Après six ans de gouvernance marqués par l’assurance, parfois l’arrogance du pouvoir, l’UDPS semble rattrapée par la réalité. La progression fulgurante des rebelles de l’AFC/M23 dans l’Est de la RDC agit comme un électrochoc, brisant l’illusion d’une maîtrise totale de la situation. Et c’est par la voix d’Augustin Kabuya, secrétaire général et président ad intérim du parti, que l’aveu tombe : les cadres du parti, pourtant bénéficiaires des privilèges du pouvoir depuis 2019, n’ont pas été à la hauteur des attentes, ni du Chef de l’État ni du peuple congolais.
Un tel mea culpa, venant d’un homme réputé pour sa loyauté indéfectible envers le président Félix Tshisekedi, ne peut être anodin. Il traduit un profond malaise au sein du parti présidentiel, un malaise qui couve depuis des mois et qui éclate aujourd’hui au grand jour sous la pression des événements. Car au-delà des querelles internes et des jeux d’influence qui gangrènent l’UDPS, c’est bien la situation nationale qui force cette introspection.
Depuis son accession au pouvoir, l’UDPS s’est voulue porteuse d’un projet de transformation radicale, une rupture avec les pratiques du passé et une promesse de gouvernance exemplaire. Or, à mesure que les années passent, ce discours s’est heurté aux réalités du pouvoir : clientélisme, favoritisme, manque de résultats concrets, et surtout une incapacité à gérer efficacement les défis sécuritaires et socio-économiques du pays.
Cette confession publique de Kabuya peut-elle marquer un tournant ? Si l’UDPS veut tirer les leçons de cette crise, elle doit aller bien au-delà des déclarations d’introspection. Car reconnaître ses erreurs est une chose, mais y remédier en est une autre. Il ne suffit pas de s’accuser mutuellement d’ingratitude envers le Chef de l’État, ni de dénoncer les manquements internes : il faut proposer des solutions concrètes et urgentes.
La première urgence est sécuritaire. Face à la menace que représente l’AFC/M23, le gouvernement ne peut plus se permettre de naviguer à vue. Il faut une stratégie claire, impliquant une meilleure coordination des forces de défense, une intensification des efforts diplomatiques et un engagement total à protéger les populations locales. Laisser la situation se détériorer davantage reviendrait à hypothéquer le peu de crédibilité qui reste encore à l’actuel régime.
La seconde urgence est politique. L’UDPS doit se réformer, rompre avec la complaisance et la culture de l’auto-congratulation qui l’a caractérisée ces dernières années.
Enfin, il y a l’urgence sociale. La population congolaise, qui a cru aux promesses de Félix Tshisekedi en 2019, n’attend pas de l’UDPS des regrets, mais des résultats.
L’aveu de Kabuya est un signal fort, mais il ne saurait suffire. L’heure est aux décisions courageuses. Car si l’UDPS ne parvient pas à rectifier le tir, c’est non seulement son avenir qui est en jeu, mais aussi celui du pays tout entier.
Econews