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Kamerhe dos au mur : loyauté à Tshisekedi ou tourner le dos à l’USN ?

Le couperet est tombé depuis New York (Etats-Unis). Alors que Vital Kamerhe pensait avoir maîtrisé sa sortie en démissionnant du perchoir, le Président de la République, Félix Tshisekedi, retourne la situation en lui renvoyant l’entière responsabilité de son avenir politique. Dans une déclaration équilibrée depuis New York, Félix Tshisekedi se présente en « Garant » neutre des institutions, mais adresse un message sans équivoque à son ancien frère d’armes : « Je te considère comme un allié… à moins que tu n’en décides autrement ». Une déclaration qui sonne comme un ultimatum poli et place Kamerhe devant un dilemme explosif : s’asseoir à la même table que ceux qui ont orchestré sa chute, ou tourner le dos à un pouvoir qu’il a contribué à bâtir. La suite dépendra de sa capacité à digérer l’affront ou à assumer une rupture qui ébranlerait les fondements de l’Union sacrée de la nation (USN), la majorité au pouvoir.

La démission surprise de Vital Kamerhe de la présidence de l’Assemblée nationale continue d’ébranler les fondations de l’Union sacrée. Loin de clore le chapitre de cette crise politique, son départ volontaire ouvre une période d’incertitude où l’ancien président du Parlement se trouve confronté à un choix existentiel : maintenir sa loyauté envers Félix Tshisekedi ou rompre avec une majorité dont certains membres lui ont porté un coup fatal.

Depuis New York (Etats-Unis) où il participe à la 80ème Assemblée générale des Nations Unies, le Président  de la République, Félix Tshisekedi, a brisé son silence sur cette affaire qui secoue Kinshasa. Adoptant une posture à la fois présidentielle et distanciée, le Chef de l’État a présenté sa version des faits avec un mélange de fermeté et de conciliation.

« Je n’y suis pour rien dans la pétition lancée contre Kamerhe », a-t-il déclaré aux médias, rejetant ainsi toute accusation d’implication directe dans la fronde parlementaire. Mais c’est dans la suite de sa déclaration que réside tout le sens de son message : « Je continue de le considérer comme un allié, comme un frère à moins qu’il en décide autrement ».

Cette phrase, en apparence fraternelle, fonctionne comme un ultimatum poli. Le président y affirme sa position tout en rejetant sur Kamerhe la responsabilité de la rupture potentielle.

Plus significative encore est la justification institutionnelle avancée par Tshisekedi : « Je suis le garant de la stabilité des institutions, mais cela ne m’autorise pas à m’immiscer dans leur fonctionnement ». Par ces mots, le Président de la République revendique à la fois son rôle d’arbitre suprême et sa volonté de respecter la séparation des pouvoirs.

« S’ils ont décidé de défier leur président, cela relève de leur gestion interne », a-t-il ajouté, reconnaissant implicitement l’existence d’une révolte au sein de l’Assemblée, tout en refusant d’y intervenir directement. Une position qui, selon plusieurs observateurs, masque mal une forme de calcul politique.

Le dilemme profond de Kamerhe

Pour Vital Kamerhe, cette prise de position présidentielle crée une situation particulièrement inconfortable. Plusieurs options s’offrent à lui, chacune avec ses risques :

Première option : rester dans l’Union sacrée. S’il choisit de maintenir sa loyauté envers Tshisekedi, Kamerhe devra cohabiter avec ceux qui ont orchestré sa chute. Cette perspective le condamnerait à une position affaiblie, devant composer avec des adversaires internes qui viennent de démontrer leur capacité à le faire tomber.

Deuxième option : la rupture. Une sortie de l’Union sacrée de la nation (USN) permettrait à Kamerhe de retrouver sa liberté politique et de constituer éventuellement un nouveau pôle d’influence. Mais cette option comporte le risque de l’isolement et d’une marginalisation progressive, sauf s’il parvient à entraîner avec lui une fraction significative de députés.

Troisième option : la temporisation. Une stratégie d’attente pourrait lui permettre de jauger les rapports de force réels au sein de la majorité avant de prendre une décision définitive.

Perspectives incertaines

Alors que Kinshasa retient son souffle, les prochains jours seront déterminants. Les partisans de Kamerhe attendent un signe clair, tandis que ses adversaires de l’Union sacrée espèrent probablement sa marginalisation définitive.

« Le Président Tshisekedi se prépare à toute éventualité, y compris une rupture », analyse un député proche du dossier sous couvert d’anonymat. Et d’ajouter : « Mais Kamerhe sait qu’une sortie de l’Union sacrée le marginaliserait davantage, sauf s’il parvient à entraîner un groupe conséquent de députés mécontents ».

Pour l’instant, l’ancien président de l’Assemblée nationale garde un silence stratégique. Ses proches affirment qu’il « pèse le pour et le contre », conscient que sa décision redéfinira non seulement son avenir politique, mais aussi les équilibres au sein de la majorité présidentielle.

La démission de Kamerhe n’était que le premier acte d’une recomposition politique aux conséquences durables. Le discours de New York a clarifié la position présidentielle : Tshisekedi se veut au-dessus de la mêlée, tout en maintenant une pression subtile sur son ancien allié. La balle est désormais dans le camp de Kamerhe.

Econews