Le coordonnateur de CFEF (Cellule d’exécution de financement en faveur des Etats fragiles), Alain Lungungu, doit s’expliquer.
Think tank basé à Kinshasa, Congo Challenge note qu’un montant de 2,4 millions de dollars USD virés par l’ancien ministre des Finances, Sele Yalaghuli, dans le compte de CFEF a été utilisé à d’autres fins que celles initialement convenues entre la BAD (Banque africaine de développement) et l’Etat congolais. Cela s’appelle en langage technique «détournement », clame-t-on à Congo challenge.
En effet, avec l’accord du gouvernement, la BAD avait affecté 2,4 millions de dollars américains aux quatre études économiques de haut niveau dont la réalisation a été confiée au Bureau d’études Congo Challenge dont le Président du Conseil n’est autre que l’ancien Premier ministre, Matata Ponyo Mapon.
Pour mémoire, l’homme à la cravate rouge avait créé en janvier 2017, juste un mois après son départ de la Primature, un Think tank dénommé « Congo Challenge ». Les services de ce cabinet ont été aussitôt requis, notamment par des Présidents de la République africains pour leurs propres pays. Du fait principalement de l’expertise de ce cabinet et de la réputation avérée de son fondateur, ce cabinet a signé des contrats avec plusieurs pays africains et plusieurs grandes entreprises du pays. On se rappellera que l’ancien Premier ministre Matata était en consultation à Conakry, en Guinée, lorsqu’il a été traduit en justice. Le cabinet avait un contrat en cours pour l’émergence de la Guinée-Conakry.
C’est à la suite notamment de la qualité des travaux délivrés à l’intérieur comme à l’extérieur de la RDC par Congo Challenge que le gouvernement congolais, sous la houlette du Président Félix Tshisekedi, a porté en 2020 son choix sur ce cabinet pour des études d’impact négatif de la pandémie de Covid-19 sur l’économie congolaise.
Au regard de multiples difficultés de trésorerie rencontrées par le gouvernement congolais, la Banque africaine de développement (BAD) avait accepté de financer les quatre études commandées auprès de Congo Challenge. Le contrat a été signé en bonne et due forme. Il est donc conforme aux lois de passation de marchés de la RDC. Il convient toutefois de signaler que c’est à cause notamment de l’assurance du financement extérieur de la BAD que le président du Conseil de Congo Challenge, Matata Ponyo, a donné son aval pour que les quatre études d’une valeur de deux millions de dollars USD soient réalisées dans la totalité en mode de préfinancement. Donc, le gouvernement n’a versé aucun rond en termes de paiements comme programmé dans le contrat dûment signé par le gouvernement, à travers le ministère du Plan. Aucun paiement n’a été effectué en dépit du fait que les fonds ont été décaissés par la BAD depuis janvier 2021. Cela témoigne donc de la mauvaise foi du gouvernement.
Au jour d’aujourd’hui, il s’avère, soutient Congo Challenge, que le CFEF est incapable de payer les deux millions de dollars USD qui se sont volatilisés. Cette cellule de gestion des projets, dont une partie est réalisée sur financement BAD, a curieusement demandé au Gouvernement de payer les factures Congo Challenge par le compte du Trésor public.
A Congo Challenge, on estime que l’actuel ministre des Finances, membre de l’UDPS, refuse délibérément de payer à un cabinet dont le président du Conseil est futur candidat à la présidentielle de 2023. Incroyable mais vrai ! Quand on a commandé l’étude, on a oublié que Congo Challenge, un cabinet dont la réputation est internationale, appartenait à un potentiel candidat ?
Désespéré après 20 mois d’attente et de promesses sans issue, Congo Challenge note que la BAD se doit d’intervenir rapidement pour éviter de souiller son honneur dans cette affaire de détournement de fonds de citoyens africains par une agence créée pour assurer la bonne gouvernance de ses fonds. L’urgence est aussi justifiée par le fait qu’un audit de la Cour des comptes vient de confirmer un détournement de plusieurs dizaines de millions de dollars USD, révèle Congo Challenge.
«En effet, la répartition des fonds telle que décaissée par la BAD et telle que proposée par le Gouvernement, au travers le ministre des Finances, n’a pas été respectée. Cela s’appelle détournement», a rapporté à Econews un expert de Congo Challenge.
Francis M.