L’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) est une région régulièrement secouée par des conflits armés et des violences, souvent alimentés par des acteurs régionaux. Parmi ces acteurs, le Rwanda et le Mouvement du 23 mars (M23) sont au centre des préoccupations, accusés d’être impliqués dans la déstabilisation de cette partie du pays. La présence avérée des militaires rwandais RDF dans l’Est de la RDC a déclenché une série de condamnations internationales et soulevé des appels urgents à mettre fin à cette situation critique. Dans ce contexte, les récentes déclarations des États-Unis d’Amérique, rejoignant celles de la France, ont accentué la pression sur le Rwanda et le M23. Cette introduction se penchera sur les derniers développements de cette crise et sur les implications de la position internationale sur les acteurs concernés.
La tension monte dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) alors que les critiques et les condamnations internationales se dirigent de plus en plus vers le Rwanda et le M23. La présence avérée des militaires rwandais RDF dans cette région a déclenché une réaction sans précédent de la part de la communauté internationale, avec des appels clairs à mettre fin à cette situation jugée «inacceptable ».
Après Paris, c’est au tour des États-Unis d’Amérique de rejoindre les rangs des pays demandant fermement au Rwanda de cesser son soutien au M23. L’ambassadrice des États-Unis en RDC, Lucy Tamlyn, a exprimé cette position lors d’une rencontre avec le gouverneur militaire du Nord-Kivu à Goma. Elle a déclaré que la situation dans l’Est de la RDC était «inacceptable » et a appelé les acteurs impliqués, notamment le Rwanda et le M23, à suivre les appels de la communauté internationale.
Les injonctions de Washington
Les États-Unis ont intimé mardi au Rwanda et à la République Démocratique du Congo (RDC) qu’ils «doivent s’éloigner du bord de la guerre », ce qui constitue l’avertissement le plus sévère à ce jour concernant un conflit imminent entre les voisins africains.
L’ambassadeur adjoint des États-Unis, Robert Wood, a lancé cet avertissement lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU convoquée par la France, alors que la violence s’est aggravée dans l’Est de la RDC, riche en minerais et frontalier du Rwanda.
M. Wood a déclaré que le Rwanda et la RDC, ainsi que les «acteurs régionaux », devraient immédiatement reprendre les pourparlers diplomatiques. «Ces efforts diplomatiques régionaux, et non un conflit militaire, sont la seule voie vers une solution négociée et une paix durable », a-t-il souligné.
L’avertissement américain fait suite au rejet par le ministère rwandais des Affaires étrangères, lundi, des appels américains au retrait de ses troupes et de ses systèmes de missiles sol-air de l’Est du Congo.
Aggravation
Samedi, le département d’État américain a également critiqué l’aggravation de la violence causée par le M23, un groupe armé «soutenu par le Rwanda ».
Le ministère rwandais des Affaires étrangères a déclaré que ses troupes défendaient le territoire rwandais alors que le Congo procédait à un « renforcement militaire spectaculaire » près de la frontière.
Le ministère a parlé de menaces pour la sécurité nationale rwandaise résultant de la présence de la RDC d’un groupe armé dont les membres comprennent des auteurs présumés du génocide de 1994 au cours duquel plus de 800 000 Tutsis et Hutus modérés qui tentaient de les protéger ont été tués.
Le groupe rebelle, connu sous le sigle FDLR, «est pleinement intégré » dans l’armée congolaise, selon le communiqué. Bien que le Rwanda ait longtemps évoqué la menace que représentent les FDLR, les autorités de ce pays n’ont jamais admis une présence militaire dans l’Est du Congo.
M23
L’ambassadeur du Congo auprès des Nations Unies a exhorté le Conseil de sécurité à exiger du Rwanda qu’il retire ses troupes du pays sans conditions préalables et qu’il cesse de soutenir le M23.
Il a accusé l’armée rwandaise d’occuper illégalement une partie de la province orientale du Nord-Kivu et de soutenir le M23 pour déstabiliser le Congo et «piller nos richesses, nos richesses en minerais et en minéraux » dans l’Est du pays.
Le représentant de la RDC à l’ONU a déclaré au Conseil qu’aucune attaque des FDLR à partir du territoire congolais n’avait été enregistrée contre le Rwanda depuis plus de 20 ans.
Quant aux craintes de génocide du Rwanda, il a déclaré que la minorité tutsie détenait le pouvoir sur la majorité hutue, et que cela ne se produirait jamais au Congo qui, selon lui, compte des centaines de groupes ethniques, «et nous vivons ensemble ».
Il a souligné que les Tutsis du Congo sont des Congolais et que «les problèmes des Tutsis congolais seront résolus au Congo par les Congolais ». «Alors, vous restez chez vous ! » a-t-il déclaré, alors que l’ambassadeur du Rwanda à l’ONU, Ernest Rwamucyo, était assis en face de lui à la table du Conseil de sécurité en forme de fer à cheval.
Missiles
L’ambassadeur de France à l’ONU, Nicolas de Rivière, a condamné la récente offensive du M23 contre Sake ainsi que le soutien du Rwanda au M23 et sa présence sur le territoire congolais. «Cela doit cesser », a-t-il déclaré, soulignant qu’« un seuil a été franchi » avec le déploiement de systèmes antiaériens au Congo.
M. Wood, ambassadeur adjoint des États-Unis, a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour mettre fin aux combats et désamorcer les tensions entre le Congo et le Rwanda.
Des millions de personnes sont confrontées à une grave crise humanitaire et l’ampleur des déplacements, des violations des droits de l’homme et de la violence sexiste est « effroyable », a-t-il déclaré.
L’Est du Congo connaissait déjà l’une des pires crises humanitaires au monde, avec 6 millions de personnes déplacées en raison du conflit, selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Certains craignent qu’une nouvelle catastrophe passe inaperçue en raison de l’attention portée à la guerre à Gaza et à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
M. Wood s’est fait l’écho des appels lancés par les États-Unis au M23 pour qu’il cesse immédiatement ses attaques et se retire de la région, et au Rwanda pour qu’il mette fin à son soutien au groupe armé et retire immédiatement ses forces et ses systèmes de missiles du Congo.
Tighana M. avec euronews