Kinshasa a abrité, les 26 et 27 octobre 2023, l’Assemblée générale de la CISTEMA (Commission interministérielle chargée de suivi de la question du travail des enfants dans les mines artisanales. Ce forum a servi de cadre à la restitution des résultats de la révision de la stratégie nationale sectorielle de lutte contre le travail des enfants dans les mines, mettant à profit l’expertise de l’Organisation internationale du travail (OIT) à travers son projet COTECCO. C’était aussi l’occasion de présentation des résultats des activités pilotes d’identification et d’encadrement des enfants réalisés sur les sites miniers artisanaux de Kolwezi et Lubumbashi avec les outils du Système de suivi et de remédiation du travail des enfants (SSRTE).
La République Démocratique du Congo a nettement confirmé sa ferme volonté de lutte contre le travail des enfants dans les sites miniers artisanaux. C’est ce qui a justifié la tenue à Kinshasa, les 26 et 27 octobre, d’un atelier consacré à ce thème spécifique.
A l’ouverture de ces assises, le Gouvernement a réaffirmé sa détermination à gagner le pari de la lutte contre l’utilisation des enfants dans les mines artisanales. « Le Gouvernement de la RDC multiplie les initiatives pour consolider la lutte contre le travail des enfants dans les mines », a indiqué le Gouvernement, dans le mot de circonstances lu par le représentant de Mme la ministre des Mines.
C’est ce qui explique, a-t-il rappelé, l’adoption, depuis octobre 2022, par la RDC du Système de suivi et de remédiation du travail des enfants (SSRTE), déjà opérationnel dans les provinces du Lualaba et du Haut-Katanga.
Pour sa part, le secrétaire général aux Mines, représenté pour la circonstance par le directeur-chef de service protection de l’environnement minier, est revenu sur les bienfaits du projet COTECCO (Combattre le travail des enfants dans la chaîne d’approvisionnement du cobalt en RDC), sur financement du Département du travail des Etats-Unis, en appui aux efforts du gouvernement congolais dans le cadre de la lutte contre le travail des enfants dans les mines, en droite ligne de la Stratégie nationale sectorielle du travail des enfants dans les mines artisanales de la RDC.
Avec la présentation des statistiques globales du SSRTE, le secrétaire général aux Mines, par ailleurs président du CISTEMA, s’est réjoui de la mise en œuvre de ce «nouveau outil de suivi et de remédiation du travail des enfants dans les mines » qui complète la stratégie nationale sectorielle en cette matière.
Il reste cependant un pari à relever, pense-t-il. «Pour réussir le pari ‘zéro enfant dans les mines’, j’ose rassurer que le Gouvernement de la RDC, au travers de sa structure CISTEMA, s’évertuera à passer à la vitesse supérieure », note-t-il.
Il s’agit d’aboutir à une exploitation minière artisanale « responsable et éthique sans travail des enfants », et ce, «pour l’intérêt bien compris de nos populations, voire de l’humanité tout entière pour effectuer le virage critique de la transition énergétique ».
Accompagnement de l’OIT
Intervenant à son tour, Mme Soumano Nteba, directrice-pays OIT-RDC, est revenue sur l’implication de son institution dans le projet COTECCO, rappelant que « le problème du travail des enfants continue de se poser avec acuité au niveau mondial. En effet, le rapport global de l’OIT-UNICEF, sur les estimations du travail des enfants dans le monde récemment publié, a indiqué que pour la première fois depuis 20 ans, on note une augmentation alarmante de l’ordre de 8.4 millions de statistiques de travail des enfants. Ce qui amène le total du travail des enfants dans le monde à 160 millions. Ceci nous interpelle tous ».
Elle a salué «l’appropriation » par le gouvernement du SSRTE qui, «sans doute, grâce à son application effective à travers l’alignement des parties prenantes à ses différentes phases, permettra l’élimination du travail des enfants dans les mines artisanales ». Et de souligner : «C’est dans le souci de tester et garantir l’effectivité de ce système que l’OIT a organisé deux opérations pilotes d’identification et d’enregistrements des enfants sur six sites miniers artisanaux au Lualaba et au Haut Katanga », avant de saluer les efforts du Gouvernement de la RDC dans « l’élimination du travail des enfants en général et le travail des enfants dans les mines en particulièr ».
Mais, le chemin est encore long, reconnaît l’OIT : «Nous devons intensifier notre lutte contre le travail des enfants en soutenant une plus grande justice sociale. Si nous y parvenons, la fin du travail des enfants n’est pas seulement possible, elle est à portée de main ».
Pour rappel, le projet COTECCO a démarré ses activités en octobre 2018, pour une durée initiale de trois ans. En mars 2019, l’OIT l’avait officiellement présenté au Gouvernement de la RDC, à travers la CISTEMA. Les activités du projet s’inscrivent dans la vision du gouvernement qui est résumée dans la stratégie nationale sectorielle de lutte contre le travail des enfants dans les mines artisanales élaborée en 2016. Elles concourent également dans la mise en œuvre de la feuille de route du pays en tant que pionnier de l’Alliance 8.7, engagement pris en 2021.
Devenu pays-pionnier de l’Alliance 8.7 depuis 2021, la RDC s’est engagée à accélérer le processus de l’élimination du travail des enfants, travail forcé et de la traite des êtres humains à travers le partage des expériences avec d’autres pays pionniers et la mise en place des outils innovateurs pour éradiquer ces fléaux.
Econews