Le gouvernement éthio-pien a déclaré l’état d’urgence dans l’ensemble du pays, a annoncé mardi un média d’Etat, alors que les rebelles tigréens qui affrontent les forces pro-gouvernementales depuis un an ont revendiqué ce week-end la prise de deux villes stratégiques.
«L’état d’urgence vise à protéger les civils contre les atrocités commises par le groupe terroriste TPLF dans plusieurs régions du pays », a rapporté Fana Broadcasting Corporate, faisant référence aux rebelles du Front de libération peuple du Tigré. Le TPLF a revendiqué ces derniers jours la prise de Dessie et de Kombolcha, deux villes situées à un carrefour routier stratégique à quelque 400 km au nord d’Addis-Abeba, sans exclure de marcher sur la capitale.
Le gouvernement a démenti avoir perdu le contrôle de ces villes mais si elle se confirmait, leur prise marquerait une nouvelle étape majeure dans le conflit qui dure depuis un an. Les communications sont coupées dans une grande partie du nord de l’Ethiopie et l’accès des journalistes est restreint, rendant difficile toute vérification indépendante des positions sur le terrain.
Regain des combats
Plus tôt dans la journée de mardi, les autorités de la capitale Addis Abeba ont appelé la population à s’organiser et à se préparer à défendre leurs quartiers. Ce récent regain des combats inquiète la communauté internationale, qui a renouvelé ces derniers jours ses appels à un cessez-le-feu immédiat et à des pourparlers de paix.
L’émissaire américain pour la Corne de l’Afrique, Jeffrey Feltman, a affirmé mardi que Washington s’opposait «à tout mouvement du TPLF vers Addis ou toute action visant à assiéger Addis », lors d’une intervention à l’Institut américain pour la paix. Les Etats-Unis ont également annoncé qu’ils supprimaient d’importants avantages commerciaux accordés à l’Ethiopie, en raison de «violations flagrantes des droits humains internationalement reconnues, perpétrées par le gouvernement éthiopien et d’autres factions (…) dans le nord de l’Ethiopie».
Inquiétude à Addis-Abeba
A Addis-Abeba, c’est la ruée vers les journaux. Les habitants de la capitale éthiopienne veulent être informés de l’évolution de la situation sécuritaire dans leur pays. Face à l’avancée des rebelles du Front populaire de libération TPLF, le gouvernement éthiopien a décrété mardi l’état d’urgence tout en appelant les populations à se préparer à la bataille.
Une année après le début des hostilités au Tigré, le conflit semble prendre une nouvelle tournure. L’idée d’une entrée des rebelles dans la capitale inquiète.
«Nous ne voulons pas que le sort de Dessie se répète ici à Addis Abeba. Certains insurgés sont entrés dans la capitale. Nous devons les identifier, sinon, je ne doute pas que ce qui s’est passé à Dessie puisse reproduire à Debre Berhan et à Addis-Abeba. Ces gens mangent et boivent avec nous, ce sont des ennemis de l’Éthiopie et ils doivent être renvoyés et pour ce faire, nous devons tous coopérer avec l’état d’urgence en conséquence», souligne Azmeraw Berhan, habitant de la capitale éthiopienne.
Les habitants de la capitale éthiopienne semblent donc vivre en sursis. Les autorités ont annoncé mardi le recrutement des jeunes de la capitale afin de donner un coup de main aux forces de l’ordre.
«Cela m’inquiète beaucoup, car Dessie et Kombolcha sont proches d’Addis-Abeba. Ils ont parcouru de nombreux kilomètres pour y arriver. Je pense qu’ils vont contrôler Addis Abeba aussi», explique Tenu Melesse, habitante de la capitale éthiopienne.
Les autorités d’Addis-Abeba ont annoncé de nouvelles mesures de sécurité pour les cinq millions de résidents de la ville, exigeant que toutes les armes à feu soient enregistrées dans les deux jours. Mardi la communauté internationale a appelé à une cessation immédiate des hostilités.
Revirement de situation
Débuté en novembre 2020, le conflit au Tigré connaît un spectaculaire revirement de situation depuis ces derniers mois. Le Premier ministre Abiy Ahmed avait proclamé la victoire le 28 novembre, après avoir envoyé l’armée dans la région pour destituer les autorités locales dissidentes issues du TPLF.
En juin, les combattants pro-TPLF ont repris l’essentiel de la région, forçant les troupes gouvernementales à se retirer largement. Ils ont ensuite poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l’Amhara et de l’Afar. Les 12 mois de conflit ont été marqués par de nombreux récits d’exactions, notamment sur les civils, et a plongé le nord de l’Ethiopie dans une grave crise humanitaire.
Econews avec Africanews.com