PDL-145 T : le flou

Au commencement était le projet dit des «Cent Jours».

Vaste programme présidentiel d’infrastructures qui, sur le papier, devait moderniser, entre autres, la voirie urbaine de la capitale. Un autre volet prévoyant la construction des casernes à Kinshasa et en provinces.

Trois ans après, les sauts de mouton pensés pour résorber les embouteillages endémiques sont sortis de terre. Et l’opinion restera seule juge des bienfaits ou non de ces ouvrages dont le financement pour le moins opaque a conduit l’ancien directeur du cabinet présidentiel et … l’entrepreneur libanais Samih Jammal en prison. Puis est venu le tour du projet Tshilejelu aux contours indéfinissables. Applaudie lors de la rentrée scolaire de 2019, la gratuité de l’enseignement de base, l’un des fleurons de la propagande des partisans de Félix Tshisekedi, est en train de prendre eau de toutes parts.

Et comme l’abondance n’a jamais nui, voilà le programme de développement des 145 territoires. A la clé, 1,600 milliard de dollars USD. La gestion de divers programmes antérieurs ne laisse pas de jeter le doute sur la concrétisation d’un projet aux allures électoralistes. Et ceci pour plusieurs raisons.

Comme toujours en RDC, le programme donne l’impression d’une improvisation destinée à jeter de la poudre aux yeux des masses sevrées d’esprit critique. Un effort de prospective laisse entrevoir une gestion calamiteuse des fonds à libérer donnant du grain à moudre à une Inspection générale des Finances sur les dents.

Le mode de financement du projet pose également problème, en ce qu’il n’établit pas avec clarté la ligne budgétaire dédiée. Une orthodoxie managériale élémentaire aurait pourtant commandé que les infrastructures territoriales soient financées soit par la Caisse de péréquation (qui peine à voir le jour), renforcée par la rétrocession aux provinces des 40% des recettes réclamées de longue date, et qu’aucun gouvernement n’a jamais concrétisé l’application de cette disposition pourtant inscrite dans la Constitution.

Enfin, l’annonce du programme de développement des 145 territoires, annoncé à la veille d’une année électorale, induit la triste réflexion que l’on se trouve en présence d’un projet mort-né à verser demain au compte des pertes et profits dont la République est hélas, coutumière. 

ECONEWS