Le Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Gombe a acquitté les meurtriers présumés de Merveille Mulumba, le fils de l’ancien DG de la RTNC, Freddy Mulumba Kabuayi. Un verdict en contradiction avec l’autopsie et les réquisitions du parquet, qui plonge la justice congolaise dans une crise de crédibilité et alimente les suspicions de pratiques mafieuses.
L’affaire du meurtre de Merveille Mulumba, fils de l’ancien directeur général de la RTNC Freddy Mulumba, vient de connaître un dénouement qui secoue la justice congolaise. Le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Kinshasa/Gombe a rendu un verdict d’acquittement dans le dossier RP31402, un arrêt perçu comme une insulte à la vérité et un aveu des dérives mafieuses au sein de l’appareil judiciaire.
Un meurtre attesté par la science
Le dossier semblait pourtant limpide. Le parquet avait requis un procès pour meurtre, une position catégoriquement défendue tout au long des audiences à la prison de Makala. La preuve centrale reposait sur un rapport d’autopsie médico-légale, réalisé le 3 février 2025 au CHU Renaissance, et rédigé par le Dr Kabasele Mputu.
Ce document, d’une clarté implacable, établit que Merveille Mulumba est mort sur le coup des suites d’un « violent mouvement de brisement ou de torsion du cou » ayant provoqué des fractures des vertèbres C1 et C2 et une section de la moelle épinière. Le médecin légiste conclut sans ambages : «sa mort est donc d’origine traumatique et de cause exogène (…) avec intervention des tiers ».
Un acquittement en dépit de l’évidence
Malgré ces éléments accablants, le TGI-Gombe a choisi d’acquitter les accusés. Cette décision surprise, intervenue de manière précipitée un week-end, est dénoncée comme le signe d’une «bonne mafia organisée » visant à libérer les assassins et à effacer les traces du dossier.
La crédibilité du tribunal est d’autant plus mise en cause que sa compétence même dans cette affaire est contestée. Saisi initialement pour « non-assistance à personne en danger », il s’était déclaré compétent alors que cette matière relève normalement du Tribunal de Paix (Tripaix). Ce faisant, il aurait délibérément négligé le cœur de l’affaire : l’infraction de meurtre, pourtant attestée par les procès-verbaux de la police et le rapport d’autopsie.
Une justice sous le feu des critiques
Cet « arrêt assassin contre l’État de droit » place la justice congolaise au centre d’un scandale brûlant. L’opinion publique, alertée depuis le début de cette affaire, s’interroge : le TGI de Kinshasa/Gombe a-t-il activement participé à étouffer ce crime ?
La suspicion d’une motivation politique est également soulevée, Freddy Mulumba étant connu pour son combat anti-balkanisation de la RDC, une position qui le mettrait en travers de la route de Kigali.
Le Président de la Cour d’Appel de Kinshasa/Gombe a été alerté de cette situation. Son silence face à ce qui ressemble à une déroute judiciaire sera diversement interprété. Dans un pays où le chef de l’État prône une « thérapie de choc » pour assainir les institutions, ce dossier devient le symbole de l’urgence d’une réforme en profondeur. La balle est désormais dans le camp des plus hautes autorités judiciaires pour rétablir la confiance et faire toute la lumière sur ce qui s’apparente à un déni de justice.
Merveille Mulumba était un architecte congolais, fils de Freddy Mulumba, qui a été assassiné à Kinshasa dans la nuit du 22 au 23 janvier 2025. Sa mort, confirmée comme un meurtre par l’autopsie, a fait l’objet d’une affaire judiciaire complexe, marquée par des contestations sur la compétence du tribunal et des demandes de vérité de la part de sa famille.
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