Voici les propositions de l’ODEP pour la relance du secteur agricole en RDC

L’agriculture est l’un des secteurs essentiels de croissance économique d’un pays. De manière globale, le secteur agricole de la République Démocratique du Congo est confronté à de nombreuses contraintes d’ordre économique, institutionnel et technique qui entravent son développement et plonge les populations dans une situation d’insécurité alimentaire et nutritionnelle aigue. Pour la réhabilitation de ce secteur, l’Observatoire de la dépense publique (ODEP), a présenté, lors d’une conférence de presse tenue le samedi 20 mai 2023 dans la salle de conférence du Service de documentation et d’études (SDE) du ministère de la Justice, à Kinshasa – Gombe, son étude sur le secteur agricole intitulée : le secteur agricole, principale source de croissance inclusive et de sécurité alimentaire : les propositions de l’ODEP. Au terme de cette étude, elle propose l’instauration d’une « nouvelle politique agricole » pour résoudre le problème de l’insécurité alimentaire que ne cesse de connaître la population congolaise.
Le samedi 20 mai 2023, le président du Conseil d’administration de l’Observation de la Dépense Publique (ODEP), Florimond Muteba Tshitenge, était devant la presse pour présenter les résultats d’une étude menée par son organe (ODEP) sur la santé du secteur agricole de la République Démocratique du Congo. Dans son diagnostic, les résultats établissent que le tissu économique du pays reste très vulnérable suite à son extraversion à l’importation.
Pour le président du Conseil d’administration de l’ODEP, il faut d’abord mettre en place une nouvelle politique pour la réhabilitation du secteur agricole et rural congolais. Il a aussi proposé de changer de vision sur le développement et la philosophie par rapport au développement global, avant toute réforme, surtout économique, particulièrement dans le secteur agricole.
Le PCA de l’ODEP a essayé de répondre à la théâtralisation du problème de l’insécurité alimentaire que traverse la RDC ces derniers jours. Pour lui, l’insécurité alimentaire que traverse le pays ne concerne pas seulement la situation de maïs, mais plutôt tout le secteur agricole du pays.
Sur la base des résultats de leurs études, il a fait des propositions objectives pour la réhabilitation du secteur agricole et rural de la RDC.
« Depuis plus de 60 ans, l’économie congolaise repose sur le secteur minier et agriculture de rente et est dépendante de l’extérieur par la contribution de ce secteur au PIB, par les revenus d’exportation, de l’importance du capital étranger investi et la technologie étrangère utilisée », a-t-il rappelé.
Pour l’autosuffisance économique de la RDC, l’ODEP recommande à l’Etat congolais de plus investir dans le secteur agricole en s’appuyant sur les cultivateurs locaux en lieu et place de se tourner vers l’étranger. Car, pense le professeur Muteba Florimond, «s’appuyer sur le seul secteur minier pour alimenter l’économie congolaise expose la population à l’insécurité alimentaire». Et de préciser : « La détérioration des termes de l’échange et la chute des cours des produits primaires exportés par notre pays peut bloquer toute l’économie. … dans une telle situation, notre économique restera vulnérable ».
Le professeur Muteba pense que « la réhabilitation du secteur agricole et rural devrait être une grande priorité pour notre pays. Un secteur qui a été tout le temps négligé par manque de vision et de volonté politique des dirigeants d’hier comme d’aujourd’hui ».
Dans la foulée, il a faitun constat selon lequel « jusque fin 2022, le budget du secteur agricole n’a jamais dépassé 2 à 3% de prévision du budget global de l’Etat et souvent moins de 1% à la phase d’exécution. Le budget de la recherche agronomique n’a jamais dépassé 0,01% du budget ».
Et pourtant, l’accord de Maputo recommande aux pays de la SADEC de réserver à l’agriculture 10% du budget global de l’Etat. En chiffres, en République Démocratique du Congo, l’exécution du budget du secteur agricole a toujours été d’environ 50 millions de dollars US. Comparés aux 58 millions de dollars US perdus avec le programme dit de «100 jours», aux 138 millions du projet Tshilejelu, aux 17 milliards de dollars US perdus dans l’accord sino-congolais, aux 800 millions détournées dans la paie des fonctionnaires chaque année, aux 700 millions d’exonérations au géant minier Glencore et autres, le secteur agricole est de loin négligé.
Dans le même lot, il faut mettre tous les dépassements budgétaires de certaines institutions constitutionnelles dont les crédits votés dans la loi des finances passent en fin d’exercice de 159 millions à 350 millions de dollars US, soit sept années des budgets exécutés du secteur agricole.
« Le nouveau régime devait tourner le dos aux mauvaises pratiques de gouve-rnance du régime passé et donner véritablement priorité au «peuple d’abord», dont l’agriculture est la principale source des revenues», a conseillé le PCA Muteba Florimond.
«Ce n’est pas à quelques mois des élections qu’un discours démagogique va combler un déficit alimentaire de 750 millions de tonnes de maïs », a fait remarquer le professeur Muteba qui craint par ailleurs que les recommandations faites à travers cette étude ne restent lettre morte comme tant d’autres faites auparavant.
« La volonté politique des dirigeants actuels devrait être au cœur de l’action gouvernementale », a-t-il conseillé.

Tighana MASIALA