Le Parti communiste chinois a donné lundi le coup d’envoi d’une session à huis clos de quatre jours qui doit inscrire, à sa clôture ce jeudi, dans le marbre la vision historique du président Xi Jinping.Seuls Mao Zedong et Deng Xiaoping avaient osé, avant lui, réécrire ainsi l’histoire politique du pays. Une initiative qui doit lui permettre de faire passer la pilule d’un troisième mandat personnel.
Derrière les murs épais du Grand palais du Peuple s’est ouverte lundi à Pékin la plus importante réunion politique de l’année. À huis clos, les 370 membres du Comité central, la plus haute instance dirigeante du parti, se réunissent pour leur sixième session plénière, dernière marche avant le Congrès de l’année prochaine au cours duquel le président chinois Xi Jinping devrait sans surprise décrocher un troisième mandat à la tête du pays, du jamais vu depuis Mao Zedong.
Enjeux majeurs pour Xi
Les enjeux sont donc très importants pour Xi qui doit paver la route vers sa «réélection» et éviter les chausse-trapes.
«Quoi qu’il fasse maintenant, il doit avoir en tête le Congrès de l’année prochaine, explique Richard Mc Gregor, ancien correspondant du Financial Times à Pékin et chercheur au Lowy Institute à Sydney. C’est son principal obstacle à franchir. Il ne s’agit pas d’envahir Taïwan ou d’affronter les États-Unis, sa priorité est d’obtenir un troisième mandat ».
Un plénum est convoqué au moins une fois par an depuis 1977, un an après la mort de Mao Zedong. Ses participants occupent les postes les plus importants du pays, membres de la direction du parti, ministres, chefs de parti régionaux, généraux de haut rang et dirigeants de conglomérats d’État.
Les plénums sont un lieu clé pour le parti, où il peut afficher l’unité de ses dirigeants et indiquer l’orientation de ses principales politiques.
Lors de cette réunion, Xi sera le troisième dirigeant à dévoiler une résolution que l’on nous annonce déjà comme historique et qui portera sur les «principales réalisations et expériences historiques » du parti au cours de ses 100 ans d’existence.
Le PCC n’a adopté que deux résolutions sur l’histoire: l’une en 1945, quatre ans avant la prise du pouvoir par Mao, et l’autre en 1981, lorsque Deng Xiaoping lança les réformes qui ont fait de la Chine la deuxième puissance économique mondiale.
Deng en avait profité pour tourner la page du maoïsme, mais Xi Jinping pourrait profiter de cette résolution pour prendre un virage encore plus à gauche et condamner les excès du libéralisme et renforcer le poids du Parti et au-delà sa stature personnelle.
Virage à gauche?
«La troisième résolution est très attendue, car il est crucial pour le Parti de parvenir à un consensus sur des questions historiques importantes et d’inciter ses membres à aller de l’avant », explique Yang Xuedong, professeur de sciences politiques à l’Université Tsinghua de Pékin.
«Xi Jinping veut s’assurer qu’il restera bien le centre du PCC et qu’il sera le second au panthéon du parti, juste après Mao. Xi justifiera sa guerre froide contre Washington, ses efforts pour dépasser les États-Unis comme principale puissance mondiale vers 2049, voire avant, et son ultime succès, encore à venir, en réunifiant Taïwan, précise Willy Lam, professeur à l’Université chinoise de Hong Kong. Mais son ambition personnelle démesurée, son culte de la personnalité, sa surenchère lui valent aussi de nombreux ennemis parmi les cadres dirigeants»
D’où, l’intérêt de ce conclave afin de resserrer les rangs. Pour les médias d’État en tout cas les jeux sont faits. Une dépêche de l’Agence Chine nouvelle publiée samedi s’est ainsi lancée dans une véritable hagiographie d’un homme «déterminé et actif, un homme de réflexion et de sentiments profonds, un homme qui a hérité d’une histoire, mais n’hésite pas à innover et un homme qui a une vision d’avenir et est décidé à travailler sans répit ».
Econews avec Lecho.be