Un vent de changement semble souffler sur le cabinet présidentiel. Après un discours sans équivoque d’Anthony Nkinzo Kamole, directeur de cabinet du Chef de l’État, lors d’une réunion cruciale ce lundi, la question d’un vaste remaniement se pose avec acuité. Le ton était clair et l’avertissement solennel : chaque membre du personnel doit désormais incarner « la dignité, la crédibilité et les valeurs de la République », sous peine d’être emporté par le vent violent qui s’annonce. Professionnalisme, loyauté absolue et devoir de réserve sont désormais les maîtres-mots, alors qu’un séminaire sur l’éthique et les procédures administratives se profile à l’horizon. Entre simple rappel à l’ordre et prélude à un grand ménage, cette mise au point fait déjà bruisser les couloirs de la ville haute. La Présidence de la République prépare-t-elle une refonte en profondeur de son équipe ? La réponse pourrait venir plus tôt que prévu.
L’atmosphère est électrique au sein de l’administration présidentielle où se prépare ce qui ressemble fort à un vaste remue-ménage. Les récentes déclarations du directeur de cabinet du Chef de l’État, Anthony Nkinzo Kamole, ont jeté un froid parmi le personnel de la Présidence de la République.
Lors d’une réunion tenue lundi au palais de la Nation, Anthony Nkinzo a adressé un message clair à l’ensemble du personnel. Une façon de leur dire subtilement : Mettez-vous au travail pour ne pas être emportés par le vent violent qui va bientôt souffler à la Présidence.
Cette mise en garde, faite sur instructions expresses du Président de la République, s’est accompagnée d’exigences précises, notamment le respect strict du cadre légal et des procédures administratives, le professionnalisme et devoir de réserve absolus, la loyauté sans faille envers l’autorité suprême ainsi que l’interdiction formelle de toute prise de position personnelle sur des sujets sensibles
Pour encadrer cette nouvelle discipline, un séminaire sur les procédures administratives et la conduite morale est annoncé dans les prochains jours. Cette initiative est perçue par certains observateurs comme une dernière chance donnée au personnel avant d’éventuelles mesures drastiques.
Spéculations dans la ville haute
Dans les couloirs du pouvoir, les interprétations divergent. Est-ce une simple remise en ordre après des dysfonctionnements constatés ? Serait-ce un prélude à un vaste remaniement du cabinet présidentiel, la préparation d’un nouveau chapitre politique nécessitant une équipe resserrée ? Autant de questions qui taraudent les esprits.
«Quand le directeur réunit le cabinet du Chef de l’Etat, l’histoire nous apprend que cela précède généralement des changements majeurs », a fait part à Econews un habitué des cercles du pouvoir.
Si aucune liste nominative ne circule encore officiellement, les spéculations vont bon train concernant, entre autres, les conseillers peu productifs ou trop indépendants, les ambassadeurs itinérants aux missions floues et les coordonnateurs des agences spécialisées de la Présidence de la République.
L’annonce du 2 mai
L’on se rappelle qu’au cours de la réunion du Conseil des ministres du 2 mai 2025, le Président de la République avait exprimé la nécessité « des mesures urgentes additionnelles de redressement des finances publiques ».
Présentant le tableau d’un amenuisement des recettes par le faut de la guerre dans l’Est et de l’accroissement des dépenses, essentiellement sécuritaires, le Président de la République a rappelé que « notre pays a pris des engagements importants vis-à-vis des institutions de Bretton Woods, en particulier le Fonds Monétaire International, dans le cadre d’un programme d’appui fondé sur la Facilité Elargie de Crédit et la Facilité pour la Résilience et la Durabilité. De manière concrète, les mesures exceptionnelles nécessaires porteront sur la rationalisation des dépenses relatives à certaines institutions dont la pertinence n’est plus avérée, mais qui continuent de mobiliser des ressources publiques importantes ».
De l’avis du Chef de l’Etat, des coupes seront indispensables dans les dépenses. Aussi, a-t-il instruit le Gouvernement de « lancer un processus d’identification des structures créées ces dernières années, notamment au sein des ministères, et d’analyse leur valeur ajoutée au regard des ressources qui leur sont allouées tant en termes de dépenses directes provenant du Trésor public qu’en ressources publiques indirectement mobilisées, alors qu’elles auraient pu être centralisées dans le compte général du Trésor ».
Il a également insisté sur le fait que « son Cabinet est également concerné par cet effort de rationalisation ».
Dans cette perspective, le Président de la République a engagé instamment la Première Ministre et avec l’appui étroit de son Cabinet, de proposer, dans les plus brefs délais, une méthodologie claire et de conduire ce travail avec célérité et rigueur. A l’issue de cette évaluation, des mesures allant de la suppression pure et simple ou de reconfiguration optimisée de certaines structures seront envisagées.
« Nous devons être conscients qu’une offre économique innovante est indispensable pour dégager les ressources nécessaires aux projets structurants, porteurs d’amélioration du bienêtre de notre population. Cette offre économique ne saurait être dissociée d’un redressement réfléchi, efficace et durable de nos finances publiques», a-t-il conclu.
La réunion du lundi avec tout le personnel du cabinet de la Présidence de la République s’inscrirait-il dans ce schéma ? Y a-t-il certaines agences ou cellules spécialisées de la Présidence de la République – une vingtaine, dit-on – qui devaient fermées pour dégager des économies en termes des ressources budgétaires ? C’est fort probable.
Une chose est certaine : le Palais de la Nation vit des heures cruciales. Reste à savoir si ce coup de balai annoncé sera cosmétique ou historique dans son ampleur.
Hugo Tamusa

