telechargement 1

L’urgence sécuritaire

Kinshasa n’est plus la capitale bouillonnante qui ne dormait jamais. La ville aux mille rythmes et aux rires bruyants s’est peu à peu muée en une cité angoissée, où le sentiment d’insécurité est devenu le quotidien de millions d’habitants. Ce n’est plus seulement une perception, mais une réalité brutale qui s’impose à tous, de la Place Victoire aux quartiers populaires de Limete jusqu’aux confins de la ville.

Le braquage spectaculaire d’une agence Rawbank en plein jour, ce jeudi, sur l’une des places les plus fréquentées de la ville, a agi comme un électrochoc. Même si les forces de l’ordre ont, heureusement, pu neutraliser les assaillants, l’audace d’une telle attaque en plein cœur urbain révèle une dégradation alarmante du tissu sécuritaire. Comment en sommes-nous arrivés là ?

La réponse est multiple et accablante. En périphérie, le phénomène « Mobondo » continue de faire des ravages, avec son bilan macabre qui se compte désormais en milliers de vies perdues. Dans les quartiers chauds, comme récemment à Kingabwa, des échanges de tirs nourris entre gangs ont plongé les riverains dans la terreur.

La ville est assiégée de toutes parts, de l’intérieur comme de l’extérieur. Cette insécurité rampante n’est pas seulement une tragédie humaine; elle est un poison pour l’économie, pour la cohésion sociale, et pour l’avenir même de notre capitale.

Comment envisager le développement, les investissements, ou simplement une vie sociale épanouie, lorsque la peur devient le principal sentiment dans l’espace public ?

Les Kinois sont résilients, c’est connu. Mais cette résilience a des limites. Il est urgent que les autorités, à tous les niveaux, passent de la réaction à l’action préventive. Il ne suffit pas d’étouffer dans l’œuf les attaques, il faut en tarir les sources. Cela nécessite une stratégie sécuritaire globale, transparente et surtout efficace, qui redonne confiance à une population épuisée par l’angoisse.

Kinshasa mérite mieux que de vivre dans la peur. Ses habitants ont le droit fondamental à la sécurité, à la paix, et à retrouver la joie de vivre qui a toujours fait l’identité de cette ville extraordinaire. Le temps n’est plus aux discours, mais à l’action. La survie même de notre capitale en dépend.