La Loi de finances pour l’exercice 2025, présentée par la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka, le 31 octobre 2024 à l’Assemblée Nationale, marque un tournant significatif dans la gestion économique de la République Démocratique du Congo (RDC).
En s’inscrivant dans une démar-che ambitieuse d’amélioration et d’investissement, cette loi vise à réponde aux besoins pressants de développement du pays tout en intégrant des enjeux de sécurité, d’agriculture, et d’infrastructures. Je me propose d’analyser les points saillants de cette loi, d’identifier les défis qu’elle pourrait rencontrer, et d’explorer les perspectives qu’elle offre pour l’avenir de la RDC. Bien sûr des questions et préoccupations délicates seront relevées au sein du Sénat.
AUGMENTATION DES CREDITS D’INVESTISSEMENT
L’augmentation des crédits d’investissement de 18,2 % par rapport à 2024 est l’un des aspects les plus marquants de cette loi. Avec une part du budget général passant de 15,1 % à 48,4 %, la priorité accordée aux infrastructures et au développement économique est évidente. Cette initiative vise à moderniser le paysage économique du pays, mais elle nécessite une mise en œuvre efficace pour éviter tout gaspillage de ressources.
RENFORCEMENT DU SECTEUR DE LA SECURITE
L’augmentation du budget de la sécurité de 25,2 % témoigne d’une volonté de consolider les forces armées et de sécurité dans un contexte national où la paix et la stabilité sont souvent menacées. Ce soutien financier est crucial mais doit être accompagné d’une transparence et d’une responsabilité dans l’utilisation des fonds pour éviter les abus et les détournements.
SOUTIEN A L’AGRICULTURE, A LA PECHE ET A L’ELEVAGE
Avec une augmentation de 16,4 % des crédits pour l’agriculture, la pêche et l’élevage, le gouvernement met l’accent sur la sécurité alimentaire et le développement rural. Cela pourrait contribuer à réduire la pauvreté, mais il est essentiel de garantir que ces fonds atteignent les agriculteurs et les communautés rurales de manière équitable.
PROMOTION DE L’ENTREPRENEURIAT DES JEUNES
La loi prévoit également des investissements significatifs pour promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes. En stimulant l’innovation et l’emploi, cette initiative pourrait transformer le paysage économique, mais elle doit inclure des formations adéquates et un accès aux marchés pour être réellement efficace.
INVESTISSEMENTS INFRASTRUCTURAUX
La continuité des investissements dans les infrastructures, alimentée par des ressources issues du contrat Sino-Congolais, ouvre des perspectives prometteuses. Toutefois, la transparence dans la gestion de ces fonds est cruciale pour garantir que les projets soient bénéfiques pour l’ensemble de la population et non seulement pour quelques privilégiés.
REFORMES ADMINISTRATIVES ET FINANCIERES
La loi de finances prévoit des réformes administratives et dans les finances publiques. Ces réformes sont essentielles pour améliorer la gestion des ressources, mais elles nécessitent un accompagnement adéquat pour garantir leur succès.
ACCES A L’EAU ET A L’ELECTRICITE
L’engagement du gouvernement à assurer un accès équitable à l’eau et à l’électricité est un aspect fondamental pour le développement durable et la santé des citoyens. Les investissements prévus pour moderniser les infrastructures doivent être réalisés de manière à bénéficier aux populations les plus vulnérables.
DEFIS DE MISE EN ŒUVRE
Malgré les intentions louables derrière la loi de finances, plusieurs défis se posent concernant sa mise en œuvre. La corruption, qui a souvent entravé le bon fonctionnement des institutions en RDC, représente un obstacle majeur. Pour que les crédits d’investissement aboutissent à des projets concrets, il est impératif d’établir des mécanismes de suivi rigoureux et de renforcer les capacités des institutions responsables de la gestion des fonds.
Un autre défi réside dans la bureaucratie excessive qui peut ralentir le processus d’exécution des projets. La simplification des procédures administratives pourrait faciliter l’accès aux financements et garantir que les projets se réalisent dans les délais impartis.
IMPLICATIONS SOCIALES
La loi de finances ne doit pas seulement se concentrer sur la croissance économique ; elle doit également prendre en compte ses implications sociales. L’investissement dans les infrastructures doit se faire en veillant à ce que les communautés locales soient impliquées dans la planification et l’exécution des projets. Cela permettra non seulement de créer des emplois, mais aussi de renforcer le tissu social et de favoriser la cohésion communautaire.
PERSPECTIVES DE CROISSANCE ECONOMIQUE
Si les défis sont relevés, la loi de finances pour 2025 pourrait catalyser une croissance économique significative. Le soutien à l’agriculture, à l’entrepreneuriat des jeunes et à la modernisation des infrastructures pourrait transformer la RDC en un pays plus résilient économiquement. Les investissements dans les secteurs clés pourraient également attirer des investisseurs étrangers, ce qui est essentiel pour diversifier l’économie et réduire la dépendance aux ressources naturelles.
IMPORTANCE DE LA PARTICIPATION CITOYENNE
Une des clés du succès de cette loi réside dans la participation active des citoyens. Les initiatives de sensibilisation et d’éducation sur les enjeux budgétaires peuvent renforcer la transparence et la responsabilité. En impliquant les citoyens dans le suivi des projets, le gouvernement peut s’assurer que les fonds sont utilisés de manière efficace et que les besoins des populations sont vraiment pris en compte.
CONCLUSION FINALE
En somme, la loi de finances pour l’exercice 2025 représente une opportunité pour la RDC de réorienter son développement économique et social. Toutefois, la réalisation de ses ambitions dépendra de la capacité du gouvernement à surmonter les défis de mise en œuvre, à garantir la transparence et à impliquer activement les citoyens. Une approche inclusive et participative pourrait non seulement renforcer la confiance du public, mais aussi assurer que les bénéfices de cette loi soient partagés équitablement parmi tous les Congolais. Cela pourrait ouvrir la voie à un avenir où la RDC est non seulement un pays riche en ressources, mais également un exemple de développement durable et inclusif en Afrique.
Professeur Faustin Luanga
Sénateur