La conférence sur la paix et la sécurité de Thabo Mbeki en Afrique du Sud révèle les fractures de la scène politique congolaise. Alors que la majorité présidentielle (USN) a choisi de ne pas se faire représenter, l’ancien président Joseph Kabila a dépêché une délégation de quatre fidèles (Néhémie Mwilanya, André Kimbuta, Félix (CENCO et ECC) sont également présentes, dans un sommet qui rassemble les grands décideurs du continent. Vu de Kinshasa, l’initiative de Thabo Mbeki passe pour un fait divers.
L’absence remarquée de la majorité présidentielle congolaise plane sur la deuxième Conférence annuelle sur la Paix et la Sécurité en Afrique (APSD 2025), qui se tient actuellement à Gauteng, en Afrique du Sud. Alors que l’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki avait convié l’ensemble de la classe politique congolaise à cette rencontre de haut niveau, l’Union Sacrée de la Nation (USN) a brillé par son absence, choisissant de ne pas envoyer de représentants officiels.
Pour représenter l’opposition institutionnelle, l’ancienprésident Joseph Kabila a opté pour une stratégie de représentation à distance. Bien que n’ayant pas fait le déplacement lui-même, il a mandaté quatre de ses lieutenants les plus fidèles du Front Commun pour le Congo (FCC) pour y défendre ses positions : Néhémie Mwilanya, son ancien Directeur de Cabinet, André Kimbuta, ancien gouverneur de la ville de Kinshasa; Félix Momat, cadre influent du parti; et Francine Muyumba, ancienne sénatrice et figure connue sur la scène internationale.
OPPOSITION DIVISEE ET ÉGLISES PRESENTES
Du côté de l’opposition non-kabiliste, la participation a également été contrastée.
Martin Fayulu a purement et simplement rejeté l’invitation, tandis que Jean-Marc Kabund et des délégués de la plateforme LGD de Matata Ponyo n’ont pas obtenu de visa sud-africain.
Seules institutions congolaises unanimement représentées : les deux grandes confessions religieuses du pays.
L’Église du Christ au Congo (ECC) et la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) ont fait le déplacement, confirmant leur rôle traditionnel de médiateurs dans les processus de paix et de dialogue national.
Malgré les absences politiques congolaises, le sommet a rassemblé un aréopage impressionnant de décideurs et d’experts du continent. La cérémonie d’ouverture, présidée par Thabo Mbeki, a réuni d’anciens chefs d’État, des parlementaires, des diplomates et des responsables religieux venus de toute l’Afrique.
Le panel inaugural, placé sous le thème «Priorités pour la paix et la sécurité en Afrique dans un contexte de crises multiples», était animé par des figures de premier plan : Cassam Uteem, ancien président de Maurice; Joaquim Chissano, ancien président du Mozambique; et l’ambassadeur Welile Nhlapo, ancien conseiller à la sécurité nationale sud-africain.
L’absence notable de représentants du pouvoir congolais à ce rendez-vous régional important interroge sur la stratégie diplomatique de Kinshasa, particulièrement dans un contexte où l’Est de la RDC fait face à une crise sécuritaire majeure. Elle révèle également les fractures persistantes au sein de la classe politique congolaise, incapable de présenter un front uni sur la scène internationale pour défendre les intérêts nationaux.
HUGO TAMUSA