Washington a vibré ce vendredi au rythme d’un accord inédit entre la RDC et le Rwanda, scellé sous le regard vigilant des États-Unis. Une promesse de paix pour les Grands Lacs, mais une ombre persiste : les FDLR, ces rebelles rwandais réfugiés en sol congolais depuis le génocide de 1994. Kinshasa s’engage à les neutraliser, Kigali exige des preuves. Et si l’échec sur ce dossier venait faire capoter l’accord avant même son application ?
Un moment historique s’est déroulé, ce vendredi 27 juin à Washington, où la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont scellé un accord de paix sous les auspices des États-Unis. Cérémonie solennelle au Département d’État, puis passage symbolique à la Maison Blanche : les délégations des deux pays, conduites par Thérèse Kayikamba Wagner pour la RDC et Olivier Nduhungirehe pour le Rwanda, ont présenté à Donald Trump l’accord destiné à apaiser les tensions dans la région des Grands Lacs.
Dans le mythique Bureau ovale, les deux nations ont tourné une page de discours belliqueux. Finies les invectives contre le « poison rwandais », finie la diabolisation de Kigali. Les deux pays se sont engagés, devant le président américain, à œuvrer ensemble pour la stabilité régionale. « Gare à celui qui se mettra en travers de cet accord, a averti Trump. Il trouvera les États-Unis sur son chemin. »

Les FDLR, l’obstacle tenace
Pourtant, derrière les déclarations optimistes, une ombre plane : celle des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), ces rebelles hutus rwandais, accusés d’avoir participé au génocide de 1994 et réfugiés depuis en RDC. Kinshasa s’est engagé à les « neutraliser » pour consolider l’accord. Le Rwanda, de son côté, exige des actes concrets avant de s’investir pleinement dans le processus.
« La RDC doit donner la preuve de sa bonne foi », a rappelé le ministère rwandais des Affaires étrangères. Un défi de taille pour Kinshasa, qui peine depuis des années à déloger ces groupes armés, souvent mêlés aux rivalités locales et aux enjeux miniers.
Les FDLR restent une écharde dans la peau de la RDC, un problème récurrent que chaque accord international ramène sur la table.
La MONUSCO salue la signature de l’accord de paix
La Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a salué la signature, vendredi 27 juin à Washington, d’un accord de paix entre les gouvernements de la République démocratique du Congo et de la République du Rwanda, sous l’égide du Département d’État américain, lit-on dans un communiqué parvenu à Econews.
« Cet accord représente une étape encourageante en faveur de la cessation des hostilités, de la désescalade des tensions régionales et du rétablissement durable de la paix et de la stabilité dans l’est de la RDC et dans la région des Grands Lacs », a déclaré Mme Vivian van de Perre, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies en RDC et Cheffe par intérim de la MONUSCO.
La MONUSCO salue le rôle déterminant joué par les États-Unis dans la facilitation de cet accord, en étroite collaboration avec l’État du Qatar, le Médiateur de l’Union africaine, Son Excellence M. Faure Essozimna Gnassingbé, Président du Conseil des ministres de la République togolaise, ainsi que les cinq co-facilitateurs désignés par la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
La MONUSCO appelle toutes les parties à mettre en œuvre, de bonne foi, les engagements contenus dans l’accord, notamment le respect du cessez-le-feu et des dispositions prévues par la résolution 2773 (2025) du Conseil de sécurité.
Conformément à son mandat, la Mission réaffirme sa pleine disponibilité à soutenir la mise en œuvre de cet accord, en coordination étroite avec le Gouvernement congolais, l’Union africaine, les organisations régionales et l’ensemble des partenaires internationaux. La MONUSCO reste mobilisée aux côtés des populations congolaises pour appuyer les efforts de paix, de dialogue et de protection des civils dans les zones affectées par le conflit.

L’avenir de l’accord en jeu
Si cet engagement est salué par l’Union africaine, beaucoup d’observateurs restent sceptiques. La neutralisation des FDLR est un préalable exigé par Kigali, mais leur éradication semble un casse-tête insoluble pour Kinshasa, miné par l’instabilité interne et les divisions politico-militaires.
« C’est sur ce point précis que se jouera l’avenir de l’accord, souligne un diplomate en poste à Kinshasa. Si les FDLR ne sont pas désarmés, le Rwanda pourrait invoquer leur présence pour justifier de nouvelles interférences en RDC. »
Les mois à venir seront décisifs. La RDC parviendra-t-elle enfin à se débarrasser de ce fardeau, ou cet accord rejoindra-t-il la longue liste des promesses non tenues ? La réponse déterminera si la paix dans les Grands Lacs est enfin possible, ou si le cycle de la méfiance et des conflits persistera.
Econews
Brève intervention de Therèse Kayikwamba dans le Bureau ovale devant Donald Trump (*)
« Merci infiniment, Monsieur le Président, de nous avoir accueillis ici. Je pense pouvoir résumer ma contribution en trois points principaux.
Tout d’abord, merci et félicitations pour cette étape remarquable qui met fin à 30 années de conflit et de souffrances, et qui redéfinit les perspectives de millions de Congolais et de citoyens de la région élargie des Grands Lacs.
Le deuxième point : restez engagés, restez à nos côtés. Nous avons besoin des États-Unis pour veiller à ce que cet accord tienne et pour que vous nous demandiez des comptes.
Et le troisième point : si vous restez engagés, je pense qu’il existe de nombreuses perspectives à travers lesquelles nous pourrons transformer notre partenariat et ouvrir une ère de prospérité, de croissance et de relations bilatérales partagées, allant bien au-delà des défis que nous avons traversés ensemble, et nous concentrer enfin sur le potentiel et les richesses que nous pouvons partager.
Encore une fois, toute notre profonde gratitude, en mon nom, mais surtout au nom du peuple de la République Démocratique du Congo.
Merci infiniment ».
(*) Traduit de l’anglais

