Le Président de la République, Félix Tshisekedi, est arrivé ce dimanche en fin de journée à Mbuji-Mayi, chef-lieu du Kasaï Oriental, son fief naturel, accueilli par une foule en liesse à l’aéroport de Bipemba. Au programme de cette immersion : l’inauguration des nouveaux bâtiments de l’Université Officielle de Mbuji-Mayi (UOM) et l’inspection de divers travaux d’infrastructures. Si la liesse populaire est palpable, cette visite est aussi l’occasion d’un bilan. La population attend des actes concrets face aux promesses passées, notamment concernant les 50 millions de dollars US destinés à la relance de la MIBA (Minière de Bakwanga), dont le décaissement est contesté. Le Chef de l’État devra également se prononcer sur plusieurs projets à l’arrêt (École Kalenda Mudishi, Hôpital de Kansele, projet DAIPN). Son séjour s’annonce donc comme un jugement par les actes dans son propre terroir.
C’est un retour aux sour ces sous le signe de l’émotion et des défis. Le Président de la République, Félix Tshisekedi, a entamé ce dimanche un séjour de travail dans la province du Kasaï Oriental, son terroir d’origine. Un retour qui s’apparente à un pèlerinage politique et personnel, tant les liens entre le Chef de l’État et Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province, sont décrits comme un «mariage de coeur et de sang ».
À 16h30 précises, l’avion présidentiel s’est posé sur le tarmac de l’aéroport de Bipemba, accueilli par une foule en liesse. Des milliers de personnes, drapeaux national et du parti présidentiel en main, scandaient des chants patriotiques après avoir patienté de longues heures sous un soleil de plomb. Cette arrivée triomphale ouvre un agenda chargé, centré sur l’inauguration d’édifices publics et l’inspection de travaux d’infrastructures structurants.
L’Université, symbole d’une reconnaissance Au coeur de cette visite, un événement revêt une portée symbolique considérable : l’inauguration des nouveaux bâtiments de l’Université Officielle de Mbuji-Mayi (UOM). Ce projet, attendu depuis de nombreuses années, est présenté commeune étape majeure pour l’enseignementsupérieur dans le Grand Kasaï. Pour la communauté estudiantine et professorale, ces nouveaux murs incarnent une forme de reconnaissance tant espérée après des années de lutte pour des conditions d’études décentes.
La mobilisation politique est à la hauteur de l’enjeu. De nombreux parlementaires du Kasaï Oriental et de la Lomami ont fait le déplacement, formant un cortège de soutien visible autour du Président, signe que cette visite est aussi lue comme un test d’influence dans son bastion électoral.
L’épineuse question de la MIBA, l’éléphant dans la pièce Pourtant, derrière les sourires et les poignées de main, une question brûlante plane sur toute la visite : qu’en est-il des 50 millions de dollars promis par le Chef de l’État en décembre 2024 pour la relance de la MIBA (Minière de Bakwanga) ?
La Minière de Bakwanga, autrefois poumon économique de la région, reste le point névralgique des préoccupations locales.
Sur le terrain, les avis sont tranchés, mais convergent vers une même amertume. Certains acteurs économiques et membres de la société civile affirment, sous couvert d’anonymat, que ces fonds ont été détournés.
D’autres, tout aussi catégoriques, soutiennent qu’ils n’ont tout simplement jamais été décaissés.
Cette polémique, vive et non résolue, place la visite présidentielle dans un contexte de tension latente. Elle rappelle que la liesse des foules ne peut masquer l’impatience grandissante face à des promesses de campagne qui peinent à se concrétiser.
Un bilan en demi-teinte et des attentes immenses Comme à l’accoutumée, la relance de la MIBA sera une fois de plus à l’ordre du jour des discussions.
Mais le Président Tshisekedi devra aussi rassurer sur d’autres dossiers en souffrance qui minent la crédibilité des engagements de l’État, à savoir : la modernisation de l’école Kalenda Mudishi, toujours en chantier; la finalisation de l’hôpital général de Kansele, dont les travaux traînent en longueur; la relance du projet agricole DAIPN à Lukelenge, considéré comme vital pour la sécurité alimentaire et l’emploi des jeunes.
«Après ses belles promesses, son terroir attend de le juger aux actes », résume amèrement un leader local, captant l’état d’esprit de nombreux habitants.
Ce déplacement dans le Kasaï Oriental, s’il est marqué par les cérémonies officielles et l’enthousiasme populaire, s’annonce donc comme un exercice d’équilibre périlleux pour Félix Tshisekedi.
Il devra, dans les jours à venir, passer de la symbolique des inaugurations à la concrétisation des engagements, sous le regard exigeant d’une population qui l’a porté au pouvoir et qui attend désormais des résultats tangibles pour sa province.
HUGO TAMUSA