L’administration Trump dévoile sans fard sa nouvelle politique africaine : un marchandage brutal où les minerais stratégiques s’échangent contre des promesses de sécurité. La récente rencontre entre le président américain et cinq chefs d’État d’Afrique centrale et occidentale révèle une équation simpliste – nos ressources contre leur protection – qui rappelle fâcheusement les vieux démons du néocolonialisme.
La RDC, épicentre de ce nouveau grand jeu géostratégique, incarne cette ambivalence. L’accord américain entre Kinshasa et Kigali, présenté comme une avancée diplomatique, cache mal une réalité plus prosaïque : Washington cherche avant tout à sécuriser ses approvisionnements en cobalt, cuivre et autres minerais critiques, indispensables à sa transition énergétique et à sa suprématie technologique. La méthode rappelle étrangement les pressions exercées sur l’Ukraine, mais avec une subtilité toute africaine : on troque ici les canons contre les concessions minières.
Cette relation asymétrique pose une question fondamentale : l’Afrique devient-elle le nouveau terrain de jeu des grandes puissances en quête de ressources, ou saura-t-elle négocier un partenariat équitable ? Les craintes exprimées par l’opinion publique africaine sont légitimes.
Derrière le discours sur la coopération mutuellement bénéfique se profile le risque d’un nouvel asservissement, plus sophistiqué que la colonisation d’hier mais tout aussi aliénant. Le véritable enjeu dépasse la simple transaction commerciale.
Si les États-Unis veulent réellement être des partenaires de l’Afrique, ils doivent accepter de soutenir son industrialisation plutôt que de perpétuer une logique extractive. La sécurité promise ne vaudra que si elle s’accompagne de transferts technologiques, de développement des infrastructures et surtout, du respect de la souveraineté des nations africaines.
L’administration Trump teste les limites de l’influence américaine en Afrique. Mais les dirigeants africains feraient bien de se souvenir que les ressources minières sont épuisables, alors que les dépendances stratégiques, elles, peuvent s’avérer éternelles. Le temps est venu de négocier debout, ou de préparer les générations futures à un nouveau cycle de domination.
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