Lors de la 10ᵉ édition du Forum Makutano, tenue à Kinshasa les 13 et 14 novembre 2024, Fabrice Lusinde, Directeur Général de la Société Nationale d’Électricité (SNEL), a exposé sa vision stratégique pour le développement du Grand Inga. Ce méga-projet hydroélectrique, considéré comme un moteur potentiel de la croissance économique en République Démocratique du Congo (RDC), nécessite une planification méthodique et réaliste.
Un plan en trois phases pour une ambition nationale
Intervenant lors d’un panel sur le thème « Où en est-on avec le Grand Inga ? En attendant Inga, l’heure des mini-réseaux », Fabrice Lusinde a présenté un schéma en trois phases pour structurer le développement de cet ouvrage monumental. Sa proposition repose sur des étapes successives, permettant une montée en puissance progressive de l’infrastructure et une exploitation optimale des ressources disponibles.
Phase 1 : La priorité immédiate – Inga 3
Selon Fabrice Lusinde, la priorité actuelle est la construction du barrage de la Bundi et de l’usine Inga 3. Cette première phase, qu’il estime pouvoir achever en 2032, implique :
– La finalisation des études : d’ici 2026, il est impératif de terminer les analyses techniques et environnementales nécessaires.
– Le financement initial : environ 8 à 9 milliards de dollars sont requis pour cette phase, soit un investissement annuel de 1,5 milliard de dollars entre 2025 et 2032.
– La construction et l’exploitation des deux premières turbines : ces équipements permettraient de produire les premiers revenus grâce à la vente d’électricité.
Fabrice Lusinde propose également de créer une Société de Projet Inga 3, à l’image de l’organisation mise en place pour Inga 1 entre 1968 et 1972, afin de centraliser les efforts de financement, de construction et d’exploitation.
Phase 2 : Extension et consolidation (2032-2040)
Une fois la phase initiale achevée, les revenus générés par les deux premières turbines serviront à financer l’ajout des autres turbines d’Inga 3. Cette deuxième phase, prévue entre 2032 et 2040, permettra d’augmenter significativement la capacité de production de la centrale, renforçant ainsi son rôle stratégique dans le mix énergétique du pays.
Phase 3 : Vision à long terme – Inga 4 à Inga 8
À partir de 2032, Fabrice Lusinde envisage la construction des centrales suivantes, de Inga 4 à Inga 8. Ces extensions, intégrées au programme d’industrialisation national (2035-2050), permettront de maximiser l’exploitation du potentiel hydroélectrique de la RDC. Les revenus générés par ces nouvelles infrastructures serviront également à rembourser les investissements initiaux liés aux travaux de génie civil du barrage de la Bundi.
Un cadre global pour 2025-2029
Outre la vision spécifique pour le Grand Inga, le DG de la SNEL a également présenté un aperçu des projets structurants et intégrateurs prévus pour la période 2025-2029. Ces initiatives s’inscrivent dans la Politique des entreprises du Portefeuille adoptée par le Conseil des Ministres le 20 septembre 2024 et visent à améliorer l’accès à l’électricité à travers tout le pays.
Un défi d’envergure, mais réaliste
Le Grand Inga est souvent décrit comme l’un des projets énergétiques les plus ambitieux au monde. Cependant, les obstacles restent nombreux : financements, coordination entre les parties prenantes, et défis environnementaux. Fabrice Lusinde, en expert averti, insiste sur l’importance d’une approche méthodique, étape par étape, pour transformer ce rêve en réalité.
Avec cette vision claire et structurée, la RDC pourrait non seulement répondre à ses besoins énergétiques internes, mais aussi devenir un fournisseur clé d’électricité pour le continent africain. Le chemin est long, mais le plan proposé par Fabrice Lusinde offre une lueur d’espoir pour un avenir énergétique durable.
Tighana MASIALA
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