Le ministre d’Etat en charge de la Justice, Constant Mutamba, traverse une crise majeure après la révélation d’un contrat controversé de 39 millions USD pour la construction d’une prison à Kisangani. Assigné à fournir des explications par la Primature, confronté à des interrogations sur le versement d’un acompte de 19 millions USD déjà décaissés, et menacé d’une possible levée d’immunité parlementaire, le Garde des sceaux voit sa position se fragiliser jour après jour. Ce dossier, qui mêle opacité dans la passation des marchés publics, gestion contestable des fonds d’État et tensions politiques, pourrait bien devenir le premier véritable scandale du second mandat du Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, mettant à l’épreuve les promesses de transparence et de bonne gouvernance du pouvoir en place.
Le Garde des sceaux et ministre d’Etat en charge de la Justice, Constant Mutamba, est au cœur d’une tempête politique après la révélation d’un contrat opaque de 39 millions USD pour la construction d’une prison à Kisangani. Mis en cause par la Primature, menacé d’une levée d’immunités par l’Assemblée nationale, et confronté à des questions sur le versement d’un acompte de 19 millions USD, le Garde des sceaux se retrouve dans une position délicate.
Un contrat signé dans l’ombre
Selon une correspondance du directeur de cabinet de la Première ministre, datée du 8 mai 2025 et consultée par notre rédaction, le Gouvernement exige du ministre Mutamba des «éclaircissements complets » sur ce projet attribué en gré à gré à l’entreprise Zion Construction, sans consultation préalable de la Primature.
Par conséquent, le projet est désormais « suspendu », le temps que les services compétents de la Primature examinent les pièces manquantes. Pourtant, un acompte de 19 millions USD a déjà été décaissé du Trésor public, avec l’aval des ministres des Finances et du Budget.
Interrogé par RFI, Constant Mutamba a assuré que ces fonds étaient placés sur un « compte séquestre », inaccessible à Zion Construction en attendant les conclusions de l’enquête. Une affirmation qui reste à vérifier, alors que les doutes persistent sur la légalité et la transparence de ce marché.
À l’Assemblée nationale, où Mutamba conserve son mandat de député national, des voix s’élèvent pour demander des comptes. Certains parlementaires n’excluent pas une procédure de levée d’immunités si le ministre quitte le Gouvernement sous la pression du scandale.
«Un contrat de 39 millions USD signé sans appel d’offres, avec des fonds publics déjà engagés, cela pose de sérieuses questions sur la gestion des deniers de l’État », a déclaré à Econews un député de l’opposition.
Un test Tshisekedi
Cette affaire place le pouvoir dans une position inconfortable. Constant Mutamba, jeune ministre issu de l’opposition, dite républicaine, était censé incarner le renouveau politique promis par le Président Félix Tshisekedi. Mais ce scandale rappelle les vieux démons des contrats opaques et des dépenses publiques peu contrôlées.
La Première ministre Judith Suminwa, réputée pour son approche rigoureuse, devra trancher : couvrir son ministre ou exiger des sanctions exemplaires pour préserver la crédibilité du Gouvernement.
Pour l’heure, les services de la Primature analysent le dossier. Mais une chose est sûre: cette affaire aura des répercussions politiques, que ce soit sur l’avenir de Mutamba, sur la confiance envers l’exécutif, ou sur les pratiques de passation des marchés publics en RDC.
Econews