Riche en minéraux critiques, ces matières premières indispensables à la réussite de la transition énergétique, l’Afrique en général, et la RDC, en particulier, pourront voir leur rôle dans le paysage minier mondial considérablement renforcé. La RDC a l’avantage d’abriter sur son sous-sol, trois de ces cinq minerais pour lesquelles la production continentale sera décisive.
Alors que la conférence annuelle des miniers Mining Indaba ouvre ses portes ce lundi à Cape Town, en Afrique du Sud (5-8 février 2024), le constat de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) est sans appel : une planète qui se fixerait pour objectif «zéro émission nette » d’ici à 2050 consommerait six fois plus de minéraux en 2040 qu’aujourd’hui. Or, en la matière, l’Afrique, plus particulièrement la RDC, a un potentiel minéral immense.
Le Center for Strategic & International Studies (CSIS) rappelle ainsi que le continent détient 85 % des réserves de manganèse, 80 % de celles de platine et de chrome et 47 % de celles de cobalt. Forbes Afrique passe ici en revue les cinq minerais critiques pour lesquels la production africaine sera cruciale.
1. Cobalt
Largement utilisé dans la fabrication des batteries rechargeables, telles que celles utilisées dans les véhicules électriques et les appareils électroniques portables, le cobalt devrait profiter à plein de la transition énergétique en cours. Résultat : ce minerai devrait voir sa demande être multipliée par 20 d’ici à 2040, selon l’Agence internationale de l’énergie. De quoi faire les affaires des grands pays africains producteurs. À commencer par la RDC – notamment la région de Kolwezi – qui fournit aujourd’hui 70 % du cobalt utilisé dans le monde. Seul bémol, et non des moindres : cette manne minière n’a jusqu’à présent que peu profité à l’État et aux populations locales, la filière cobalt congolaise non artisanale étant contrôlée à 70 % par des opérateurs chinois.
2. Manganèse
Connu depuis l’Antiquité, le manganèse est utilisé dans la production d’acier carbone ainsi que dans la fabrication des batteries et piles à usage domestique. Un usage industriel qui en fait le quatrième métal le plus utilisé au monde après le fer, l’aluminium et le cuivre. Une demande qui, là encore, devrait être portée par les besoins liés à la transition énergétique et dont l’offre dépendra fortement du continent africain. Premier exportateur mondial de manganèse, l’Afrique du Sud devance notamment le Gabon, troisième exportateur de la planète. De fait, le pays d’Afrique centrale dispose, par le biais de la Comilog – la filiale du français Eramet – de mines parmi les plus compétitives du monde en matière de qualité du minerai, de productivité et de coûts. En attendant la venue de la Côte d’Ivoire : en août dernier, la société australienne Mako Gold a fait part de la découverte d’un gisement d’une potentielle «importance mondiale» à Ouangolo-dougou, dans le nord du pays.
3. Cuivre
Largement employé dans les technologies d’énergies renouvelables pour sa conductivité, le cuivre représente à lui seul 70 % de la consommation totale de minéraux considérés comme critiques pour la transition énergétique. Une configuration haussière qui devrait se traduire par une hausse de la demande pour ce métal de 45 % d’ici 2030, et qui booste d’ores et déjà la filière cuprifère africaine, notamment en RDC. Avec une production en hausse de 31% en 2022 (2,36 millions de tonnes, selon les estimations du cabinet de conseil Wood Mackenzie) — le pays d’Afrique centrale, aujourd’hui troisième producteur mondial, devrait détrôner le Pérou d’ici à 2026-2027. De quoi rapidement le placer derrière le Chili, numéro un mondial.
4. Lithium
Matériau essentiel dans la fabrication des batteries utilisées dans les voitures électriques, les smartphones et autres appareils électroniques, le lithium a de beaux jours devant lui. Selon l’Agence internationale de l’énergie, sa consommation annuelle pourrait être décuplée entre 2022 et 2050, passant de 126.000 à 1,3 million de tonnes par an. Prenant acte de ces perspectives prometteuses, les marchés ont causé une multiplication par près de 15 du prix du carbonate de lithium, entre septembre 2021 et novembre 2022, avant de revenir à des niveaux de valorisation plus raisonnables. Une solide demande qui devrait mécaniquement soutenir les projets miniers, notamment sur le continent, où les phases exploratoires se multiplient en RDC, au Mali et au Zimbabwe.
5. Platine
Découvert en Amérique par les conquistadors espagnols au 16e siècle, le platine est utilisé dans la bijouterie, l’horlogerie et les équipements de laboratoire. Il est toutefois surtout connu comme métal industriel, dont les propriétés catalytiques lui permettent de réduire les émissions polluantes des véhicules thermiques. De ce point de vue, ce métal précieux, bien plus rare que l’or, a tiré à plein profit du durcissement actuel des normes environnementales dans le secteur du transport. Mieux, sa demande pourrait encore augmenter au cours des prochaines années, dans le sillage du développement de certaines technologies associées à la transition énergétique, telle que la production d’hydrogène vert. Une bonne nouvelle assurément pour le continent, qui domine de la tête et des pieds la production mondiale grâce au poids disproportionné de l’Afrique du Sud dans la filière. Sur la seule année 2022, la nation arc-en-ciel a produit 71 % du platine extrait dans le monde, tandis que le Zimbabwe et le Botswana sont également d’importants producteurs.
Avec Forbes Afrique