Construire une industrie des batteries électriques en RDC : la FEC adhère sous condition

C’est hier jeudi que s’est clôturé à Kinshasa le « DRC Africa Business Forum». Pour le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, ce forum était l’occasion de mobiliser l’Afrique dans la mise en place d’une chaîne de valeur régionale dans la fabrication des batteries électriques, alors que le monde se bat contre le réchauffement climatique. Pays partageant les principales composantes de ces batteries, essentiellement le cobalt, le président zambien Hakainde Hichilema a été associé à ce forum. A Kinshasa, le patronat congolais regroupé autour de la FEC, adhère à ce projet et veut cependant s’assurer «dès le départ de la participation des nationaux au capital de ces entreprises communes».

Le «DRC Africa Business Forum» a vécu. C’est, hier jeudi, que s’est clôturé ce forum, une première en son genre sur le sol congolais. Le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, qui a parrainé ces assises, s’est fixé de grands objectifs. Le plus important, selon lui, est d’amener toute l’Afrique à mutualiser ses efforts dans la fabrication des batteries électriques qui devient de plus en plus un enjeu mondial dans la longue lutte contre le réchauffement climatique.

Avec ses immenses réserves en cobalt et en lithium, deux grandes composantes de batteries électriques, la RDC s’est fixée l’ambition de se lancer dans la fabrication des batteries électriques. A cet effet, Félix Tshisekedi a appelé l’Afrique à se mobiliser autour de la République Démocratique du Congo pour gagner ce pari.

En organisant le «DRC Africa Business Forum », Kinshasa cherche à développer une chaîne de valeur régionale autour de l’industrie des batteries et un marché des véhicules électriques et des énergies propres, mais aussi de rassembler des parties prenantes de haut niveau en vue de dialoguer, d’identifier les opportunités et de faciliter les investissements pour augmenter la part de l’Afrique dans la chaîne de valeur des batteries, des véhicules électriques et des énergies renouvelables.

A ce propos, dans le discours qu’il a prononcé pour la circonstance, Félix Tshisekedi a invité ses homologues africains à construire ensemble cette industrie qui offre plusieurs opportunités, notamment l’amélioration du taux de desserte en électricité et à l’industrialisation. «Je voudrais inviter mes homologues africains à saisir l’occasion qui s’offre à notre continent, celle de construire ensemble l’industrie des batteries électriques dont le marché des véhicules représente 8.800 milliards USD d’ici 2025 et 46.000 milliards USD en 2050. Cette occasion est à saisir pour chasser l’obscurité en Afrique avec les batteries du futur qui permettront de stocker jusqu’à 500 mégawatts et améliorer ainsi le taux de desserte en électricité nécessaire, à l’industrialisation et au confort domestique», a lancé Félix Tshisekedi.

Convaincu que cette initiative permettra à l’Afrique de gagner ensemble, le Chef de l’Etat a salué l’étude menée par Bloomberg «sur la fabrication des élément précurseurs qui entrent dans la fabrication des batteries utilisées dans les véhicules électriques et dans la chaîne de production des énergies renou-velables». «Cette étude confirme que la République Démocratique du Congo est au centre de la production des batteries électriques et doit non seulement prendre le leadership de la production régionale, mais aussi et surtout concevoir le marché et nous permettre de résoudre la question de la pauvreté de nos populations. Il en ressort que la République Démocratique du Congo est plus compétitive par rapport aux autres pays du monde en termes de production. Le développement d’une mine de lithium à côté de celle du cobalt déjà existant va renforcer la position de la République Démocratique du Congo comme meilleure destination des investissements », s’est-il réjoui.

La FEC se réserve, Julien Paluku optimiste

De son côté, le patronat congolais, représenté par son président, Albert Yuma Mulimbi, s’est dit prêt à adhérer à la vision du Gouvernement. La FEC (Fédération des entreprises du Congo) veut cependant s’assurer «dès le départ de la participation des nationaux au capital de ces entreprises communes », prônant un «protectionnisme africain», avant de «s’ouvrir aux autres ».

Placé au centre de cette initiative, le ministre de l’Industrie, Julien Paluku, ne cache pas son optimiste, au regard de l’engouement qui se crée autour de ce projet.

«Les engagements sont forts !», s’est réjoui Julien Paluku, interrogé par RFI. «Nous étions en négociation déjà avec la Fédération des entreprises du Congo et avec la Gécamines pour que la première usine-pilote soit basée à Lubumbashi. Et les entreprises minières sont prêtes à pouvoir approvisionner cette usine de production en matière première. Tous les financiers du monde ont signé l’engagement de pouvoir nous accompagner dans la mise en place de ce nouveau rêve», note Paluku.

L’étude de Bloomberg le rassure : «Imaginez-vous que l’étude qui a été réalisée par Bloomberg démontre qu’investir en RDC coûte à l’investisseur 39 millions de dollars US, alors qu’aux États-Unis le même investissement coûte 117 millions de dollars US ! Donc, ce sont des indicateurs comme ça que nous mettons à la disposition du monde, pour créer ce sentiment d’attraction vers la République Démocratique du Congo».

F.K.