Cet article examine la possibilité de bâtir une économie 24 h/24 en République Démocratique du Congo (RDC), un modèle où la production et les services fonctionnent sans interruption. Dans un monde interconnecté, la RDC, riche en ressources et dotée d’une jeunesse dynamique, possède déjà les germes d’une telle économie à travers la vitalité de son secteur informel, de ses télécommunications et de ses activités minières et urbaines. Cependant, pour transformer cette réalité spontanée en système structuré, le pays doit renforcer ses infrastructures énergétiques et numériques, garantir la sécurité, moderniser sa législation du travail et investir dans la formation des jeunes. L’économie 24 h/24 n’est pas ici synonyme d’exploitation, mais d’optimisation du temps collectif et d’inclusion productive. Elle représente une vision congolaise du développement continu, fondée sur la créativité, la solidarité, capable de transformer les nuits du Congo en heures de développement inclusif.
Partout dans le monde, la manière de travailler, de produire et de consommer est en pleine mutation. Les frontières entre le jour et la nuit, entre le temps de repos et le temps de production, s’effacent progressivement sous l’effet combiné de la technologie, de la mondialisation et des nouveaux modes de vie. C’est la naissance d’un modèle que l’on appelle désormais l’économie 24 heures sur 24 — une économie en continu, où les activités humaines ne s’arrêtent jamais, où la disponibilité devient la norme, et où le temps cesse d’être une contrainte.
Dans les grandes métropoles comme New York, Dubaï, Tokyo ou Shanghai, cette réalité est déjà ancrée dans le quotidien : les commerces, les services financiers, les transports, les plateformes numériques et les médias fonctionnent sans interruption. L’économie ne s’endort plus, elle tourne en permanence, portée par des infrastructures performantes, une connectivité totale et une culture de la réactivité.
Mais au-delà des puissances économiques, le modèle 24/24 intéresse aussi les pays en développement, notamment ceux dont les économies sont jeunes, dynamiques et encore en structuration. C’est ici qu’entre en scène la République Démocratique du Congo (RDC) — un géant africain aux ressources naturelles inestimables, à la population vibrante de jeunesse et de créativité, mais confronté à des défis majeurs d’infrastructures, de gouvernance et d’inégalités.
La question se pose alors : la RDC peut-elle bâtir une économie 24 h/24 ? Autrement dit, peut-elle transformer ses contraintes en opportunités pour créer un modèle d’activité continue, adapté à ses réalités locales, mais capable d’interagir avec les flux économiques mondiaux ? Cette réflexion ne se limite pas à un simple débat sur les horaires de travail. Elle touche à des dimensions plus profondes : le rapport au temps, à la productivité, à l’innovation et à la dignité du travail humain.
Construire une économie 24 h/24 en RDC, c’est repenser la manière dont le pays produit, consomme, se déplace, soigne, apprend et communique. C’est aussi imaginer comment les nuits congolaises, aujourd’hui marquées par le calme ou l’informalité, pourraient devenir des espaces de créativité, de services et de croissance inclusive.
L’enjeu n’est donc pas seulement économique — il est sociétal et stratégique. Dans un contexte mondial où la rapidité et la disponibilité déterminent souvent la compétitivité, la RDC a l’opportunité de tracer sa propre voie vers une économie continue : une économie qui ne dort pas, mais qui reste humaine, durable et adaptée à sa propre identité, conçue et mise en œuvre par des congolais.
- Le contexte économique de la RDC
Parler d’« économie 24 h/24 » en République Démocratique du Congo (RDC) revient à plonger dans un univers d’oppositions saisissantes : abondance et précarité, dynamisme et fragilité, innovation et désorganisation. Ce pays-continent, au cœur de l’Afrique, détient certains des atouts les plus puissants du continent pour bâtir une économie moderne, mais aussi des défis structurels qui freinent son plein essor. Depuis quelques années, la RDC connaît une croissance économique remarquable, souvent supérieure à la moyenne africaine. Selon les estimations, la croissance du PIB a dépassé les 7 % en 2024, portée principalement par le secteur minier, locomotive historique de l’économie nationale. Le cuivre, le cobalt, l’or et le lithium font du pays un acteur incontournable des chaînes de valeur mondiales, en particulier dans la transition énergétique et la fabrication de batteries électriques.
Mais cette croissance, aussi impressionnante soit-elle, ne se traduit pas encore en amélioration significative des conditions de vie pour la majorité des Congolais. Les revenus restent faibles, le chômage élevé, et les infrastructures de base — routes, énergie, eau, numérique — sont encore loin de répondre aux besoins d’une population qui a désormais franchi les 100 millions d’habitants. En d’autres termes, la RDC produit beaucoup, mais transforme et redistribue encore trop peu.
Pourtant, au milieu de ces contrastes, on observe une force silencieuse : le génie populaire congolais. Dans les grandes villes comme Kinshasa, Lubumbashi, Goma ou Kisangani, la vie économique ne s’arrête jamais vraiment. Les rues restent animées tard dans la nuit ; les vendeurs ambulants prolongent leurs activités à la lumière des lampadaires ou des générateurs ; les taxis-motos et bus collectifs circulent à toute heure ; les bars, restaurants et marchés improvisés témoignent d’une vitalité économique informelle qui, sans en avoir le nom, fonctionne déjà selon le principe d’une économie 24 h/24. Cette économie populaire, à la fois résiliente et inventive, représente une base culturelle et sociale essentielle pour toute transformation future. Elle montre que le peuple congolais a déjà intégré une logique d’adaptation continue, où les contraintes deviennent des opportunités.
Cependant, il existe un écart considérable entre cette vitalité de terrain et la structure économique nationale. Le secteur informel, estimé à plus de 60 % de l’activité totale, échappe en grande partie à la fiscalité, à la protection sociale et à la planification publique. Le défi, pour la RDC, n’est donc pas de créer une économie 24 h/24 à partir de rien : elle existe déjà, mais dans l’ombre, sans cadre ni infrastructure durable. L’enjeu est de formaliser, sécuriser et moderniser cette dynamique pour qu’elle devienne un véritable moteur de développement. Cela suppose des politiques publiques audacieuses : un accès fiable à l’électricité, une connectivité numérique nationale, un cadre réglementaire favorable à l’entrepreneuriat, et une gouvernance locale capable de soutenir l’innovation urbaine et rurale.
En somme, le contexte économique de la RDC est paradoxal : un potentiel immense, une jeunesse entreprenante, mais une économie encore fragmentée et intermittente.
Pour bâtir une économie 24 h/24, il ne suffira pas d’allonger les horaires de production ; il faudra repenser les fondations mêmes du fonctionnement économique du pays — en électricité, en infrastructures, en technologies et en culture du travail. C’est sur cette base que l’on peut se demander, concrètement, ce que signifie vivre et produire sans interruption dans un pays comme la RDC.
- Que signifie « économie 24 h/24 » en pratique ?
Pour beaucoup, parler d’économie 24 h/24 évoque immédiatement l’image de grandes métropoles occidentales où les lumières ne s’éteignent jamais. Pourtant, le concept ne se limite pas à une question d’horaires prolongés. Il s’agit avant tout d’un changement de paradigme économique et social, où la production, la distribution et la consommation s’organisent autour d’une continuité permanente des activités. Autrement dit, une économie 24 h/24 n’est pas seulement une économie qui travaille la nuit — c’est une économie qui ne s’arrête jamais.
Concrètement, cela signifie que le temps devient un espace de production ininterrompu. Les entreprises, les services et même les institutions publiques adaptent leurs rythmes pour répondre à une demande constante. Les nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle, les plateformes numériques et les systèmes automatisés, jouent un rôle clé dans cette transformation : elles permettent aux machines, aux algorithmes et aux réseaux de fonctionner sans relâche, même lorsque les humains se reposent. Dans les pays développés, cette logique s’est imposée dans presque tous les secteurs : le commerce en ligne, les services bancaires numériques, les chaînes de production robotisées, la logistique mondiale et les médias en continu.
Mais qu’en est-il pour la RDC, où le tissu économique reste majoritairement informel et où les infrastructures sont fragiles ? En réalité, la RDC connaît déjà une forme “naturelle” d’économie 24/24, née de la nécessité. Dans les rues de Kinshasa, Lubumbashi, Bukavu ou Matadi, il n’est pas rare de voir des activités économiques se poursuivre bien après la tombée du jour :
- Des vendeurs de nourriture ou de produits de première nécessité qui installent leurs stands tard dans la nuit, éclairés par des lampes à pétrole ou des ampoules alimentées par des générateurs ;
- Des chauffeurs de taxi et de moto qui continuent leur service jusqu’à l’aube pour répondre à la mobilité urbaine ;
- Des cybercafés et points de transfert mobile-money qui restent ouverts pour des transactions urgentes ;
- Des hôpitaux, pharmacies et cliniques privées qui assurent des gardes médicales ;
- Des médias en ligne et influenceurs numériques qui diffusent l’actualité et le divertissement 24 h sur 24.
Cette réalité prouve que l’esprit d’une économie continue est déjà présent dans la culture congolaise : les Congolais ont appris à s’adapter à l’incertitude. Lorsque le courant est coupé le jour, ils travaillent la nuit. Quand les routes sont bloquées, ils improvisent d’autres circuits. Cette flexibilité, née des contraintes, constitue paradoxalement l’une des plus grandes forces du pays pour bâtir un modèle d’économie en continu.
Mais pour transformer cette résilience en système structuré, il faut dépasser la survie et entrer dans l’organisation. Une véritable économie 24 h/24 suppose une infrastructure de soutien capable d’assurer :
- Une énergie électrique stable, accessible et abordable ;
- Un réseau de transport sûr et fluide, y compris de nuit ;
- Une sécurité publique renforcée, pour protéger les travailleurs nocturnes et les biens ;
- Une connectivité numérique fiable, permettant aux entreprises, aux écoles et aux citoyens d’interagir en tout temps.
Autrement dit, le passage d’une économie “de débrouille” à une économie “de continuité” exige un changement de cap politique et structurel. L’économie 24 h/24, dans le contexte congolais, ne doit pas être comprise comme une imitation du modèle occidental, mais comme une évolution de la vitalité congolaise vers un système organisé, productif et inclusif. Elle ne vise pas à épuiser les travailleurs ni à allonger les journées, mais à répartir différemment le temps de travail et de service pour que la productivité nationale ne soit plus dépendante des contraintes d’horaires, de délestages ou de fuseaux horaires mondiaux. En somme, l’économie 24/24 en RDC, c’est la promesse d’un pays qui reste éveillé, non pas par obligation, mais par ambition — celle de transformer l’énergie et la créativité de sa population en mouvement continu, au service du développement collectif.
- Exemples de secteurs propices en RDC
Bâtir une économie 24 h/24 en République Démocratique du Congo ne signifie pas que tout le pays devra fonctionner en permanence, mais que certains secteurs stratégiques adopteront progressivement des modes d’organisation en continu, capables de soutenir la croissance et d’inspirer les autres. Plusieurs domaines s’y prêtent déjà naturellement, car ils reposent sur la demande constante, la technologie, ou la nécessité d’assurer un service ininterrompu.
Le secteur minier et industriel : le cœur battant en continu. La RDC est l’un des plus grands producteurs mondiaux de cuivre, cobalt, lithium, or et coltan — des matières premières essentielles à la transition énergétique mondiale. Dans ce secteur, le travail en continu est déjà une réalité. Les grandes entreprises minières opérant dans le Haut-Katanga, le Lualaba ou l’Ituri fonctionnent souvent par équipes rotatives (trois fois huit heures), afin de maintenir la production sans interruption. Les fonderies et unités de transformation locales, bien que moins nombreuses, doivent également s’adapter à cette logique pour répondre à la demande internationale. L’économie minière congolaise est donc, dans son essence, une économie 24 h/24, mais qui dépend encore trop des technologies et infrastructures importées.
L’enjeu pour le pays sera de nationaliser la valeur ajoutée : développer des industries de transformation fonctionnant elles aussi en continu, créer des chaînes de maintenance, de logistique et de services qui soutiennent durablement l’activité.
Télécommunications et services numériques : la nouvelle colonne vertébrale. Si un secteur incarne déjà le 24 h/24 en RDC, c’est bien celui des télécommunications et du numérique. Avec plus de 50 millions d’utilisateurs de téléphones mobiles, le pays vit désormais au rythme des réseaux. Les services comme Airtel Money, M-Pesa, Orange Money ou Afrimoney permettent d’effectuer des paiements, des transferts et des achats à toute heure.
Les centres d’appels, fournisseurs d’accès Internet et plateformes de contenus numériques travaillent en continu pour maintenir la connectivité. Dans un pays où le numérique devient un levier de bancarisation et d’entrepreneuriat, cette disponibilité permanente est cruciale.
De plus, la jeunesse urbaine s’approprie ce secteur : développeurs d’applications, créateurs de contenus, influenceurs, graphistes et freelances congolais œuvrent souvent de nuit, collaborant avec des clients situés dans d’autres fuseaux horaires. Ce dynamisme fait du numérique un vecteur naturel de l’économie 24 h/24
Transport et logistique : relier un pays-continent. Avec ses vastes dimensions — plus de 2,3 millions de km² —, la RDC dépend d’un réseau, même encore défectueux, complexe de routes, fleuves, voies ferrées et couloirs aériens. Dans les grands centres économiques comme Kinshasa, Lubumbashi, Goma, Matadi ou Kisangani, le transport fonctionne déjà de manière quasi ininterrompue. Les taxis, bus, camions et bateaux transportent passagers et marchandises jour et nuit, souvent sans structure formelle, mais avec une efficacité impressionnante. Le développement d’un système logistique moderne — entrepôts automatisés, suivi GPS, plateformes de livraison, ports secs — permettrait de passer d’une logistique informelle à une logistique intelligente, capable de soutenir un commerce national et régional 24 h/24. Ce secteur est d’autant plus stratégique que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ouvre de nouvelles opportunités d’échanges, qui exigent des délais plus courts et une circulation continue des biens
Hôtellerie, restauration et divertissement : le visage humain du 24/24. Les villes congolaises ne dorment jamais vraiment. Kinshasa, par exemple, vit jour et nuit : les restaurants, bars, hôtels, discothèques et marchés nocturnes y créent une économie de service animée. Ce secteur, qui emploie déjà des milliers de jeunes, illustre la manière dont la vie sociale et économique se mêlent dans le contexte congolais. La demande pour des services disponibles à toute heure augmente, portée par le tourisme d’affaires, la diaspora et l’émergence d’une classe moyenne urbaine. À mesure que la sécurité et les infrastructures s’améliorent, ces activités pourront s’étendre et se professionnaliser, générant un écosystème de travail continu : restauration, nettoyage, maintenance, transport, sécurité, logistique événementielle.
Santé et services essentiels : la continuité vitale. Le secteur de la santé est par définition un domaine 24 h/24. Les hôpitaux, cliniques et pharmacies doivent fonctionner sans interruption pour répondre aux urgences. En RDC, ce secteur souffre encore de moyens limités, mais les initiatives privées et communautaires montrent la voie : certaines cliniques de Kinshasa, Goma et Lubumbashi assurent déjà des gardes permanentes, et des services de télé-santé émergent grâce au numérique. Étendre ce modèle à tout le pays contribuerait à une meilleure qualité de vie et renforcerait la résilience sanitaire nationale.
Médias, commerce en ligne et éducation numérique : les moteurs de la veille permanente. Les médias congolais — radios, chaînes de télévision, plateformes en ligne — diffusent désormais l’information en continu, notamment via les réseaux sociaux. Cette activité permanente alimente la vie démocratique et la circulation des idées. Parallèlement, le commerce en ligne gagne du terrain, surtout dans les grandes villes : des plateformes locales comme Jumia RDC ou des pages Facebook marchandes proposent des biens et services disponibles 24 h/24, avec livraison flexible. Enfin, l’essor des plateformes d’apprentissage en ligne ouvre une nouvelle ère pour l’éducation : les étudiants peuvent suivre des cours ou rendre des devoirs à toute heure, favorisant un apprentissage flexible, surtout pour les adultes actifs.
L’économie 24 h/24 en RDC ne sera pas uniforme. Elle se construira à plusieurs vitesses : certaines branches — mines, numérique, santé — adopteront très vite le fonctionnement en continu ; d’autres, comme le système alimentaire ou l’administration publique, évolueront plus lentement. Mais l’important est que ces secteurs pionniers servent de locomotive. Leur exemple démontrera que le pays peut transformer sa vitalité spontanée en système structuré, créateur d’emplois, d’innovation et de compétitivité.4
4. Les avantages d’un modèle 24 h/24 pour la RDC
Mettre en place une économie 24 h/24 en République démocratique du Congo ne serait pas un simple ajustement d’horaires. Ce serait un changement profond dans la manière de penser le développement, une redéfinition du rapport au temps, à la productivité et à la valeur humaine du travail. Une telle évolution apporterait de nombreux avantages, à la fois économiques, sociaux et culturels — si elle est bien encadrée et orientée vers le bien commun.
Accroître la productivité nationale. L’un des premiers bénéfices d’une économie 24/24 est la maximisation de l’utilisation des infrastructures existantes. Dans de nombreux pays, les usines, ports, hôpitaux ou équipements publics ne fonctionnent qu’une partie de la journée, laissant des ressources coûteuses sous-utilisées. En RDC, où les investissements en infrastructures sont lourds et souvent limités, prolonger les heures d’activité permettrait de rentabiliser plus rapidement ces équipements. Prenons l’exemple du port de Matadi ou des mines du Katanga : en adoptant une organisation par roulement, les mêmes infrastructures pourraient doubler leur productivité sans nécessiter d’investissements immédiats supplémentaires. Cela signifierait plus de production, plus de recettes fiscales, et plus de valeur ajoutée nationale — un cercle vertueux pour l’ensemble de l’économie congolaise.
Créer de nouveaux emplois et diversifier les horaires de travail. L’économie 24 h/24 ne détruit pas les emplois : elle en crée de nouveaux. Dans une société jeune où chaque année des centaines de milliers de jeunes arrivent sur le marché du travail, cette ouverture temporelle représente une formidable opportunité d’insertion professionnelle. Les métiers du transport nocturne, de la sécurité, de la maintenance, des services numériques, du nettoyage industriel, de la restauration tardive ou de la logistique trouveraient un espace de croissance naturelle.
De plus, une organisation par équipes ou par rotations permettrait à certaines catégories de travailleurs (étudiants, femmes, travailleurs indépendants) d’adapter leur emploi du temps selon leurs besoins, favorisant ainsi une plus grande flexibilité sociale. Dans un pays où la jeunesse est souvent sous-employée, cette diversification du temps de travail pourrait devenir un outil de réduction du chômage et d’autonomisation économique.
Stimuler la compétitivité et l’intégration régionale. La RDC se situe au cœur de l’Afrique et partage ses frontières avec neuf pays. Ce positionnement géographique unique en fait un carrefour stratégique pour le commerce continental. Or, dans un monde où les marchés fonctionnent en continu, rester enfermé dans un cycle de travail limité aux heures diurnes, c’est se priver d’une part importante des opportunités régionales et mondiales.
Une économie 24 h/24 permettrait à la RDC de s’aligner sur les rythmes économiques des autres régions, d’exporter sans interruption, et d’intégrer plus facilement les chaînes de valeur internationales. Par exemple, une entreprise congolaise de logistique pourrait traiter des commandes la nuit pour l’Afrique australe ou l’Europe, tandis qu’un centre d’appels de Kinshasa pourrait servir des clients en Amérique du Nord pendant leur journée. Ce décalage horaire, bien exploité, deviendrait un avantage compétitif pour le pays.
Améliorer la qualité de vie et la continuité des services. Au-delà de la productivité, l’économie 24 h/24 touche directement la vie quotidienne des citoyens. Accéder à des services essentiels — soins médicaux, transports, énergie, communications — à toute heure du jour ou de la nuit, c’est une marque de progrès et de modernité. Imaginez une capitale où les hôpitaux fonctionnent sans interruption, où les stations-service sont ouvertes en permanence, où les transports urbains permettent de se déplacer la nuit en sécurité, où les paiements numériques ne connaissent pas de pause.
Cette disponibilité accrue réduirait les pertes de temps, améliorerait la sécurité, faciliterait la vie des travailleurs de nuit, et créerait un climat de confiance dans la continuité du service public. De plus, dans un contexte d’instabilité électrique, une économie organisée autour de la redondance énergétique (batteries, mini-réseaux solaires, microcentrales locales) favoriserait une meilleure résilience face aux coupures et imprévus.
Encourager l’innovation et la transformation technologique. Une économie 24 h/24 est, par nature, technologique. Elle s’appuie sur des systèmes intelligents : capteurs, plateformes numériques, automatisation, intelligence artificielle. En cherchant à bâtir un tel modèle, la RDC serait contrainte — positivement — d’accélérer sa transition numérique et de renforcer son infrastructure technologique nationale. Cela stimulerait la recherche locale, l’entrepreneuriat numérique et la création de start-ups. Des hubs technologiques pourraient émerger à Kinshasa, Goma ou Lubumbashi, spécialisés dans les solutions de maintenance à distance, de cybersécurité ou de gestion énergétique. Ainsi, l’économie 24 h/24 deviendrait un accélérateur d’innovation, ouvrant la voie à une nouvelle génération de travailleurs du savoir.
Renforcer la résilience économique et sociale. Enfin, une économie en continu accroît la résilience du pays face aux chocs. En diversifiant les horaires, les secteurs et les modes de production, la RDC pourrait réduire sa dépendance à certaines heures, zones ou marchés. Par exemple, un système de production flexible permet de mieux résister à une coupure d’électricité diurne ou à une perturbation logistique temporaire. Sur le plan social, la disponibilité d’activités nocturnes encadrées, sécurisées et productives pourrait aussi réduire les risques d’insécurité urbaine liés au chômage et à l’oisiveté. L’économie 24 h/24, bien gérée, peut ainsi devenir un facteur d’ordre, de stabilité et de dignité, où chaque heure compte et contribue à la construction nationale.
En somme, bâtir une économie 24 h/24 en RDC ne consiste pas à faire travailler plus, mais à travailler autrement — à optimiser le temps collectif, à créer des opportunités nouvelles et à reconnecter la nation avec le rythme du monde. C’est une transformation qui marie la modernité technologique à la vitalité congolaise, et qui pourrait faire du Congo non plus seulement le poumon minier de l’Afrique, mais aussi son cœur économique battant jour et nuit.
5. Les défis et limites en RDC
Construire une économie 24 h/24 en République démocratique du Congo n’est pas un rêve inaccessible, mais c’est un projet exigeant. Derrière la promesse d’une activité continue se cachent des réalités complexes : infrastructures fragiles, inégalités territoriales, contraintes sociales et enjeux de gouvernance. Ces défis ne sont pas des freins insurmontables, mais des chantiers prioritaires à aborder avec lucidité et stratégie.
La faiblesse des infrastructures de base. Le premier obstacle à une économie 24 h/24 est l’insuffisance des infrastructures. Une activité continue ne peut exister sans électricité stable, réseaux de transport fiables, accès à l’eau, infrastructures numériques solides et sécurité énergétique. Or, la RDC reste confrontée à des coupures de courant fréquentes, à un réseau routier en mauvais état et à une couverture Internet encore limitée dans plusieurs provinces. Les délestages électriques, en particulier, constituent un frein majeur : ils ralentissent la production industrielle, paralysent les commerces et nuisent à la confiance des investisseurs. Sans un investissement massif dans l’énergie solaire, hydroélectrique et décentralisée, il sera difficile de garantir la continuité des activités économiques. Cependant, ces contraintes peuvent aussi devenir des opportunités : la montée des mini-réseaux solaires communautaires, des solutions hybrides et des batteries locales ouvre la voie à une nouvelle génération d’infrastructures adaptées à un modèle 24/24, surtout dans les zones rurales.
Le coût humain et social du travail de nuit. Le second défi est d’ordre humain et social. Une économie 24 h/24 ne doit pas se transformer en un système d’exploitation sans repos ni équilibre. Le travail de nuit, s’il n’est pas encadré, peut avoir des conséquences sur la santé, la sécurité et la vie familiale des travailleurs. Aujourd’hui, le Code du travail congolais fixe la durée légale à 8 heures par jour et prévoit des compensations pour le travail nocturne.
Mais dans la pratique, ces dispositions sont souvent ignorées, surtout dans le secteur informel. Si la RDC souhaite généraliser le fonctionnement continu, elle devra donc adapter sa législation pour protéger les travailleurs :
- garantir les primes de nuit,
- instaurer des périodes de repos compensatoires,
- prévoir une couverture santé renforcée,
- et promouvoir un équilibre entre productivité et bien-être.
Ce modèle doit être humain avant d’être économique : un pays ne bâtit pas son développement sur l’épuisement de sa population, mais sur la valorisation de son potentiel.
La sécurité publique et la gouvernance urbaine. Travailler ou circuler la nuit suppose un environnement sûr. C’est là un autre défi majeur : dans plusieurs grandes villes congolaises, l’insécurité nocturne reste un frein à la mobilité et à la confiance. Les travailleurs de nuit — chauffeurs, agents de sécurité, vendeuses, infirmiers — sont souvent exposés aux risques d’agression, de vol ou de harcèlement. Mettre en place une économie 24/24 implique donc un renforcement de la sécurité urbaine :
- patrouilles de nuit,
- éclairage public,
- caméras de surveillance,
- transports sûrs et accessibles.
Cette responsabilité incombe non seulement au gouvernement central, mais aussi aux communes, aux entreprises et aux communautés locales, qui doivent travailler ensemble pour sécuriser les espaces de travail et de circulation. La sécurité n’est pas seulement une condition du développement : elle en est la colonne vertébrale.
Le déséquilibre territorial et la fracture urbaine-rurale. L’économie 24 h/24 risque, si elle n’est pas bien planifiée, de creuser les inégalités entre les grandes villes et les zones rurales. Kinshasa, Lubumbashi ou Goma disposent déjà d’un dynamisme économique et d’un minimum d’infrastructures pour fonctionner en continu. Mais qu’en est-il des villes de taille moyenne — Mbandaka, Kindu, Isiro, Gemena — ou des territoires ruraux, où l’électricité et Internet sont encore rares ? Une économie 24/24 concentrée dans quelques pôles urbains pourrait accentuer la centralisation du développement, au détriment des zones périphériques. Il faudra donc concevoir une stratégie d’équité territoriale :
- investir dans les corridors logistiques et énergétiques,
- soutenir les petites entreprises provinciales,
- créer des zones économiques locales où la production et le commerce peuvent fonctionner en continu à petite échelle.
C’est à cette condition que l’économie 24/24 deviendra nationale et inclusive, et non un privilège urbain.
Le défi de la gouvernance et de la planification. Enfin, le plus grand défi peut-être réside dans la gouvernance elle-même. Mettre en place une économie en continu exige une coordination entre ministères, provinces, municipalités, entreprises privées et citoyens. Or, la planification économique en RDC reste souvent fragmentée, avec des politiques qui manquent de cohérence ou de suivi. L’économie 24 h/24 appelle une vision claire et partagée :
- un plan national pour l’énergie et la connectivité,
- une stratégie de formation professionnelle adaptée aux métiers du 24/24,
- et des partenariats public-privé solides pour financer et encadrer cette transformation.
Sans une gouvernance forte, le risque est de voir naître une économie duale : d’un côté des zones hyperactives, modernes et connectées ; de l’autre, des régions oubliées, isolées et marginalisées.
L’adaptation culturelle et le rapport au temps. Enfin, il ne faut pas négliger la dimension culturelle. En RDC, le rythme de la vie est marqué par la chaleur, les saisons, la convivialité, la musique, la foi et la famille. Introduire un modèle 24 h/24 ne signifie pas renier cette identité, mais apprendre à harmoniser la modernité et la tradition. Il s’agira de trouver un équilibre entre l’efficacité économique et la qualité de vie, entre la production permanente et le repos communautaire, entre le bruit du progrès et le silence nécessaire à la réflexion. Une économie en continu doit rester une économie humaine, ancrée dans les valeurs congolaises de solidarité, de créativité et de foi. Ainsi, les défis sont réels, mais ils ne sont pas des barrières : ils sont les marches d’un escalier que la RDC peut gravir vers une économie moderne, durable et inclusive. L’essentiel est d’avancer avec discernement, en plaçant l’humain, la sécurité et la justice sociale au cœur de la transformation.
6. Conditions de réussite pour la RDC
Transformer la République Démocratique du Congo en une économie 24 h/24 n’est pas une affaire de mode ni de simple imitation des grandes puissances économiques. C’est un projet de souveraineté et de modernisation qui demande une vision claire, une gouvernance coordonnée et une volonté collective. Pour que cette transformation soit durable, inclusive et adaptée au contexte congolais, il faudra réunir plusieurs conditions clés — à la fois structurelles, technologiques, sociales et culturelles.
Garantir un accès fiable et équitable à l’énergie. Aucune économie en continu ne peut exister sans électricité continue. C’est le nerf vital de toute production, de toute communication, de tout service. En RDC, ce défi est paradoxal : le pays dispose de l’un des plus grands potentiels hydroélectriques du monde, mais une grande partie de la population vit encore sans électricité stable. Le succès d’une économie 24 h/24 passera donc par un plan national d’électrification combinant :
- la réhabilitation des centrales existantes (comme Inga I et II) et la construction de nouvelles unités locales ;
- le déploiement de mini-réseaux solaires pour les zones rurales ;
- la promotion des partenariats public-privé pour la distribution et la maintenance ;
- et le développement de technologies de stockage (batteries, micro-grids) pour garantir la continuité du service.
L’énergie doit devenir le socle de la confiance économique : un courant stable, c’est une entreprise qui ne ferme pas, un hôpital qui reste ouvert, un élève qui peut étudier de nuit.
Moderniser les infrastructures et la connectivité. Une économie 24/24 exige des infrastructures capables de fonctionner à toute heure. Cela signifie des routes praticables, des ports et aéroports opérationnels, des réseaux de transport public sûrs, mais aussi une infrastructure numérique robuste. Le développement de la fibre optique, de la 4G/5G, et des centres de données nationaux permettra non seulement de soutenir le commerce et les communications, mais aussi de connecter les zones éloignées au cœur économique du pays. Dans cette perspective, la logistique intelligente — combinant technologies GPS, plateformes de suivi et automatisation — pourrait devenir un catalyseur majeur pour le transport, le commerce et la distribution. Une RDC bien connectée, jour et nuit, deviendra une RDC productive et prévisible, où les distances cesseront d’être un obstacle au développement.
Renforcer la sécurité et la gouvernance locale. Le passage à une économie 24 h/24 ne peut se faire sans sécurité publique. Les villes qui vivent la nuit doivent être sûres, éclairées et bien surveillées. Cela suppose :
- un renforcement des patrouilles de nuit et des unités de police de proximité ;
- une modernisation de l’éclairage urbain à base d’énergie solaire ;
- la formation des forces de l’ordre aux nouveaux besoins de la vie économique nocturne ;
- et une coordination entre autorités locales, entreprises et communautés pour la prévention et la gestion des risques.
Une gouvernance urbaine responsable et participative permettra de faire de la nuit non plus une période de danger, mais un espace d’opportunités et de confiance.
Adapter la législation du travail et la protection sociale. Pour que le travail en continu ne devienne pas une source d’abus, il est essentiel d’instaurer un cadre juridique protecteur et moderne. Le Code du travail doit être révisé pour intégrer des dispositions spécifiques au travail de nuit, à la flexibilité des horaires et aux nouveaux métiers numériques. Il faudra notamment :
- définir clairement les primes et compensations pour les équipes de nuit ;
- garantir des temps de repos obligatoires ;
- renforcer les systèmes de sécurité sociale et d’assurance santé pour les travailleurs du 24/24 ;
- et encourager la formation continue pour faciliter la reconversion vers les secteurs en expansion.
Cette réforme du travail ne doit pas viser à faire travailler plus, mais à travailler mieux et autrement, en protégeant la dignité humaine.
Former la jeunesse et préparer les compétences du futur. La RDC possède un atout exceptionnel : sa jeunesse. Plus de 60 % des Congolais ont moins de 25 ans — un vivier d’énergie, d’intelligence et de créativité. Mais pour que cette force devienne un moteur de l’économie 24/24, elle doit être équipée des bonnes compétences.
Cela implique une révolution éducative :
- promouvoir l’enseignement technique et professionnel (bâtiment, maintenance, énergie, logistique, santé, numérique) ;
- encourager les formations flexibles et en ligne, accessibles jour et nuit ;
- renforcer la coopération entre universités et entreprises pour adapter les programmes aux besoins réels du marché ;
- et soutenir l’entrepreneuriat des jeunes par des incubateurs, fablabs et programmes d’accompagnement.
Une jeunesse formée et encadrée devient une force créatrice, capable de faire vivre l’économie à toute heure — non pas sous contrainte, mais par passion et innovation.
Promouvoir l’innovation et le partenariat public-privé. L’économie 24/24 est avant tout une économie d’innovation et de synergie. L’État ne peut pas tout faire seul ; il doit s’appuyer sur le secteur privé, les universités et la société civile pour inventer des solutions adaptées au contexte congolais. Les zones économiques spéciales (ZES), les villes intelligentes et les parcs technologiques peuvent devenir des laboratoires d’expérimentation pour tester de nouveaux modèles d’organisation en continu. Les entreprises technologiques congolaises, souvent portées par des jeunes entrepreneurs, doivent être encouragées à proposer des outils numériques pour la santé, l’énergie, la logistique ou l’éducation. De même, la diaspora congolaise, riche en compétences et en capital financier, peut jouer un rôle déterminant en investissant dans des projets innovants capables d’alimenter cette dynamique 24/24.
Préserver la dimension humaine et culturelle du développement. Enfin, la réussite de ce modèle dépendra de sa capacité à rester humain et culturellement enraciné. L’économie 24 h/24 ne doit pas transformer la société congolaise en une machine sans repos. Elle doit, au contraire, permettre à chaque citoyen de mieux organiser son temps, d’améliorer ses conditions de vie, et de concilier travail, famille, spiritualité et repos. Il s’agit donc de construire une économie moderne sans perdre l’âme congolaise : celle d’un peuple joyeux, solidaire, créatif et profondément spirituel. La nuit congolaise ne doit pas seulement être éclairée par des néons, mais aussi par l’espérance, la musique et la foi, ces sources d’énergie qui font vibrer le pays depuis toujours.
En somme, la RDC dispose de tout ce qu’il faut pour réussir : les ressources naturelles, la jeunesse et la créativité. Ce qu’il lui reste à bâtir, c’est un système cohérent et résilient, où la technologie sert l’humain, où la productivité rime avec équité, et où chaque heure, de jour comme de nuit, devient une pierre posée sur le chantier du développement national.
7. Conclusion
La République Démocratique du Congo se trouve à un carrefour historique. D’un côté, un passé économique marqué par les cycles d’exploitation, les dépendances structurelles et les inégalités persistantes ; de l’autre, un avenir ouvert, où la technologie, la jeunesse et la créativité offrent des perspectives inédites. Dans ce contexte, bâtir une économie 24 h/24 ne serait pas une simple modernisation : ce serait un saut de civilisation — une manière de redéfinir le temps, le travail et le développement à la lumière des réalités congolaises. L’idée n’est pas de copier le modèle occidental des villes qui ne dorment jamais, mais d’inventer une voie congolaise de la continuité économique : une économie à visage humain, enracinée dans la solidarité, l’ingéniosité et les valeurs spirituelles. Il ne s’agit pas de travailler sans fin, mais de donner au temps toute sa valeur, en le mettant au service du progrès collectif.
Un pays qui peut transformer ses nuits en avenir. Dans bien des villes congolaises, la vie ne s’éteint jamais vraiment : les rues de Kinshasa bruissent de musique, les taxis circulent tard, les marchés vibrent encore à minuit, les jeunes développent des applications dans des cybercafés improvisés. Ce dynamisme, souvent né de la débrouillardise, est en réalité le germe d’une économie 24 h/24 authentiquement congolaise — inventive, résiliente et profondément humaine. La vraie transformation viendra lorsque ce potentiel sera structuré, sécurisé et valorisé : quand l’électricité sera stable, quand les routes seront praticables, quand la sécurité permettra de travailler sans peur, et quand le numérique reliera les villages aux grandes métropoles. Alors, la RDC ne sera plus seulement un géant minier, mais un centre de production, de services et d’innovation, capable de rayonner sur toute l’Afrique centrale.
Un modèle africain du temps productif. Plus largement, la RDC pourrait devenir un laboratoire africain du temps productif — un exemple de nation capable d’utiliser ses heures différemment, de valoriser chaque instant de la journée et de la nuit pour bâtir un futur inclusif. Cette transformation ne se mesure pas seulement en PIB ou en taux de croissance, mais en dignité retrouvée : celle d’un peuple qui, après des décennies de fragilités, choisit de se relever, de se réorganiser et de maîtriser son propre rythme. L’économie 24 h/24, dans cette vision, devient un symbole d’indépendance et de maturité : le Congo qui se met en mouvement sans attendre, le Congo qui prend le contrôle de son temps, le Congo qui transforme ses heures sombres en heures d’espérance.
Un appel à la vision et à la volonté. La réussite de cette mutation ne dépendra pas seulement des infrastructures ou des lois, mais avant tout de la volonté collective : celle des décideurs, des entrepreneurs, des travailleurs, des enseignants et des jeunes. Il faudra un État stratège, des leaders audacieux, des communautés engagées, et une jeunesse qui croit en sa capacité de changer le pays. Car, au fond, bâtir une économie 24 h/24, c’est aussi une affaire de confiance. C’est reconnaître que le Congo n’est pas condamné à subir les rythmes du monde, mais qu’il peut imposer le sien — un rythme authentique, fort, créatif et solidaire.
Ainsi, l’économie 24 h/24 n’est pas une fin en soi, mais un outil au service de la renaissance congolaise. Une économie qui tourne sans s’arrêter, mais qui ne perd jamais de vue l’essentiel : l’humain. Une économie moderne, mais profondément enracinée dans l’excellence, la fraternité et la dignité. Et peut-être qu’un jour, lorsque le monde regardera vers l’Afrique pour y trouver un modèle de croissance équilibrée et intellectuellement consciente, il verra dans la RDC un pays qui a su faire de ses nuits une lumière pour son avenir.
Dr John M. Ulimwengu

