Depuis Goma, ville occupée par la coalition AFC/M23, Joseph Kabila, le chef de l’Etat honoraire, mène une série de consultations avec des forces vives des territoires en proie à l’occupation rebelle. Une démarche qui, loin d’être anodine, relance le débat sur son rôle et ses ambitions dans une République Démocratique du Congo en quête de stabilité.
Présenté par certains comme un « homme du passé », l’ancien chef de l’État s’impose pourtant, par effraction, dans l’actualité politique. Et comme à son habitude, il cultive le mystère, laissant planer le doute sur ses intentions réelles.
Six ans après avoir quitté le pouvoir en janvier 2019, Joseph Kabila demeure une figure incontournable, voire inévitable, de la scène politique congolaise. Ses récentes initiatives – rencontres, déclarations voilées, déplacements calculés – soulèvent une question centrale : que cherche-t-il vraiment ?
Est-ce une simple volonté de rester pertinent dans un paysage politique en mutation, ou prépare-t-il une manœuvre plus large, voire un retour en force ?
L’ancien président a toujours excellé dans l’art de l’ambiguïté. Peu loquace, imprévisible, il laisse ses actions parler pour lui, tandis que ses silences alimentent les conjectures. Cette fois encore, ses consultations et ses prises de position indirectes entretiennent un flou calculé.
Certains y voient une tentative de positionnement en médiateur, voire en recours face à l’instabilité grandissante dans l’Est. D’autres soupçonnent une manœuvre pour reprendre l’initiative politique dans un contexte où le pouvoir actuel, fragilisé par les défis sécuritaires et économiques, peine à convaincre.
La grande inconnue reste l’objectif final de ces démarches. Joseph Kabila prépare-t-il un come-back, ou cherche-t-il simplement à peser sur les équilibres politiques sans en prendre directement les commandes ? Difficile à dire.
Le plus évident est que Kabila refuse d’être conjugué au passé. C’est un homme qui, tout en feignant de se retirer, reste un acteur clé dans l’ombre. Mais jusqu’où peut-il aller sans provoquer une réaction brutale du pouvoir en place ou de la communauté internationale ?
L’ombre de Kabila plane toujours. C’est le moins que l’on puisse dire.
Joseph Kabila n’a pas dit son dernier mot. Qu’on l’admire ou qu’on le redoute, il reste un stratège imprévisible, capable de rebattre les cartes à tout moment. Dans un pays où les transitions politiques sont rarement linéaires, son retour sur le devant de la scène – même discret – rappelle que, en RDC, le passé ne passe jamais vraiment.
Les mois à venir diront si ses consultations de Goma ne sont qu’une passe politique ou le prélude à un nouveau chapitre, plus tumultueux, de l’histoire congolaise. En attendant, une chose est certaine : l’énigme Kabila continue de fasciner et d’inquiéter.

