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Prince Epenge sur TV5Monde : «Un Gouvernement d’ouverture, pour quoi faire ? »

Invité sur TV5Monde/Afrique, Prince Epenge, porte-parole de la plateforme d’opposition Lamuka et président du parti ADD.Congo, a livré une analyse sans concession de la situation politique en RDC. Alors que se profile un remaniement ministériel et que les processus de paix de Washington et de Doha peinent à endiguer la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC, l’opposant a réaffirmé l’urgence d’un dialogue national inclusif, cheval de bataille de Martin Fayulu. Interrogé sur un éventuel rapprochement avec le pouvoir après la rencontre entre Fayulu et Tshisekedi, Epenge a balayé toute idée de partage de postes : « Ce n’est pas une question de frères ennemis, mais de sauver le Congo au bord du précipice. » Quant à une participation de Lamuka au futur gouvernement Suminwa 2, il reste catégorique : «Pas sans un vrai dialogue pour réconcilier les Congolais ». Un entretien où transparaît la quête d’une solution durable, loin des calculs politiciens.

En marge de son séjour en Europe, Prince Epenge, Porte-parole de la plateforme de l’opposition Lamuka et Président du parti Action pour la Démocratie et le Développement au Congo (ADD.Congo), a été reçu sur le plateau de TV5Monde. Au cours de cette interview, cet acteur politique de l’opposition a donné sa position sur les questions politiques de l’heure, comme le prochain remaniement du Gouvernement et les processus de paix de Washington et de Doha, pour mettre fin à la guerre qui sévit dans la partie orientale de la RDC.

Prince Epenge est notamment revenu sur la nécessité de l’organisation d’un dialogue national et inclusif entre congolais, cheval de bataille de bataille de Martin Fayulu, leader de Lamuka, pour résoudre la crise multiforme dont fait face la RDC.

«Ça fait deux ans et demi que la coalition Lamuka se bat pour qu’il y ait dialogue national inclusif, parce que nous estimons que le Congo est en ce moment confronté à des crises multiples. La crise qui est beaucoup plus commentée, c’est la crise sécuritaire. Il y a également la crise politique, liée à la contestation des institutions, ainsi que la crise sociale. Nous pensons que, pour résoudre ces trois crises, les enfants du Congo doivent se retrouver autour de la table et doivent discuter ensemble, pour se dise des vérités, pour se réconcilier et pour pacifier le pays. Mais, vous savez que, dans 30 mois, il y aura des élections générales. Selon notre Constitution, nous sommes à deux ans et demi de la fin du mandat de celui qui dirige actuellement le Congo. Donc, on ne peut pas aborder ces échéances sans qu’il y ait réconciliation,  sans qu’il y ait cohésion. D’où, la nécessité de la tenue d’un dialogue entre Congolais », a-t-il indiqué.

Au sujet de la rencontre du 5 juin dernier entre Martin Fayulu et Félix Tshisekedi, le porte-parole de Lamuka a reprécisé qu’il n’était nullement question d’un rapprochement politique pour se partager le pouvoir mais de la recherche des solutions pour résoudre définitivement la crise multiforme qui sévit dans le pays : «Certains disent que c’est un rapprochement de deux frères ennemis ou de deux frères adversaires. Mais le plus important, ce n’est pas le rapprochement,  le plus important c’est pour quel objectif, qu’est-ce que Martin Fayulu cherche en allant parler à Félix Tshisekedi ? Certainement pas des postes mais comment sauver l’unité du Congo? Tout le monde s’accorde à dire que le Congo est au bord du précipice, le Congo est en passe d’être balkanisé. Et pour mettre un terme à ce processus,  Martin Fayulu a jugé bon de parler à Félix Tshisekedi, et pas qu’à Félix Tshisekedi. Vous vous souviendrez que, quelques mois avant de rencontrer Félix Tshisekedi, il avait déjà signé un communiqué commun avec l’ancien Président Joseph Kabila et bien avant, il avait échangé avec Moïse Katumbi. Donc, pour Martin Fayulu, il faut rassembler, il faut parler avec tous les filles et fils du Congo ».

Pas intéressé par Suminwa 2

A la question de savoir si les sociétaires de la coalition Lamuka pourraient faire partie du Gouvernement Suminwa 2 en gestation, le porte-voix de la famille politique de Martin Fayulu a répondu que cela ne peut être possible qu’après la tenue d’un dialogue national inclusif : «Lamuka dit et le répète que, pour elle, d’abord c’est le dialogue national inclusif. Il faut qu’on se dise des vérités, il faut qu’on panse les plaies, il faut qu’on réconcilie les cœurs, il faut qu’on apaise les esprits. Et quand nous avions rencontré Monsieur Tshisekedi, il semblait être disposé à parler avec ses frères congolais. C’est ce que nous avions encouragé. Maintenant, on parle d’un Gouvernement d’ouverture, pour atteindre quel objectif ? Je crois que ce sont ceux qui ont initié cette démarche-là qui peuvent nous répondre. Mais en ce qui nous concerne, nous disons qu’on n’entre pas au Gouvernement par pitié, par peur, par chantage, par menace et intimidation. C’est par conviction qu’on entre au Gouvernement. Et la conviction, pour nous Lamuka et ADD. Congo, c’est d’abord que nous nous retrouvions autour d’une table où nous allons nous dire des vérités et laver les linges sales en famille, comme congolaises et congolais. Et c’est après que nous allons nous entendre sur ce que nous pouvons faire ensemble ».

Quant aux processus de paix de Washington et de Doha, censés mettre fin à l’activisme militaire de l’AFC-M23, soutenue par l’agresseur rwandais, Prince Epenge se montre plutôt réservé : «Nous pensons que les efforts qui sont déployés, actuellement,  notamment ce qui a été fait à Washington, l’accord du principe, et la déclaration de principes de Doha, c’est encourageant ! C’est un petit pas qui a été effectué dans la bonne direction mais ces deux accords ne suffisent pas. Le Congo est au bord du précipice. Nous devons prendre ces deux accords et les consolider à travers un dialogue national où les enfants du Congo vont voir qu’est-ce qu’on peut garder de ce qui a été fait à Washington, qu’est-ce qu’on peut garder de ce qui a été fait à Doha et qu’est-ce qu’on peut apporter ou consolider afin qu’on arrive à résoudre ces trois crises (politique, sécuritaire et humanitaire) de manière durable et irréversible ».

JR MOKOLO (CP)

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