brice Oligui Nguéma tisse sa toile dans la région de l’Afrique Centrale. Très proche du Centrafricain Touadéra, délégué de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale) dans la crise gabonaise, l’homme fort du Gabon se rapproche de plus en plus de ses pairs de la région, ceux qui l’ont précédé dans la fonction présidentielle. Ainsi, après avoir été chez Denis Sassou Nguesso au Congo/Brazzaville qu’il appelle « le patriarche», le général Brice Oligui Nguéma est annoncé à Kinshasa ce mercredi, à la rencontre du Président Félix-Antoine Tshisekedi. Qu’est-ce qui motive ce déplacement ? Que ramène-t-il à Kinshasa ? Difficile à dire. Toujours est-il que le tombeur d’Ali Bongo arrive à Kinshasa au moment où le général fugitif John Numbi, très actif sur les réseaux sociaux, menace sérieusement le régime en place à Kinshasa. Lundi devant la presse, le Gouvernement via son porte-parole est paru plutôt serein. «Le chien aboie, la caravane passe », a ironisé Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias, mettant dans les rangs des bruits inutiles l’activisme de John Numbi.
Au Gabon, le général Brice Oligui Nguema a mis fin au règne sans fin de la dynastie Bongo par le renversement d’Ali Bongo Ondimba, fraichement réelu président de la République gabonaise. Depuis lors, l’homme fort du Gabon a entamé une campagne de charme en Afrique Centrale pour se faire accepter dans la région.
Avec le Centrafricain, coopté par ses pairs de la CEEAC comme médiateur dans la crise gabonaise, le général Nguéma a jeté le pont d’une relation qui est venu cimenter les bons rapports entre Libreville et Bangui. Qu’en est-il d’autres chefs d’Etat de la région ? C’est l’exercice auquel s’attèle depuis lors le général.
Après Denis Sassou Nguesso qu’il est allé visiter, début octobre, des sources généralement bien informées annoncent l’arrivé ce mercredi à Kinshasa du général Brice Oligui Nguéma. Un aller-retour qui devait sceller un nouveau pacte de coopération entre Kinshasa et Libreville, après avoir définitivement tourné la page Ali Bongo Ondimba.
Si à Brazzaville, la visite du nouvel homme fort du Gabon avait un goût particulier, au regard des rapports parfois tendus entre Ali Bongo et Denis Sassou Nguesso, avec le changement de décor à Libreville, Brazzaville a trouvé l’occasion d’ouvrir une nouvelle page.
Mais, Kinshasa n’est pas Brazzaville, si bien que les intérêts sont tout aussi différents vis-à-vis du Gabon. C’est dire qu’à Kinshasa, le général Brice Oligui Nguéma sera porteur d’un message qui n’est pas forcément le même que celui qu’il a amené, début octobre, à Sassou Nguesso.
Au Congo/Brazzaville, le général gabonais a vidé tout mystère autour de sa visite auprès du «patriarche ».
«Je suis venu ici consulter, discuter, échanger avec le patriarche, qui est pour nous un atout important dans la sous-région, qui peut transmettre aux autorités de ce monde ce que nous avons fait », a déclaré devant la presse le général Oligui, après ses entretiens avec le président congolais.
Un contexte particulier…
Le général Brice Oligui Nguéma arrive à Kinshasa au moment où la République Démocratique du Congo se retrouve à trois mois des élections générales.
Candidat à sa propre succession, le Président Félix Tshisekedi aspire à un second mandat présidentiel dans une course électorale qui devait le mettre aux prises à une bonne dizaine de challengers.
Autant s’interroger sur le message dont est porteur le général gabonais. Qu’attend-il de Félix Tshisekedi ? Nul ne le sait.
Placé à la tête de la République gabonaise, le général Brice Oligui Nguema a néanmoins un statut particulier, ayant accédé au pouvoir par un coup d’Etat.
Coïncidence de calendrier, le général Brice Oligui Nguema arrive à Kinshasa au moment où John Numbi, général fugitif, l’un des hommes forts des 18 ans de règne de Joseph Kabila, a proféré de graves menaces sur le régime en place à Kinshasa.
Toujours est-il qu’à Kinshasa, les menaces à peine violées du général fugitif ont été classées dans les rangs des faits divers Lundi devant la presse, le Gouvernement, s’exprimant, via son porte-parole Patrick Muyaya, s’est montré plutôt serein.
«Personne ne peut prendre au sérieux » ce que raconte ce général en cavale, a d’emblée lancé Patrick Muyaya. Le porte-parole pense quee «c’est juste une tentative maladroite et malheureuse de vouloir semer la peur », avant de taquiner le général fugitif : «Il y a quelques temps, on disait que je ne suis pas un agneau (…) Lorsqu’on pense qu’on est un héros, on ne se soustrait pas de la Justice de son pays ».
Et de conclure : «Donc le chien aboie, la caravane passe ».
Dans tous les cas, le nouvel homme du Gabon consolide son emprise en Afrique. Quoi de plus normal de parvenir à une harmonisation entre les deux rives du fleuve Congo.

Econews