Ce qui devait être une routine judiciaire après le braquage d’une agence Rawbank se transforme en un grave incident entre la RDC et l’Allemagne. Le mystère du braquage de la Rawbank/Victoire, dans la commune de Kasa-Vubu, s’est transformé en une véritable crise diplomatique. Alors qu’une seule suspecte, Mme Honorine Porsche, citoyenne allemande d’origine congolaise, est détenue, les allégations de « traitement inhumain » à son encontre ont fait réagir fermement l’Ambassade d’Allemagne à Kinshasa. Berlin exige le respect des droits humains, plaçant la RDC face à un test majeur de crédibilité. Simultanément, huit membres de la Police Militaire (PM) ont comparu devant la Cour militaire pour mauvais traitements présumés, soulignant la gravité de l’affaire qui dépasse désormais le simple acte criminel.
L’affaire du braquage de l’agence Rawbank/Victoire, survenu dans la commune de Kasa-Vubu, a basculé au-delà du fait divers pour prendre une tournure diplomatique des plus sérieuses. Ce qui restait un mystère autour d’un acte criminel s’est transformé en un enjeu de crédibilité pour l’État congolais, suite à l’arrestation et aux allégations de mauvais traitements infligés à une ressortissante allemande.
À ce jour, le voile sur les auteurs du braquage est loin d’être levé. Seule une personne a été officiellement appréhendée : Madame Honorine Porsche, une citoyenne allemande d’origine congolaise. Étrangement, tous les autres complices présumés se sont volatilisés dans la nature, laissant Mme Porsche comme unique inculpée dans cette affaire. Mais c’est le sort réservé à cette dernière qui a mis le feu aux poudres.
Les droits humains au cœur de la tension
Le traitement prétendument « inhumain » infligé à Honorine Porsche lors de son interpellation et de sa détention a soulevé une vague d’indignation, tant au sein de l’opinion congolaise que dans les cercles diplomatiques. L’affaire, initialement judiciaire, a ainsi dégénéré en une véritable bataille diplomatique.
Ce lundi 20 octobre, l’Ambassade de la République fédérale d’Allemagne a réagi publiquement à « l’arrestation troublante » de sa ressortissante. Le communiqué, d’une prudence de façade mais d’une fermeté sous-jacente, a d’abord pris acte de « l’émoi suscité » par cette affaire. Si Berlin a assuré apporter son «assistance consulaire » en vertu des conventions internationales, invoquant la « protection de la vie privée » pour ne pas fournir d’information supplémentaire, le ton a rapidement changé.
L’avertissement solennel de Berlin
L’Ambassade allemande a cessé toute langue de bois diplomatique pour lancer un appel direct et cinglant aux forces de sécurité congolaises. Elle a exigé le «respect des droits humains et des normes internationales » dans le traitement de sa citoyenne. Les termes choisis sont dénués d’ambiguïté : l’Allemagne a condamné «fermement leurs violations présumées », laissant entendre que les faits reprochés aux autorités congolaises sont suffisamment graves pour justifier une intervention publique de cette nature.
Par un ultime mouvement stratégique, la mission allemande a « salué » les déclarations des autorités congolaises promettant de poursuivre les «auteurs présumés de tels actes ». C’est une manière habile de renvoyer la RDC à ses propres promesses et de lui tendre un miroir sur ses engagements en matière d’État de droit. En quelques phrases mesurées, Berlin a ainsi ouvert un front diplomatique déterminé, plaçant Kinshasa sous une pression internationale significative. L’enjeu dépasse désormais le cas individuel de Mme Porsche; il concerne la crédibilité même de la RDC.
La réaction de Kinshasa : de la parole aux actes
L’onde de choc diplomatique et l’indignation populaire n’ont pas tardé à engendrer des conséquences judiciaires. Preuve que l’affaire est prise très au sérieux, huit (8) membres du bataillon de Police Militaire ayant mené l’opération à la Rawbank/Victoire ont été déférés et ont comparu lundi devant la Cour militaire de Kinshasa-Gombe.
Ces prévenus sont jugés en procédure de flagrance pour des faits de «traitements inhumains et dégradants» infligés à Mme Honorine Porsche. Le colonel-magistrat Jean-Robert Kilensele, dont les propos ont été relayés par le site d’information en ligne opinion-info.cd, a confirmé la démarche : « Nous avons pour aujourd’hui identifié huit prévenus transférés devant nous par le magistrat militaire du parquet, que nous jugeons en procédure de flagrance ».
Cette célérité de la justice militaire est en droite ligne avec les instructions données par le sommet de l’État. Vendredi dernier, en Conseil des ministres, le Président de la République, Félix Tshisekedi, avait explicitement appelé à des sanctions et à des poursuites contre les agents de l’ordre responsables de mauvais traitements sur les personnes interpellées, citant l’exemple de Mme Honorine Porsche.
L’affaire du braquage est ainsi devenue un révélateur des défis de la RDC en matière de respect des procédures et des droits fondamentaux. Les prochains jours diront si la RDC parvient à naviguer entre la rigueur de sa justice et les impératifs de la diplomatie, prouvant ainsi sa détermination à faire respecter l’État de droit sur son territoire.
Francis N.

