L’Est de la République Démocratique du Congo fait face à l’insécurité causée par les groupes armés locaux et étrangers depuis maintenant près de 20 ans. Pour y remédier, le Chef de l’État, Félix Tshisekedi, avait décidé de proclamer l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu. Douze mois après, le 17 mai dernier, journée nationale dédié aux Forces armées de la RDC, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya Katembwe, accompagné du gouverneur militaire de l’Ituri, le lieutenant-général Johnny Luboya Nkashama, étaient devant la presse, dans le cadre de l’habituel briefing. Lors de cet exercice de redevabilité dédié à l’évolution de la situation sécuritaire en Ituri, les deux personnalités ont fait part des signes encourageants sur le retour de la paix dans cette province.
Sous état de siège, la province de l’Ituri se remet de ses blessures. Les opérations militaires lancées dans le cadre de l’état de siège suscitent de nouveaux espoirs.
Intervenant sur la situation sécuritaire de sa province, le lieutenant-général Johnny Luboya Nkashama, gouverneur de province, a présenté deux tableaux.
Sur le plan administratif, «la province de l’Ituri a dépassé les prévisions du gouvernement central sur sa participation au budget national », a-t-il précisé. Pour mettre fin aux suspicions, le gouverneur de l’Ituri a levé l’équivoque : «Tout ce qui concerne les recettes de l’Etat dans la province, rien ne passe par l’administration militaire. Tout est orienté vers le trésor public ».
Sur le plan sécuritaire, le Lieutenant-général Johnny Luboya Nkashamaa indiqué que la «province reste encore instable à certains endroits certes, un grand travail a néanmoins été fait pour rétablir l’autorité de l’Etat ».
Sur un ton rassurant et un argumentaire basé sur des faits de terrain, il a balayé les propos remettant en cause l’efficacité de l’état de siège dans une province qu’il gouverne depuis plus d’une année : «En Ituri, a-t-il dit. Il y avait un non-Etat. Nous sommes en train de remettre l’autorité de l’Etat».
Le bilan sécuritaire est autant éloquent que le gouverneur militaire de l’Ituri salue la décision du Chef de l’Etat de placer cette province sous état de siège.
«Nous avons repris des localités, des agglomérations. Nous avons ouvert les grands axes, en l’occurrence la RN 27 et la RN 4. Mais la deuxième phase, c’est là que nous sommes, ça consiste maintenant à chasser, éloigner tous ces groupes armés de leur centre d’intérêt et de les poursuivre en profondeur », note-t-il, avant de préciser que les forces loyalistes sont désormais en face des ennemis «en errance » qui opèrent loin de leur centre d’intérêt, après y avoir été délogés.
«Ils ne sont plus dans leur centre d’intérêt, ils vont maintenant commencer à tuer pour lancer un message parce qu’ils savent qu’ils n’ont plus le profil auquel ils ont été habitués pendant plus de 20 ans», se félicite le lieutenant-général Luboya.
«L’heure est donc à l’union avec les FARDC», conseille le gouverneur militaire de l’Ituri : «Dans cette phase, nous demandons de la résilience, non seulement à nos militaires, mais aussi à notre population. Nous lui demandons aussi l’union parce que quand on tue, souvent il y a des divisions. Nous devons être ensemble pour nous battre contre ces terroristes et contre ces congolais qui ne veulent pas comprendre».
Ferme détermination au Gouvernement
Le Gouvernement reste déterminé à ramener la paix durable dans les provinces sous état de siège. Le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, souligne : «Nous avons été affectés particulièrement par les massacres que continuent de subir nos compatriotes innocents de la part de ces groupes barbares, mais cela n’ébranle en rien notre détermination comme Gouvernement à ramener la paix à tout prix dans cette partie du territoire national ».
Répondant au message du Dr Denis Mukwege, le gouverneur militaire de l’Ituri s’est adressé en ce termes : «Notre peuple périt par manque d’informations ou parce que les gens qui parlent souvent, il ne s’intéresse pas. Aujourd’hui, il y a eu «une journée portes ouvertes» des FARDC, il faut demander combien d’intellectuels, combien de responsables étaient dans cette journée-là. On parle que nous n’avons pas tout fait, mais est-ce que un échec? Aujourd’hui, si vous arrivez en Ituri, moi je vous dis que quand je suis arrivé à Bunia deux semaines avant, on se promenait avec les têtes des morts, je suis sûr que le Dr Denis Mukwege, un Monsieur respectable, ne le sait pas ».
En ce mois, de mai 2022, l’état de siège totalise déjà une année. Les gouverneurs militaires ont été désignés à la tête des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu pour assurer la gestion des affaires et la coordination des opérations militaires.
Tighana M.