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La paix s’éloigne

La scène se joue à Bruxelles, mais l’ombre sanglante du Kivu plane sur les discours. Le Président Félix Tshisekedi, depuis la capitale européenne, tend la main et invoque la « paix des braves ». À Kigali, on répond par le mépris via le réseau X en qualifiant l’initiative de « commedia dell’arte ». Entre les deux, des millions de civils congolais pris au piège, des familles déchirées, des vies suspendues aux aléas d’un conflit que la diplomatie ne parvient plus à contenir.

Que reste-t-il de la dignité des peuples lorsque leurs dirigeants transforment la tragédie en spectacle ?

L’appel de Tshisekedi, aussi médiatique fût-il, portait une part de légitimité ? : celle d’un Chef d’État confronté à l’ingérence, à la violence de groupes armés soutenus par son voisin, et à l’urgence de rassurer une nation épuisée. En s’adressant à la diaspora congolaise de Belgique, il a tenté de justifier sa démarche? :  » ? Faire la paix, ce n’est pas une faiblesse « . Une phrase qui sent la noblesse.

Face à lui, le Rwanda oppose un déni cinglant, presque théâtral. Son ministre des Affaires étrangères renvoie la balle, accuse et esquive. Selon lui, c’est Kinshasa qui bloque les processus en cours – le Cadre régional d’intégration économique, les pourparlers de Doha…

Et si, en réalité, chacun campait sur ses positions en attendant que l’autre cède ?

Car derrière ces joutes verbales se cache une amère réalité ? : l’Est de la RDC brûle, et personne n’éteint l’incendie. La rébellion du M23, soutenue par Kigali, gagne du terrain. Les populations fuient. Les morts s’accumulent. Et entre-temps, les capitales s’affrontent par communiqués interposés.

On est loin, très loin, de l’esprit des « ?paix des braves? », ces réconciliations historiques où des ennemis d’hier se serraient la main pour l’avenir de leurs peuples. Ici, point de courage politique, mais des calculs, des postures, une communication agressive qui sert moins la paix que les egos des dirigeants.

La communauté internationale, elle, semble assister, impuissante ou complice, à ce dialogue de sourds. Les médiations s’enchaînent – Luanda, Doha, Washington – sans résultats concrets.

Les sanctions, timides, ne changent pas la donne. Et l’Union européenne, hôte silencieuse de ces échanges stériles, regarde sans rien dire.

Pendant ce temps, le temps joue contre les civils. L’histoire, sévère, se souviendra de ces occasions manquées. Et les Congolais, eux, paient déjà le prix fort.

Econews