Tuerie de Goma : un verdict en demi-teinte

L’épilogue du procès des officiers militaires mis en cause dans l’affaire de la tuerie de civils le 30 août à Goma est intervenu ce lundi 2 octobre laissant un goût d’inachevé au sein des familles éplorées en particulier et de l’opinion en général. Le commandant provincial de la Garde républicaine dont les hommes avaient ouvert le feu sur les adeptes de l’église des Wazalendo dans l’aube froid de ce 30 août est condamné à la peine capitale (automatiquement commuée en réclusion à perpétuité, la RDC n’exécutant plus ses condamnés à mort). Trois exécutants, des subalternes, écopent de 10 ans de réclusion; les deux derniers sont acquittés. Les avocats de la défense ont immédiatement fait savoir qu’ils allaient interjeter appel. Et à considérer le déroulement du procès, il n’y aurait pas sujet à les blâmer, tant il persiste des zones d’ombre.
D’abord, les témoins présents aux audiences ont toujours rapporté que le colonel-commandant de la GR Nord-Kivu a mis toute son énergie à chercher à obtenir la comparution du gouverneur militaire. Mais le général Ndima, rappelé depuis dans la capitale et remplacé depuis, n’a jamais été entendu ne serait-ce qu’au titre de simple renseignant. A raison en effet, le colonel Mike Mikombe voulait qu’on lui dise par quelle magie il aurait pris une décision d’une telle gravité sans l’aval de «sa hiérarchie». Du gouverneur militaire en l’occurrence. Un témoin-clé.
Ensuite, la divergence autour de l’heure du massacre. La version officielle voudrait que la force armée soit intervenue pour «disperser» une marche ayant pour objectif d’obtenir le départ de la MONUSCO. Alors qu’il est quasiment établi que les adeptes de la secte ont été surpris dans leur sommeil aux petites heures du matin dans un massacre qui aura fait plus de cinquante morts et des dizaines de blessés des deux sexes et de tous âges.
La condamnation des six militaires peut contribuer dans une certaine mesure à faire baisser la tension persistante au chef-lieu du Nord-Kivu. Mais elle ne saura apaiser la douleur des familles à qui les corps des disparus n’avaient pas été rendus avant leur inhumation à la va-vite par les autorités provinciales.
A l’exemple du long procès à rebondissements des experts de l’ONU Zaida Catalan et Michael Sharp assassinés dans le Kasaï le 12 mars 2017, et malgré une quarantaine de condamnations six ans plus tard, dont les audiences se poursuivent indéfiniment, celui du massacre de Goma n’a pas fini de faire toute la lumière sur cette matinée fatidique.