L’échiquier politique congolais présente aujourd’hui un contraste saisissant : d’un côté, une Union sacrée de la nation qui se consolide autour du Président Félix Tshisekedi et de l’UDPS; de l’autre, une opposition fragmentée et déstructurée. C’est ce constat, implacable, qui dicte l’analyse de la dynamique politique actuelle en République Démocratique du Congo.
À l’heure où la majorité au pouvoir semble raffermir ses bases, l’opposition donne l’image d’un ensemble désarticulé, où chacun avance en ordre dispersé, sans stratégie ni coordination communes. Cette atomisation des forces, ce «chacun pour soi», est une aubaine pour le régime en place et constitue le talon d’Achille de ceux qui aspirent à une alternance.
Ce manque criant de cohérence et de leadership fédérateur n’est pas seulement un problème actuel; il dessine en pointillés le scénario de prochaines échéances électorales de 2028. À observer la dynamique en cours, on peut effectivement s’interroger sur la capacité de l’opposition à constituer une force crédible et alternative.
Le régime, habilement, a su capter un récit national et rassembler sous sa bannière une large coalition, créant une impression de momentum et d’inévitabilité. Face à cette machine politique bien huilée, les voix discordantes apparaissent isolées, affaiblies et, pour tout dire, inaudibles.
Dans ces conditions, tout porte à croire que l’Union sacrée, telle qu’elle est présentée, est en position de remporter haut la main les scrutins à venir. L’absence d’un adversaire structuré tend à asphyxier le débat démocratique, réduisant la compétition électorale à une quasi-formalité.
Le peuple congolais se voit ainsi privé d’un choix véritable, d’une vision alternative et d’un débat d’idées essentiel à la santé de toute démocratie.
Il est cependant une lueur d’espoir, teintée d’ultimatum. Le paysage politique n’est pas une fatalité. L’histoire nous a montré que les équilibres peuvent basculer avec une rapidité déconcertante. La fenêtre de tir pour inverser la tendance est encore ouverte, mais elle se rétrécit de jour en jour. À moins que l’opposition ne se reconstitue dans l’urgence, qu’elle ne dépasse les egos surdimensionnés et ne consolide ses rangs autour d’un projet commun et de leaders crédibles, elle signera elle-même son acte de capitulation.
L’opposition congolaise est donc à la croisée des chemins. L’heure n’est plus aux divergences tactiques ou aux querelles de leadership. Elle doit, urgemment, prendre la mesure de la situation et opérer une profonde reconstitution de ses rangs.
Seule une opposition capable de taire ses ego pour se consolider autour d’un projet et d’une stratégie partagés pourra espérer offrir une alternative crédible et structurée au peuple congolais. À défaut, 2028 ne sera qu’une simple formalité.

