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Tshisekedi décapite l’empire minier de Kabila : 600 titres récupérés par l’État

Dans un vaste coup de balai, le président Félix Tshisekedi a frappé un grand coup en récupérant près de 600 titres miniers, anciennement contrôlés par les réseaux de l’ex-président Joseph Kabila. Cette opération d’envergure, menée avec l’appui du Cadastre minier (CAMI), a permis à l’État congolais de reprendre le contrôle de plus de 31.000 km² de concessions, marquant un tournant dans la gouvernance des ressources naturelles du pays. Présenté officiellement au ministre national des Mines, ce rapport confirme la volonté du pouvoir actuel d’assainir un secteur minier longtemps dominé par des opacités. « Ce n’est pas un simple ajustement administratif », souligne une source au ministère des Mines. Objectif affiché : relancer une exploitation transparente et maximiser les retombées économiques pour la RDC, premier producteur mondial de cuivre et de cobalt. Une décision qui assoit un peu plus l’autorité de Tshisekedi face aux vestiges de l’ancien régime.

Dès son accession au pouvoir en janvier 2019, le Président Félix Tshisekedi avait fait de la lutte contre les héritages opaques du régime Kabila une priorité. Après avoir remporté des batailles politiques, c’est désormais dans le secteur minier, cœur de l’économie congolaise, que le Chef de l’État frappe un grand coup.

Dans une opération d’envergure orchestrée avec l’appui technique du Cadastre minier (CAMI), près de 600 titres miniers et de carrières ont été récupérés par l’État, selon un rapport officiel présenté récemment au ministre national des Mines. Cette reprise massive, couvrant plus de 31.000 km² de territoires miniers, marque un tournant dans la gouvernance des ressources naturelles en République Démocratique du Congo (RDC).

En effet, ce rapport symbolise la volonté des autorités congolaises de tourner la page d’une gestion opaque. Reste à savoir comment ces titres seront réattribués : par appel d’offres publics ou via des partenariats stratégiques avec des investisseurs crédibles ?

Un coup dur pour l’empire Kabila

Pendant près de 18 ans, Joseph Kabila et son réseau ont dominé le secteur minier congolais, accumulant des concessions souvent attribuées dans des conditions opaques. Cette mainmise avait alimenté des soupçons de corruption et de captation des richesses au détriment du Trésor public.

La récupération de ces titres, dont beaucoup étaient détenus par des sociétés écrans ou des proches de l’ancien régime, s’inscrit dans une stratégie d’assainissement du fichier cadastral. «Ce n’est pas un simple ajustement administratif », a confié une source au ministère des Mines à RFI. «Il s’agit de reprendre le contrôle d’un secteur vital pour l’économie nationale.

Un secteur à assainir

Le secteur minier congolais, pilier stratégique de l’économie nationale, est depuis longtemps marqué par de nombreuses irrégularités. En 2024, l’État reconnaissait environ 2.000 permis de recherche couvrant plus de 140.000 kilomètres carrés, alors que le nombre de permis d’exploitation restait bien plus limité. Dans certains cas, des entreprises détentrices de simples permis de recherche s’adonnent directement à des activités d’exploitation sans en avoir l’autorisation.

D’autres sociétés, quant à elles, conservent des titres sans les valoriser, dans une logique de gel spéculatif. À cela s’ajoutent des cas de non-paiement des droits et de détention irrégulière de permis par des personnes physiques.

20% du territoire national est véritablement exploré

Face à ces dérives, le gouvernement congolais a décidé d’accélérer la reprise en main du secteur. Le Cadastre Minier a ainsi lancé, le 11 juillet, un appel d’offres pour l’acquisition de drones, destinés à améliorer la cartographie et la délimitation des sites. Les entreprises intéressées ont jusqu’au 11 août 2025 pour soumettre leurs dossiers.

Cette intensification des efforts de contrôle intervient dans un contexte géopolitique particulier. La RDC entend reprendre le contrôle de ses actifs miniers, au moment où les États-Unis multiplient les initiatives pour sécuriser leur accès aux minerais critiques, en lien avec leur soutien aux efforts de pacification dans l’est du pays.

Dans ce cadre, la société américaine KoBold Metals, appuyée par l’administration de Donald Trump, a signé un protocole d’accord avec le Cadastre Minier et le Service géologique national du Congo. L’objectif : numériser les archives géoscientifiques.

À ce jour, selon les autorités congolaises, moins de 20 % du territoire national est véritablement exploré. De nombreux permis restent dormants, parfois au sein même d’entreprises publiques. Les Américains s’intéressent tout particulièrement au plus grand gisement de lithium de roche dure, encore inexploité, ainsi qu’au coltan de Rubaya, toujours exploité de manière artisanale.

Quelles conséquences ?

Si cette opération renforce la légitimité de Tshisekedi dans sa promesse de «déboulonner le système», elle pourrait aussi attiser les tensions avec les partisans de l’ancien régime. Joseph Kabila, bien que retiré de la scène politique active, conserve des alliés influents dans les milieux économiques.

Par ailleurs, la sécurisation des zones minières, souvent exploitées illégalement par des groupes armés ou des trafiquants, reste un défi majeur. La récupération des titres ne suffira pas sans une réforme en profondeur de la gouvernance minière et une meilleure traçabilité des minerais.

Avec cette vaste opération, Félix Tshisekedi envoie un message clair : l’ère des concessions opaques est révolue. Reste à transformer l’essai en garantissant une redistribution équitable des richesses minières, au profit d’un développement durable pour le peuple congolais.

Hugo Tamusa

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