Au-delà du décor juridique et du déferlement des expressions lourdement accusatrices des toges noires à charge de Kabila, le ring politique croyait connaître une fin de combat par K.O.
C’était sans compter le côté exceptionnellement déroutant de cette même vie politique. Si la politique demeure une science, elle peine cependant, et bien souvent, à crédibiliser des thèses issues des théories basées sur des schèmes comportementaux.
Le stoïcisme de l’opinion nationale après l’annonce du verdict donne des renseignements précieux sur le ressenti du peuple, notamment des kinois. En termes simples, les gens y ont été impassibles, flegmatiques, la tête à autre chose. Nous n’avons pas assisté à un concert de Klaxons ou à des scènes de liesse dans les rues…C’est tout le contraire !
LA FACTURE À L’INTERNATIONAL
Ce verdict a arraché la coquille de la communauté internationale, la poussant, contre son gré, à se faire découvrir tout en ronchonnant.
Human Rights Watch qui n’a jamais été tendre avec Joseph Kabila durant ses années au pouvoir est la première à sortir les crocs. L’ONG anglo-saxonne, très respectée dans le monde, détruit ce procès. Ses propos sont durs, sans retenus. Elle bousille tout sur son passage: «dérive autoritaire de plus en plus marquée du régime », «violation du droit à un procès équitable », «ce procès menace l’avenir politique et l’Etat de droit », dénonce Human Rights Watch.
La Belgique émet des sérieux doutes sur la «qualité» de ce procès. A demi-mot, elle voudrait dire tout cela n’inspire pas confiance. Quand on a des craintes sur la qualité, cela sous-entend que le résultat en prendrait, forcément, un coup. «Nous sommes opposés à la peine de mort», affirment les belges.
En diplomatie cela voudrait dire: «On n’est pas d’accord avec ça».
L’Allemagne reprend en cœur le même couplet. Sonorité diplomatique identique. Elle n’est tout simplement pas d’accord avec la tournure des choses en RDC.
Les États-Unis eux, ont mis le drap sur la tête ! Silence radio. En diplomatie, par contre, le silence est un mode d’expression qui fait du vacarme.
La politique étrangère américaine est cousue sur des positions tranchées, sans détour. Le silence renvoie le plus souvent à une désapprobation polie.
Les USA sont plutôt hautement embarrassés. Ils poussent les acteurs dans le dos à Doha afin de planifier un véritable dialogue inter congolais, au-delà du dialogue RDC-Rwanda. Pour tout dire, les américains sont très impliqués: Médiateurs, instigateurs, parrains… Alors comment dans cette position stratégique, peuvent-ils admettre qu’un des acteurs majeurs de la politique congolaise soit condamné à mort ? Quel genre de climat propice crée-t-on ?
L’Eglise Catholique «horrifiée» par la condamnation à mort de Joseph Kabila. En hibernation, elle a pourtant prit le temps de digérer le verdict mais a fini par cracher le morceau, trop énorme pour la gorge étroite du clergé. Si la CENCO est l’œil de l’Eglise, l’Eglise Catholique au Congo est à son tour l’oreille du Vatican.
Le Vatican via l’Eglise Catholique en RDC n’épouse pas la démarche de la condamnation à mort : Les dessous des cartes de la politique internationale.
La seule voie de sortie brandie ci et là par les confessions religieuses demeure le dialogue inclusif entre tous les acteurs politiques congolais sans distinction. La méfiance entrave les pourparlers.
LECTURE POLITIQUE DE CE PROCÈS : UN BUT MARQUÉ PAR HORS-JEU
Faire pression, changer le rapport de force, se repositionner, des raisons politiques pour faire monter les enchères en cas de dialogue ou pas… Peut-être !
En politique tous les coups sont permis. Sauf que l’on peut se donner soi-même des coups pensant toucher un adversaire. Ça en a tout l’ère. Vu la réaction de la communauté internationale, restée médusée.
C’est un but marqué mais par hors-jeu. Mauvaise inspiration politique, puisque l’arbitre, la communauté internationale, faisant recours à la VAR, refuse de valider le but.
C’est ça le contrecoup du procès.
Le Dialogue pour la paix, pour taire les armes, pour le vivre ensemble est possible si toutes les volontés regardent dans la même direction. Le pays a obtenu le pluralisme par la paix : la conférence nationale souveraine. La RDC a connu sa réunification par la paix: Le dialogue inter-congolais. L’alternance pacifique est intervenue dans la paix : l’accord politique FCC-CACH.
La paix, la seule voie noble qui devra être boostée par le dialogue. Libre analyse.
Adam Shemisi (CP)

