Face à la prolifération de fausses informations qui empoisonnent régulièrement leurs relations, la République Démocratique du Congo et la République du Congo ont décidé de passer à l’offensive. Lors d’une rencontre à Kinshasa, les ministres Patrick Muyaya et Thierry Moungalla ont détaillé un plan concret de coopération, incluant des briefings communs et une réponse coordonnée, pour étouffer dans l’œuf les tentatives de manipulation et préserver l’entente historique entre les deux nations.
Le fleuve Congo les sépare, mais la lutte contre la désinformation les réunit. Dans un contexte africain où les fakes news deviennent une arme de déstabilisation massive, les deux capitales sœurs, Kinshasa et Brazzaville, viennent de sceller une alliance stratégique pour protéger leur espace informationnel commun et barrer la route aux manipulateurs.
Sur instructions directes de leurs présidents respectifs, Félix Tshisekedi et Denis Sassou N’Guesso, les ministres de la Communication Patrick Muyaya (RDC) et Thierry Moungalla (Congo-Brazzaville) se sont rencontrés ce lundi pour transformer cette volonté politique en actions concrètes.
Un écosystème médiatique commun, une vulnérabilité partagée
La proximité géographique et culturelle des deux pays crée un terrain particulièrement fertile pour la circulation et l’amplification de rumeurs et de fausses nouvelles. Ces dernières, souvent malveillantes, visent à « entacher la relation entre nos deux pays et à améliorer la perception de certains compatriotes », a expliqué Patrick Muyaya en pointant du doigt un problème récurrent qui menace la paix et la stabilité régionale.
« Nous avons reçu des instructions de nos Chefs d’Etat respectifs pour mettre la balle au centre », a pour sa part insisté Thierry Moungalla, dénonçant des manipulations qui nuisent à la « sérénité commune ».
Pour contrer cette menace, les deux responsables ont acté la mise en place d’un dispositif bilateral inédit. La mesure phare : l’organisation de briefings mixtes et alternés, qui se tiendront tantôt à Kinshasa, tantôt à Brazzaville. Objectif : assurer une communication officielle, vérifiée et synchronisée, privant ainsi les fake news de l’oxygène du vide informationnel.
Ils ont également officialisé la création d’un mécanisme permanent de concertation. Cette cellule de crise bilatérale aura pour mission de traiter en temps réel toute information sensible ou potentiellement explosive, permettant une réaction rapide et coordonnée pour démentir les intox avant qu’elles ne se propagent.
Au-delà de la réaction, un modèle de coopération régionale
Cette initiative dépasse la simple réponse technique à un problème ponctuel. Elle s’inscrit dans une dynamique plus large de raffermissement des « liens historiques et culturels » et ambitionne de servir de modèle de gouvernance de l’information en Afrique centrale.
Convaincus que la désinformation est un « serpent à multiples têtes », selon les mots de M. Moungalla, les deux ministres entendent pérenniser ce cadre d’échanges. Leur vision est claire : seule une collaboration étroite, fondée sur la transparence et la solidarité, permettra de garantir un environnement médiatique sain, indispensable à la stabilité et au développement durable des deux nations sœurs.
Econews