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De l’ISTI à l’« Université Paul Malembe Tamandiak » : l’héritage revendiqué par l’Amicale des anciens étudiants de l’ISTI-IFASIC-UNISIC (AMIS)*

Hommage et héritage : après les obsèques solennelles du Professeur Paul Malembe Tamandiak, pionnier de l’enseignement du journalisme en Afrique Centrale, l’Amicale des anciens étudiants de l’ISTI-IFASIC-UNISIC (AMIS) revendique la pérennisation de son œuvre. Porte-parole des promotions formées à l’ISTI, devenue UNISIC, l’Association associe hommage affectueux et requête officielle : elle demande que l’Université fondée en 1973 porte désormais le nom de son créateur et soit enfin dotée d’un bâtiment digne de son statut. Une double exigence, symbolique et structurelle, pour inscrire dans le marbre et dans les faits l’héritage d’un bâtisseur. Tribune de Jean-Luc Mualu.

Le monde universitaire congolais a rendu un dernier hommage solennel au professeur émérite Paul Malembe Tamandiak, porté en terre samedi 10 octobre, après une série de cérémonies organisées par ses pairs, ses anciens étudiants et les plus hautes autorités de l’État. Fondateur en 1973 de l’Institut des sciences et techniques de l’information (ISTI), rebaptisée récemment l’Université des sciences de l’information et de la communication (UNISIC), le professeur Malembe laisse une empreinte durable sur la formation des professionnels des médias en Afrique centrale.

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Les cérémonies ont commencé au sein de l’Université de Kinshasa, où le défunt enseigna pendant des décennies, avant de s’étendre à l’UNISIC, l’établissement qu’il avait fondé. La République Démocratique du Congo a témoigné sa reconnaissance officielle. La Première Ministre, au nom du Chef de l’État, a pris part aux hommages et la Chancellerie des Ordres nationaux a remis posthumément au professeur Malembe la médaille d’or de Grand Commandeur de l’Ordre des héros nationaux Lumumba-Kabila, distinction élevée saluant son rôle dans l’édification d’une institution d’excellence au service de l’information publique.

La demande de rebaptisation et la revendication d’un bâtiment propre

L’Amicale des anciens étudiants de l’ISTI-IFASIC-UNISIC (AMIS) a porté un hommage particulier, incarné par le discours du président de l’association. Il a fait entendre la voix collective des promotions formées par le professeur Malembe, retraçant sa vision pédagogique, sa rigueur intellectuelle et son attachement à l’éthique journalistique. Le ton, mesuré et respectueux, a alterné souvenirs personnels et constat lucide sur l’héritage institutionnel laissé par le fondateur.

Au nom de l’ensemble des anciens étudiants, le président de l’AMIS a formulé deux demandes symboliques et matérielles. La première : que l’UNISIC soit rebaptisée « Université Paul Malembe Tamandiak », en mémoire de l’homme qui a fondé la première école d’élite des sciences de l’information et de la communication en Afrique Centrale. La seconde : que l’Université soit dotée d’un bâtiment propre, exigence récurrente des promotions successives et marque tangible de reconnaissance pour une institution qui, selon les anciens, n’a jamais disposé d’un siège digne de son statut depuis sa création.

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La requête de rebaptisation dépasse le geste commémoratif. Elle vise à inscrire, dans le paysage académique national, la mémoire d’une institution et d’un engagement professionnel. Donner son nom à l’UNISIC serait à la fois réparation historique et signal politique, rappelant l’importance d’investir dans la formation des journalistes et des communicateurs dans un contexte régional où l’information joue un rôle central pour la vie démocratique. La demande d’un bâtiment propre renvoie, elle, à des enjeux concrets de qualité d’enseignement, de recherche et de rayonnement international.

Un legs pédagogique et moral

Au-delà des plaques et des bâtiments, l’essentiel de l’héritage de Paul Malembe Tamandiak se lit dans les parcours de milliers de professionnels des médias qui se réclament de sa formation. Ses anciens étudiants insistent sur la permanence de ses principes : exigence méthodologique, indépendance d’esprit, sens du service public. L’hommage rendu par l’AMIS, à la fois affectif et revendicatif, illustre ce double souhait : que la mémoire du fondateur soit gravée dans le nom de l’institution et que les conditions matérielles nécessaires à la poursuite de son œuvre soient enfin garanties.

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Les obsèques du professeur Malembe ont été l’occasion d’un large rassemblement et d’une mise en lumière de la contribution d’un pionnier de l’enseignement de l’information en Afrique centrale. La demande de l’Amicale des anciens étudiants, relayée publiquement lors des cérémonies, pose aujourd’hui une question politique et administrative : l’État et les autorités universitaires répondront-ils à l’appel pour transformer l’hommage en acte durable, par le choix d’un nom et par des investissements structurels pour l’UNISIC.

(*) Tribune de Jean-Luc Mualu (CP)