Gouvernement Suminwa : de consultations en arbitrages

Quarante jours après sa nomination, la Première ministre Judith Suminwa piaffe d’impatience. N’importe qui à sa place n’agirait pas autrement. La formation du futur gouvernement tirant en longueur, l’ancienne ministre du Plan doit s’en remettre aux résultats des tractations politiques dans des milieux de l’UDPS et alliés, auxquelles elle n’est pas forcément conviée. Après avoir mené ses propres « consultations» et parvenue à ébaucher le squelette de sa future équipe, elle en est réduite dorénavant à l’arbitrage de Félix Tshisekedi qui détient seul les clés de la remise en phase du moteur gouvernemental.  

«Je rends grâce à Dieu pour ma nomination. 

Merci au PR05 (Félix Tshisekedi, NDLR), champion de la masculinité positive, pour sa confiance. Les défis sont immenses et je promets de les relever en toute responsabilité pour une RDC développée, unie et pacifiée. Ensemble, nous vaincrons nos ennemis». Ainsi écrivait le 2 avril 2024 sur son compte X (anciennement Twitter) la toute nouvelle Première ministre Judith Suminwa Tuluka, nommée la veille 1er avril.

Encore toute auréolée du prestige d’être la première femme à accéder à la prestigieuse fonction de chef du gouvernement depuis l’indépendance, l’ancienne ministre du Plan du dernier gouvernement Sama Lukonde ne s’attendait certainement pas à voir sa prise de fonction effective traîner en longueur plus de quarante jours plus tard.

Pleine de bonne volonté, Judith Suminwa, sans doute pour ne pas donner l’air de tourner les pouces dans une attente qui s’éternisait avait entrepris des «consultations» clôturées le 20 avril avec toutes les composantes de la communauté congolaise.

Avaient défilé dans sa suite de l’Hôtel Fleuve Congo les dirigeants des partis politiques, activistes des droits de l’homme, artistes, organisations féminines, groupes dits vulnérables etc.

Seulement, la démarche a semblé tant soit peu superfétatoire, étant donné que l’informateur nommé deux mois plus tôt par le chef de l’Etat s’était déjà adonné au même exercice. En effet, le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, nommé informateur chargé d’identifier la majorité présidentielle avait par la suite recu mission de «consulter» en vue de la formation du gouvernement dont l’animateur n’était pas encore connu.

Dès lors que la Première ministre «consultât» encore avait paru aux yeux de bien d’observateurs comme une manœuvre de contournement dont les enjeux et la finalité lui échapperaient.

Il n’empêche, la Première ministre de 57 ans peut encore compter sur les arbitrages du chef de l’Etat dans la formation consensuelle de l’équipe gouvernementale d’une part, et de la définition des prérogatives dévolues à chaque département ministériel, d’autre part.

Parmi les défis qui attendent la mise en place de son gouvernement, figure la gageure qu’elle avait exprimée de ne pas intégrer dans son équipe des chefs des partis ou regroupements politiques, véritables «présidents fondateurs» de formations politiques dont la démocratie en interne laisse la place au culte de la personnalité.

Dans l’entourage de la Première ministre, il n’est pas un secret que Judith Suminwa n’entend pas non plus avoir pour futurs collaborateurs des ministres du gouvernement sortant impliqués dans des dossiers de malversation ou de détournements de deniers publics, même à des niveaux de responsabilité indirects.

Si elle réussit à obtenir du Président de la République la mise à l’écart de ces caciques du régime qui se font passer pour des rouages indispensables au pouvoir UDPS, elle aura remporté la première des grandes batailles qui l’attendent.

MWIN M.F.

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