À l’occasion de son 38e anniversaire d’existence, l’Inspection Générale des Finances (IGF) a annoncé une évolution majeure de sa stratégie : l’adoption du «contrôle systémique». Ce nouveau paradigme vise à aller au-delà de la simple dénonciation des détournements de deniers publics pour se concentrer sur la prévention et le renforcement des contrôles internes. La cérémonie, qui a réuni les plus hautes autorités du pays à Kinshasa, a été l’occasion de saluer l’engagement des inspecteurs, avec la remise de distinctions honorifiques à plusieurs d’entre eux, marquant ainsi un nouvel élan dans la lutte contre la corruption et pour la bonne gouvernance en RDC.
L’hôtel Pullman, symbole de modernité au cœur de Kinshasa, a abrité une cérémonie d’une importance capitale pour l’avenir économique de la République Démocratique du Congo. L’Inspection Générale des Finances (IGF), bras armé de l’État dans la lutte pour la transparence financière, y a fêté ses 38 ans d’existence. Loin d’être une simple commémoration, cet anniversaire a été l’occasion d’un véritable tournant stratégique, annonçant une ère nouvelle pour le contrôle des finances publiques.
L’événement a réuni l’élite politico-administrative et économique du pays. Sous les lustres du Salon Congo, se côtoyaient inspecteurs généraux des finances en tenue d’apparat, ministres en exercice, responsables d’entreprises publiques et partenaires techniques. La présence remarquée du Vice-Premier ministre, Ministre du Budget, Adolphe Muzito, et du Premier Président de la Cour des Comptes, Jimmy Munganga, témoignait du poids institutionnel de l’événement et du soutien de la plus haute hiérarchie de l’État.
UNE INSTITUTION REAFFIRMEE DANS SON ROLE DE PILIER DE L’ÉTAT
L’Inspecteur Général des Finances-Chef de service adjoint, Emmanuel Tshibingu, a ouvert les hostilités par un mot d’accueil chaleureux, mais empreint de la solennité que requiert la mission de l’IGF. Il a souligné le «partenariat stratégique» et le «soutien indéfectible» que l’institution reçoit des plus hautes autorités, un préalable nécessaire à l’efficacité de son action sur le terrain.
Son discours a été complété par celui, plus programmatique, de Christophe Bitasimwa Bahii, Chef de service de l’IGF. Ce dernier a planté le décor en rappelant le lien indéfectible entre la renaissance de l’institution et la volonté politique du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. «Dès son accession à la magistrature suprême en 2020, le Chef de l’État a fait de la moralisation de la vie publique et de la protection des finances de la Nation une priorité absolue. Il a insufflé à l’IGF une dynamique nouvelle, lui donnant les moyens légaux, techniques et humains d’accomplir sa mission régalienne », a-t-il déclaré, sous les applaudissements nourris de l’assistance.
2026-2028 : LA REVOLUTION DU «CONTROLE SYSTEMIQUE»
Le cœur de la cérémonie a battu au rythme de la présentation de la feuille de route stratégique pour le triennat 2026-2028. Et l’annonce a été de taille : l’IGF opère un virage historique en adoptant le «contrôle systémique» comme nouveau paradigme d’action.
Jusqu’ici, l’institution était souvent perçue – à tort ou à raison – comme une «police financière» intervenant après coup, pour constater des dégâts, identifier des coupables et formuler des recommandations. Désormais, elle ambitionne de se muer en un architecte de la prévention. Concrètement, il ne s’agira plus seulement de traquer et de sanctionner les «prédateurs», mais surtout de les empêcher d’agir.
Cette nouvelle doctrine repose sur un renforcement ciblé et en profondeur des mécanismes de contrôle interne au sein de toutes les institutions gestionnaires de fonds publics. L’IGF compte déployer ses experts en amont, pour diagnostiquer les failles des systèmes, évaluer les risques de corruption, former les contrôleurs internes et aider à implémenter des barrières infranchissables. L’objectif est clair : assécher le terrain sur lequel prospère la malversation, en s’attaquant à ses causes profondes et structurelles, plutôt que de simplement en cueillir les fruits amers.
Preuve de l’importance stratégique de cette refonte, le représentant personnel du Chef de l’État, Adolphe Muzito, a pris la parole pour porter un message de soutien sans équivoque. L’ancien Inspecteur Général des Finances, connaissant les arcanes de l’institution mieux que quiconque, a salué « l’audace et la vision » de la direction actuelle. « Le contrôle systémique est la preuve que l’IGF ne se repose pas sur ses lauriers et entend rester en phase avec l’évolution des méthodes de détournement, toujours plus sophistiquées. Le Président de la République compte sur votre rigueur, votre intégrité et votre professionnalisme pour mériter et maintenir la confiance que le peuple congolais place en vous », a-t-il lancé, sous le regard approbateur de l’assistance.
PANTHEON DE LA BONNE GOUVERNANCE : HOMMAGE AUX ILLUSTRES ET A LA MEMOIRE DES DISPARUS
La cérémonie a culminé avec un moment de grande émotion : la reconnaissance solennelle des femmes et des hommes qui ont bâti la réputation de l’IGF. Le Chancelier des Ordres Nationaux a présidé une séance de décoration pour honorer «le courage, l’exemplarité et le professionnalisme » de ceux qui œuvrent, souvent dans l’ombre, à la protection du bien commun.
Parmi les illustres décorés figuraient les piliers de l’institution : Christophe Bitasimwa Bahii, Abolia Taba Mopolo, Jean-Marie Bitalo Mooko Bonkay Eddy, Liondjo Lobota Roger, Kitenge Kisimba Baudouin, Kapuku Jean-Pierre, Muzeze Nzonzimbu Gédéon-Flores, et Osomba Wediko Emile.
L’hommage s’est également tourné vers le passé avec une poignante dimension mémorielle. À titre posthume, Mayenda Makuala Joachim s’est vu décerner la Médaille d’Or du Mérite Civique, tandis que Victor Batubenga Pandamadi était élevé au grade de Commandeur dans l’Ordre National «Héros Nationaux» Kabila-Lumumba. Une standing ovation a salué la mémoire de ces deux géants, dont le travail a pavé la voie pour les générations actuelles.
Au-delà des discours et des honneurs, la cérémonie du 38e anniversaire d’existence de l’IGF envoie un message clair : l’institution est plus que jamais déterminée à poursuivre sa mission et à s’adapter pour faire face aux défis de la transparence financière. Les prédateurs des deniers publics sont prévenus.
Econews