Election du Bureau de l’Assemblée nationale : Acculé, Mboso jette l’éponge

Il aura résisté jusqu’à la dernière limite. Usant de tous les subterfuges possibles et imaginables dans le dessein de retarder le plus longtemps l’élection des membres du bureau définitif de l’Assemblée nationale. Christophe Mboso, président du bureau d’âge battu par Vital Kamerhe lors des primaires de l’Union sacrée de la Nation (USN) qui devait désigner le candidat de la plateforme présidentielle a caressé l’idée chimérique de rempiler à la présidence de la chambre basse du Parlement en dépit du désaveu quasi général tant au sein des groupes parlementaires que de l’opinion qui lui reprochaient des méthodes néo-mobutistes dans la conduite des débats. Soumis ces dernières semaines à des pressions tous azimuts et sans précédent, l’élu de Kenge a finalement jeté l’éponge et fixé le calendrier de l’élection du bureau définitif. Celle-ci a démarré vendredi dernier par le dépôt des candidatures aux sept postes à pourvoir (Voir calendrier ci-dessous). 

Le bras de fer entre Christophe Mboso et les autres membres de l’Assemblée nationale a finalement pris fin. Après avoir tenté en vain de retarder l’élection du bureau définitif, le président du bureau d’âge a finalement cédé aux pressions et a annoncé la tenue des élections.

Christophe Mboso, qui avait été battu par Vital Kamerhe lors des primaires de l’Union sacrée de la Nation, avait pourtant tenté de conserver son poste de président de l’Assemblée nationale. Malgré le désaveu quasi général de ses pairs et de l’opinion publique, qui lui reprochaient des méthodes autoritaires dans la conduite des débats parlementaires, il avait persisté dans sa volonté de rester en poste.

Cependant, les pressions se sont intensifiées ces dernières semaines et Christophe Mboso a finalement décidé de jeter l’éponge. Aussi a-t-il fixé le calendrier de l’élection du bureau définitif, qui a débuté vendredi dernier par le dépôt des candidatures aux sept postes à pourvoir.

UN MAUVAIS DEPART

Les annales du démarrage du second mandat de Félix Tshisekedi retiendront le caractère chaotique de la mise en place des institutions postélectorales. En effet, plus de cent jours après l’investiture du chef de l’Etat et 40 jours après la nomination d’une première ministre, c’est le flottement intégral. Le pays donne l’impression d’évoluer avec deux premiers ministres.

En effet le sortant, Sama Lukonde, participe encore et/ou préside les conseils des ministres dont une bonne partie sont des élus de différentes assemblées législatives nationale et provinciales, s’ils n’endossent pas en plus la casaque de sénateurs. Quant à l’entrante, Judith Suminwa Tuluka, elle continue à ronger son frein et à prier que les choses puissent enfin prendre une tournure politiquement rationnelle.

Si les tractions autour de la Première ministre se déroulent loin des regards, dans une ambiance feutrée difficilement accessible même aux médias, il n’en est pas de même à l’Assemblée nationale où chaque jour apporte son lot de contradictions et de sautes d’humeur de son président sortant qui donnait jusqu’à ces dernières 48 heures l’impression de conserver à tout prix le perchoir.

MANŒUVRES DILATOIRES

Il est de notoriété publique que Christophe Mboso a difficilement accepté, et moins encore digéré d’être battu par Vital Kamerhe à la primaire de l’Union sacrée (Une disposition en elle-même aussi inédite que révélatrice des invisibles lignes de rupture qui plombent sournoisement l’Union sacrée sous des dehors d’une solidarité factice autour du chef de l’Etat).

A l’image d’un homme sur le point de se noyer qui s’accroche au moindre fétu de paille, Christophe Mboso a avancé, plusieurs semaines après son échec à la primaire, des arguments qui, selon lui, empêchaient la convocation de l’assemblée plénière destinée à l’élection et à l’installation des membres du bureau définitif.

Aux sempiternelles questions des contraintes budgétaires sont venues se greffer d’une part l’absence dans la capitale de députés éparpillés en provinces où ils seraient allés soutenir leurs candidats gouverneurs, et d’autre part, la poursuite à la Cour constitutionnelle de la correction des «erreurs matérielles» dans les dossiers des députés déclarés élus mais invalidés.

L’ÉPÉE DE DAMOCLÈS DE LA DESTITUTION

Au fil des jours, les arguments aussi farfelus les uns que les autres étaient balayés du revers de main par une presse survoltée, en même temps que sur les réseaux sociaux, l’homme était littéralement lynché par des anonymes ouvertement téléguidés.

Jusqu’à cette journée de mercredi 8 mai 2024, quand une centaine de députés a produit une motion de censure visant la destitution du bureau d’âge pour entorse au règlement intérieur dans son volet de la procédure de la convocation des séances plénières de l’Assemblée nationale.

Interdits d’accéder à la salle des congrès, des images ont montré des élus signant la pétition debout dans la galerie surplombant le grand hall avant d’en donner lecture devant la presse.

Ç’en était trop. Devant tant d’hostilité, Le président Mboso a finalement jugé sage de déposer les armes. Un calendrier a été publié par ses services, fixant le processus dans la semaine allant du 10 au 18 mai 2024, jour de l’élection et de l’installation du bureau définitif.

LA BATAILLE NE FAIT QUE COMMENCER

Mais les choses ne sont pas aussi simples. Une complexité de la question venue s’ajouter au désordre ambiant avec l’annonce de la candidature à la présidence de l’Assemblée nationale de l’ancien président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, Godefroid «Godé» Mpoyi, qui se présente, bien que membre de lUnion sacrée, en indépendant.

Des sept sièges au bureau provisoire, six reviennent à la majorité. L’opposition s’en sort avec le seul poste de Rapporteur adjoint qui, logiquement, devrait revenir à la candidate d’Ensemble pour la République, la députée Dominique Munongo Inamizi, la majorité s’étant offert les postes de président, premier vice-président, deuxième vice-président, rapporteur, questeur et questeur adjoint.

«Il n’y a pas eu conciliation entre la Majorité et l’Opposition», révèle le député national d’Ensemble pour la République Christian Mwando Nsimba. «Nous avons effectivement (aussi) le poste de deuxième vice-président», rappelle le président du groupe parlementaire Ensemble pour la République de Moïse Katumbi.

Une position qui heurte l’intransigeance du président du bureau d’âge Christophe Mboso qui soutient que «la répartition des postes se fait selon le poids politique», tout en tenant compte de la situation particulière que traverse le pays.

Econews