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«Complotistes », selon Kinshasa, Shadary, Minaku et Kambere interdits de sortie du territoire national (Communiqué)

Trois membres influents du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation de l’ancien président Joseph Kabila, ont été placés sous interdiction de sortie du territoire national à l’issue d’une audition marathon à l’auditorat militaire de Kinshasa, ce lundi 10 mars 2025. Bien que relaxés après plusieurs heures d’interrogatoire, ces cadres restent «à la disposition de la justice», selon un communiqué de la Direction générale de migration (DGM) publié le même jour.

A Kinshasa, les autorités judiciaires les soupçonnent d’être des relais de la coalition rebelle AFC/M23 et les qualifient désormais de «complotistes».

Convoqués dans le cadre d’une enquête non précisée, les trois cadres du PPRD ont été soumis à un interrogatoire serré par les autorités militaires. Les questions ont notamment porté sur leurs éventuels contacts avec des groupes armés, selon des sources proches du dossier. Bien qu’aucune charge formelle n’ait été retenue pour l’instant, la DGM a justifié l’interdiction de sortie par « des présomptions sérieuses nécessitant des investigations approfondies ».

Selon des indiscrétions, les trois hommes sont accusés d’avoir servi d’intermédiaires entre des cercles politiques proches de l’ancien régime et la rébellion AFC/M23, que Kinshasa accuse d’être soutenue par le Rwanda. Le gouvernement congolais, qui qualifie régulièrement cette coalition de «menace terroriste», voit dans ces allégations une preuve de «complots internes» visant à déstabiliser le pays.

«Ces individus ont agi en sous-main pour alimenter l’instabilité dans l’Est. Leur rôle est désormais sous la loupe », a déclaré une source sécuritaire sous couvert d’anonymat.

UN CLIMAT POLITIQUE ELECTRIQUE

Cette affaire survient dans un contexte de tensions persistantes entre la majorité présidentielle de Félix Tshisekedi et l’opposition, dont le PPRD reste une figure de proue. Depuis la passation de pouvoir en 2019, les relations entre les partisans de Kabila et l’administration Tshisekedi sont marquées par des accusations réciproques de sabotage et de trahison. Le PPRD n’a pas encore réagi officiellement à ces accusations, mais des proches du parti dénoncent une «manœuvre politique» pour discréditer l’opposition.

Si les trois cadres du PPRD échappent pour l’heure à une détention, leur placement sous contrôle judiciaire et l’interdiction de quitter le territoire national soulèvent des questions sur les preuves détenues par les autorités. L’auditorat militaire pourrait requérir leur inculpation pour «atteinte à la sûreté de l’État» ou «collaboration avec des groupes armés», des chefs passibles de peines lourdes, selon le Code pénal congolais.

LES RAISONS DE L’AUDITION

Aubin Minaku, le vice-président du parti, Emmanuel Ramazani Shadary, le secrétaire permanent, et son adjoint, Ferdinand Kambere, ont été interrogés sur des accusations de complicité avec les rebelles du M23/AFC, soutenus par l’armée rwandaise.              Après leur audition, les trois hommes ont été relâchés, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux.

La convocation des responsables du PPRD fait suite à une des rares sorties médiatiques de l’ex-président Joseph Kabila, publiée le 23 février par le journal The Sunday Times basé en Afrique du Sud. Dans cette tribune, Kabila avait évoqué des questions politiques et sécuritaires, provoquant des réactions parmi les dirigeants du PPRD, qui ont depuis annoncé leur intention de revenir sur la scène politique. La justice congolaise a voulu obtenir des éclaircissements sur certaines prises de position de Joseph Kabila.

«L’auditorat a dit qu’il voulait avoir de l’éclairage, d’une phrase assassine qui était dit dans le contexte de l’installation du nouveau comité. Le vice-président aurait sorti un mot que ‘’finit les temps de silence, finit le temps des actions clandestines. Et ils ne se sont arrêtés qu’à ça », a expliqué Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint du PPRD qui fait partie des cadres du parti auditionnés.

Pour l’heure, cette affaire rappelle les fractures politiques qui traversent la RDC, où la lutte contre l’insécurité dans l’Est se double d’une guerre de l’ombre entre factions rivales à Kinshasa. Le dossier pourrait également raviver les débats sur l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques, une critique récurrente de l’opposition.

Francis N.

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