Un pays au point mort

Près de cinq mois depuis la prestation de serment du chef de l’Etat inaugurant le deuxième mandat de Félix Tshisekedi, le pays est plus que jamais à l’arrêt. L’Assemblée nationale peine à installer son bureau définitif; le Sénat patauge et son président autopro-clamé invoque des «contraintes budgétaires» pour renvoyer aux calendes grecques l’amorce des travaux d’une chambre haute de moins en moins crédible. 

Quant au gouvernement, c’est là une autre paire de manches. Deux chefs de gouvernement se côtoient, dans un environnement où des ministres sortants élus depuis députés nationaux, députés provinciaux, sénateurs ou les trois à la fois, continuent à expédier des affaires courantes. Nommant, installant, commissionnant, effectuant des missions dans et hors du pays, ils offrent aux yeux de l’opinion les prototypes mêmes d’une classe politique hors normes; une première en Afrique, où le cumul des fonctions a atteint une dimension à la limite des univers kafkaïens.

C’est ici que l’arbitrage du chef de l’Etat est urgemment sollicité par des esprits bien-pensants, car malgré les dérives, des échos quotidiens de malversations, de vols et de détournements de fonds publics; des pénuries d’électricité, d’eau potable et par-dessus tout la guerre qui fait rage dans l’Est du pays et le banditisme urbain, il reste le seul à assurer un semblant de redressement de ce caractère fataliste qui plombe les rares initiatives de développement.

Malheureusement, Félix Tshisekedi traîne au pied un boulet de taille, pire qu’une simple épine au pied. Sa bonne volonté-indéniable – est paralysée par un entourage composé d’anciens camarades des temps heureux d’une jeunesse de Bohême en Occident accourus à la curée soit disant pour prêter main forte à «son» pouvoir, se servant impunément dans les caisses du Trésor public avant de se vaporiser, et de regagner leurs pénates belges, françaises, allemandes et tutti quanti…

L’arbitrage attendu du chef de l’Etat ne devrait pas se traduire seulement par le remplissage des prisons avec des hauts fonctionnaires indélicats; ni de se défaire d’amis-collaborateurs aux yeux plus gros que le ventre. Mais de confirmer qu’il est le véritable garant de la nation qui se passe de toute considération tribalo-ethnique qui le pousserait à protéger, au nom d’une solidarité aux contours insaisissables, les prédateurs de l’économie nationale qui ne lui sont guère inconnus.

Son arbitrage devant par-dessus tout commencer par la mise en place des institutions étatiques normales jusqu’ici laissées aux caprices de caciques mobuto-kabilo et prétendument tshisekedistes passés maîtres dans l’art de l’esbroufe d’Etat.

Mwin M.

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