Tournoi TIFOCO : des preuves qui accablent la Fécofa et dédouanent le ministre des Sports

Un adage populaire veut que «qui se sent morveux se mouche ». Craignant la fougue des inspecteurs des finances qui ne vont plus tarder à se pencher sur le dossier, le Comité de gestion de la Fécofa (Fédération congolaise du football association) cherche à se dédouaner dans une affaire où sa responsabilité est engagée à tout point de vue. Que s’est-il réellement passé dans le tournoi TIFOCO (Tournoi international de football de la RD Congo) que s’est proposé d’organiser la Fécofa ? Y a-t-il eu un soubassement dans les fonds déjà décaissés pour financer ce tournoi ? Pourquoi la Fécofa, qui dit ne se reprocher de rien, s’agite-t-elle ? Econews a tenté de reconstituer le puzzle autour de cette affaire. Décryptage.

Que se passe-t-il à la Fécofa (Fédération congolaise de football association) autour du tournoi TIFOCO ? La rédaction d’Econews s’est attardée sur ce dossier, après la sortie médiatique en grande pompe de la Fécofa qui tente de trouver en la personne du ministre des Sports et Loisirs, Serge Nkonde Chembo, le bouc-émissaire idéal pour cacher ses forfaitures.

Il est établi, que dans l’organisation du tournoi TIFOCO, un projet initié par la Fécofa, des fonds publics ont été décaissés. Comment est né ce projet ? Répondre à cette question, c’est aussi comprendre les méandres d’une initiative qui lie à tout point de vue la Fécofa. Et quand la Fécofa dit n’avoir pas été impliquée dans la sortie des fonds du Trésor public déjà affectés à ce projet, c’est mal connaître comment fonctionne la chaîne de la dépense publique.

La peur de l’IGF

Animés de mauvaise foi et de la haine viscérale gratuite, juste par le besoin de saper les œuvres de l’actuel ministre des Sports, Serge Nkonde, la toile s’est enflammée, le jeudi 23 septembre 2021, relayant des contrevérités sur une prétendue tentative de détournement de deniers publics.

Dans la recherche d’un bouc-émissaire, on a évoqué la sortie sur le compte général du Trésor des sommes de 350.000 USD et de 480.000 euros, soit un total de 913.738 USD, logées dans le compte de la Fécofa, sans que celle-ci n’en est exprimée le besoin.

C’est à croire que le Trésor public peut affecter des fonds publics à un bénéficiaire sans que celui-ci n’en soit demandeur. Voilà une histoire à faire dormir débout.

Après recoupement des faits, l’on se rend bien compte que les instances dirigeantes cherchent juste à se défendre en se cachant derrière le ministre des Sports, faisant croire que celui-ci a actionné la chaîne de la dépense sans impliquer au préalable la Fécofa.

Qu’en est-il au juste ?

En réalité, tout est parti du tournoi TIFOCO que s’est proposée d’organiser la Fécofa, sur des fonds publics. Gestionnaire du secteur, le ministre Serge Nkonde, qui a cru en la bonne foi de la Fécofa, a porté l’affaire devant le Gouvernement pour obtenir son implication.

Pour le ministre des Sports, ce rendez-vous sportif offrait une double opportunité, dans la mesure où il devrait d’un côté, permettre à la RDC de préparer les éliminatoires de la Coupe du monde compte tenu du nombre de sélections invitées, et de l’autre, faciliter le premier contact entre le nouveau coach et les joueurs locaux.

Le ministre Serge Nkonde a également adhéré à ce projet, convaincu que ce tournoi donnerait l’occasion de tester le nouveau gazon synthétique du stade des Martyrs relooké avec l’objectif d’en assurer la publicité et espérer obtenir l’homologation de la CAF. C’est à ce titre qu’il a présenté et défendu le dossier à la haute hiérarchie qui l’a avalisé.

Le ministre des Sports a établi les états de somme y relatif, également chiffrés à 350.000 USD, pas plus, représentant la contribution du Gouvernement. C’est comme ça que les fonds ont été virés dans le compte de la Fécofa.

Organe technique et organisateur du tournoi, la Fécofa a produit tous les documents nécessaires, incluant des invitations aux fédérations sœurs, notamment celles du Niger, du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Congo/Brazzaville.

Question : Comment détournerait-on de l’argent logé dans un compte qui n’est pas le sien sans signatures autorisées ?

Aussi drôle que celui puisse paraître, l’on se demande, comment sans document, le ministère des Sports et Loisirs peut faire parvenir à la Fécofa de telles sommes, sans que cette dernière ne fasse au préalable les prévisions?

Surpris de voir l’IGF (Inspection générale des finances) débarquer à ses portes pour exiger des justifications des fonds du Trésor, le président a.i de la Fécofa, Donatien Tshimanga, l’intérimaire de Constant Omari, a vite fait de rejeter tout en bloc, s’arc-boutant derrière le ministre des Sports pour se blanchir.

Par conséquent, il prétend ignorer superbement le courrier avec état de besoins du tournoi TIFOCO, comme pour justifier la mise à l’écart dont il a été l’objet à la Fécofa depuis les années Constant Omari où il assumait les fonctions de premier vice-président de l’instance nationale de football.

En ignorant le contenu par lequel il demande les fonds pour ce tournoi international, Donatien Tshimanga met à nu le dysfonctionnement cruel de l’organe censé gérer le football congolais.

Fort de la crainte de l’explosion du château de cartes du système Omari, la peur des représailles l’a finalement obligé à tout nier, alors que c’est une pratique systémique de l’instance faîtière du football congolais.

Il y a une question qui se pose : le ministre des Sports, ordonnateur du secteur, pouvait-il ordonner la sortie des fonds sans que la Fécofa ne soit au courant, pourtant la pratique et l’usage requièrent à ce qu’aucune sollicitation des fonds ne peut être actionnée au niveau du Gouvernement sans qu’un soubassement ne vienne de la fédération demanderesse.

La réussite, étant un motif de combat en RDC, le leadership porteur qu’exerce le ministre Serge Nkonde dans le secteur des Sports a mis à la disposition de ceux qui ont pris l’habitude de se servir, par diverses combines, des fonds publics pour gonfler leurs comptes en banque.

En réalité, Serge Nkonde est en train de réussir un pari qu’aucun autre n’a fait avant lui. Sur l’ensemble du territoire national, sept stades sont en réhabilitation, sans oublier l’organisation des Jeux congolais pour lesquels il a réussi à arracher l’approbation du Gouvernement.

A Kinshasa, le stade des Martyrs de la Pentecôte a été complètement relooké. Voilà un bilan qui gêne ceux qui ont toujours juré du nivellement par le bas du sport congolais.

Depuis toujours, la Fécofa a été une boutique de la maffia, saignant le Trésor à souhait. Aujourd’hui, c’est une pratique avilissante qui a toujours desservi le sport congolais que le ministre des Sports s’emploie à démanteler. Et c’est le moment choisi pour le jeter en pâture en le chargeant sur un dossier, retracé de bout en bout au niveau de la Fécofa. Donatien Tshi-manga n’y échappera pas ! Il est pris la main dans le sac. Des lettres de demande des fonds portant sa signature, avec une indication claire des comptes de la Fécofa, le clouent sur toute la ligne.

La facture du 10 août 2021 introduite par la Fécofa et son partenaire, avec mention du numéro de compte, en témoigne éloquemment.

Chercher de bouc-émissaire, comme c’est le cas avec son agitation sur les réseaux sociaux, ne fait qu’empirer son cas. C’est «le voleur qui crie au voleur». Et rien d’autre.

À la Fécofa, qui prétend ne pas connaître l’origine de ces fonds dans une lettre adressée à l’IGF, d’expliquer comment et pourquoi elle a adressé et confirmé les invitations lancées aux responsables de six sélections qui ont accepté de prendre part au TIFOCO. Il faut plutôt saluer le dynamisme et la clairvoyance du ministre des Sports qui, par ces temps des arbitrages âpres dictés par l’asséchement des fonds publics, a réussi à faire décaisser ces sommes, en plus de l’engagement du Président de la République à assister personnellement à cette fête du football.

Econews